Après la Fintech, la Biotech,… la transformation digitale s’attaque à notre assiette. En France, pays de la gastronomie par excellence et premier producteur agricole de l’Union Européenne, elle est encore timide mais nous avons tout le potentiel pour devenir ambassadeurs de cette révolution culinaire.
La Foodtech, kezako ?
De la fourche à la fourchette, la Foodtech comprend l’ensemble de la chaîne de production et de consommation. Elle est subdivisée en 5 principales parties :
– L’Agtech correspond à l’intégration du digital et des nouvelles technologies notamment IoT appliqués à l’agriculture et à l’élevage. Concrètement, les vaches du futures auront probablement des cloches connectées ;
– La Food Science peut être traduite comme la transformation alimentaire 2.0. Les nouvelles technologies se mêlent de nos assiettes et des start-up comme Soylent nous proposent maintenant des repas en poudre aux qualités nutritives parfaites. (Attention, épicurien s’abstenir). Autre innovation à suivre : the Impossible Burger, notamment financé par Bill Gates, propose des burgers végétaux avec un résultat tel que Google a voulu racheter la start-up pour 200 millions de dollars ;
– Le e-commerce est davantage ancré dans notre quotidien et concerne par exemple la livraison de nos courses à domicile, le développement du drive ou encore les innombrables box : Kitchen trotter, La Bonne Box, La Thé Box, la Gourmet box etc. ;
– La révolution de la restauration : il y a un réel besoin d’adaptation des nouveaux restaurateurs face à une nouvelle génération hyper-connectée. Des start-ups se sont attelées à ce chantier comme Barclap qui a créé une caisse enregistreuse sur iPad et iPhone. Les clients commandent en autonomie ce qui permet de libérer plus de 30% du temps pour le serveur et de générer 10% de couverts en plus par service.
– Les nouveaux services associés tels que la livraison à domicile qui connait aujourd’hui un véritable boom malgré des problèmes de financement structurels. Ces trois dernières années, 31% des fonds levés concernaient le segment du food delivery ce qui profite à des entreprises tels que Foodora, Deliveroo mais aussi aux restaurateurs qui connaissent une augmentation de leur chiffre d’affaires de 15 à 30%.
La Foodtech a évidemment des incidences dans la grande distribution. Les nouveaux usages permis par le digital ne sont pas négligeables. A titre d’exemple, 10,7 % des français utilisent les plateformes de Drive pour faire leurs courses. cela représente plus de 12% du chiffre d’affaires de Auchan. Une aubaine quand on sait que ces nouvelles infrastructures sont très peu coûteuses et permettent une optimisation de la distribution.
Cependant, le miracle de la Foodtech ne se trouve pas chez les grands mastodontes mais plutôt dans le développement vif et enthousiaste d’une myriade de start-ups prêtes à relever le défi de mieux produire, consommer et vendre via les nouveaux canaux digitaux et technologiques. En 3 ans, ce sont près de 38 milliards de dollars qui ont été investis dans ces jeunes pousses qui ont pour ambition de révolutionner notre assiette.
Une tendance globale se dégage. D’une part les start-ups qui résistent au temps sont celles qui ne font pas de sacrifices sur la qualité et la provenance des produits qu’elles vendent et d’autre part, le développement d’une économie collaborative privilégiant les circuits-courts et l’origine des produits… Ce double mécanisme remet l’agriculteur et le consommateur au centre du débat et leur donne un nouveau pouvoir.
FoodTech: le digital redonne le pouvoir aux consommateurs
La démocratisation des smartphones et le développement d’applications à faible coût ou gratuites permet aux consommateurs d’avoir accès à une quantité de données exponentielle. L’enjeux ? Les rendre intelligibles et utiles. L’accessibilité de l’information nous permet de choisir nos produits en fonction de leur qualité – Exemple : Wineadvisor, le « Shazam » du vin permet de scanner l’étiquette d’une bouteille pour avoir toutes les informations et une notation sur le vin – mais aussi en fonction de leur impact global – , l’application Noteo permet en scannant le code barre d’un produit d’obtenir une note basée sur des critères de santé, environnement, social et son coût.
Ces start-ups naissent du manque de confiance grandissant des consommateurs face aux circuits traditionnels. Illustration de cette culture du doute, la jeune pousse russe Lapka développe des capteurs à brancher sur un téléphone qui permettent s’assurer qu’un légume avec une étiquette bio l’est vraiment.
Parallèlement au développement des applications et des objets connectés, le digital permet un essor de l’économie collaborative notamment incarné par le réseau la Ruche qui Dit Oui, un modèle disruptif, qui a fait le pari d’instaurer à nouveau du lien entre les agriculteurs et les consommateurs sans intermédiaire. L’émergence d’une volonté de mieux consommer (Bio, local, qualité…) permet de replacer l’agriculteur au centre du débat. Alors qu’en vendant ses produits à un supermarché celui-ci ne touche que 50%, La Ruche qui Dit Oui reverse près de 80% du chiffre d’affaires directement au producteur : une inversion totale de notre système traditionnel permise par les nouvelles technologies.
Ageekculteurs: la nouvelle génération d’agriculteurs 2.0
Les agriculteurs eux également se digitalisent et deviennent des « ageekculteurs » : ils sont de plus en plus nombreux à s’équiper de drones ou de machines agricoles connectées.
La surveillance des champs par les drones s’est considérablement développée, en particulier aux Etats-Unis où une législation claire existe sur ce sujet, même si cette dernière reste timide en France . Ces drones peuvent être acquis pour moins de 1000 USD et sont équipés de multiples capteurs : ils mesurent entre autres la température, l’humidité, l’irrigation et leur caméra peuvent détecter les maladies, le tout en auto-pilote. Cette nouvelle technique de monitoring permet une surveillance étroite des cultures et l’optimisation de l’utilisation de l’eau et des pesticides : un gain de temps pour les agriculteurs avec une portée économique et écologique.
L’IoT trouve également sa place dans l’outillage agricole : les tracteurs se conduisent maintenant seuls grâce à des balises GPS et à un système intégré d’anticollision. Des wearables élargissent leurs champs applicatifs à l’agriculture avec des lunettes connectées qui permettent aux agriculteurs d’évaluer la progression de maladies dans leurs cultures, de prendre des photographies et de transmettre toutes ces données vers une application de traitement capable de faire des projections et de créer des alertes.
L’Agtech, premier maillon de notre alimentation, est en passe de se transformer radicalement ce qui aura sans nul doute un impact sur toute la chaîne de la Foodtech. A suivre…
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