Imaginez une seconde pouvoir utiliser votre montre pour passer les portiques du bâtiment dans lequel vous travaillez, puis entrer dans une salle à accès restreint. À l’heure du déjeuner, vous l’utilisez pour payer votre repas dans le restaurant d’entreprise. Une borne vous permet de recharger votre compte en passant cette montre devant un lecteur.
Voici quelques-unes des nombreuses applications que l’on peut imaginer grâce aux objets connectés alliés aux technologies sans contact. L’éventail des possibilités est très large, et on peut les retrouver dans de nombreux secteurs d’activités tels que l’assurance, l’énergie, la santé, etc.
Aujourd’hui, on recense environ 11 milliards d’objets connectés à travers le monde. Un marché conséquent, mais qui n’a pas encore explosé : 23% des français possèdent un objet connecté, d’après l’étude ifop « observatoire des objets connectés » avec en première position une station météo connectée, en deuxième un compteur intelligent (eau, électricité, ou gaz) et en troisième un bracelet connecté.
Mais alors, qu’est ce qui a fait passer le cap aux 23% des français ?
Pour tenter de répondre à cette question, nous allons prendre pour exemple trois objets connectés : une balance (Withings), un thermostat (Nest), et une station météo (Netatmo). Ils sont représentatifs du paysage des objets connectés à destination du grand public car ils s’inscrivent dans de grandes thématiques : le quantified self et le smarthome (les définitions sont explicitées plus loin dans cet article).
Une dimension supplémentaire dans les usages
Ces trois objets fonctionnent tous par le biais d’une application qui décuple les fonctionnalités de base, ce qui tient essentiellement du fait que l’application les rend accessibles n’importe où, n’importe quand, et sur n’importe quel appareil; concept appelé « ATAWAD« , pour Any Time, Any Where, Any Device.
Pour la balance Withings par exemple, l’application permet de visualiser l’évolution des données mesurées (poids, IMC, ou même rythme cardiaque par exemple) au cours du temps, ce qui constitue une valeur ajoutée par rapport à une balance classique.
Le thermostat Nest ne se contente pas seulement de rendre plus accessible le contrôle de la température que l’on souhaite avoir chez soi, mais intègre également une dimension d’économie d’énergie : il permet de contrôler la température à distance mais il peut aussi adapter la température de l’habitat intelligemment en fonction des habitudes des habitants, de l’isolation et de la présence ou non de ceux-ci à leur domicile. De plus, l’historique énergétique permet aux utilisateurs de prendre conscience de leur consommation et donc de l’adapter plus finement.
La station météo Netatmo, quant à elle, permet à l’utilisateur de visualiser de nombreux paramètres à travers l’application, ce qui augmente considérablement le degré d’accessibilité par rapport à une station météo classique. De plus, elle se différencie des autres stations météo connectées grâce à la mesure de paramètres autres que météorologiques, comme la mesure de la qualité de l’air environnant, ou même du bruit.
La simplicité comme maître mot
En plus d’apporter à l’utilisateur un service ATAWAD, ces objets sont simples sur plusieurs plans : tout d’abord dans leur utilisation. Avec des applications qui présentent des interfaces qui se veulent toujours plus intuitives et des graphiques qui jouent beaucoup sur l’aspect visuel avec des couleurs explicites, l’application exclut toute information superflue, pour le plus grand confort du consommateur.
L’installation d’un tel objet est également simplifiée au maximum, assimilable au « plug-and-play » : une fois l’application téléchargée sur son smartphone, il suffit de créer et de configurer un compte, puis l’objet est prêt à être utilisé. L’objet se connecte facilement, via WiFi ou Bluetooth, aux réseaux domestiques. À noter l’exception du thermomètre, qui nécessite l’installation d’un boitier sur la chaudière. Mais pour cette étape moins triviale, Nest ne laisse pas l’utilisateur seul dans cette potentielle difficulté mais lui fournit une liste de sociétés partenaires spécialisées afin d’assister l’utilisateur de bout en bout (même pas besoin de lancer une recherche sur Google !).
Cette simplicité est également mise en avant sur leur site web : l’accent est mis sur l’aspect visuel. Les trois sites sont construits de la même manière : la première page invite à visionner une vidéo de présentation afin de comprendre le concept du produit, puis les suivantes sont consacrées aux fonctionnalités de l’objet. La surcharge d’information est formellement bannie : une page complète est consacrée à chaque fonction, le texte est raccourci à l’extrême et de grandes illustrations mettent en situation des utilisateurs qui interagissent avec l’objet au design épuré.
Un objet résolument tendance
Le « quantified self » consiste à mesurer des données relatives à sa santé (voir l’article « objets connectés et santé, quel diagnostic ?« ) – pouls, calories brulées, poids, nombre de pas, d’étages gravis, temps de sommeil, etc. – afin d’adapter son mode de vie. La balance Withings s’inscrit dans cette tendance, qui est alimentée par l’attrait grandissant des français pour améliorer leur hygiène de vie de manière divertissante : les objets connectés surfent ainsi sur la vague de la gamification et des gains virtuels rattachés : les données recueillies par les objets se traduisent en scores qui peuvent être comparés, voire en récompenses quand les objectifs sont atteints. Le mécanisme de jeu est ainsi transféré dans le domaine de la santé. L’attrait pour le quantified self est également motivé par l’idée qu’un jour les objets connectés pourront apporter des bénéfices immenses dans le domaine de la santé, en supposant bien entendu qu’on ait résolu les questions de fiabilité du diagnostic, d’adoption par les différents acteurs (corps médical, patients), de sécurité et de gouvernance des données d’ici là.
Les deux autres objets (thermostat et station météo) traduisent la tendance du « smart home », et des économies d’énergies, tendance motivée par la volonté des foyers de faire baisser leur facture énergétique. Le sujet est particulièrement d’actualité avec l’ouverture le 30 novembre prochain à Paris de la COP21 – Conférence des Nations unies sur les changements climatiques.
Un environnement connecté : écosystème d’objets
Le but premier des objets connectés est de permettre à plusieurs objets d’agir ensemble intelligemment et ainsi d’apporter une valeur ajoutée supplémentaire à l’utilisateur.
Le thermostat Nest peut interagir avec les autres objets de la marque, ainsi qu’avec une trentaine d’autres produits. Imaginons par exemple qu’un incendie se déclenche dans la maison. Le détecteur de fumée va alors pouvoir prévenir le thermostat du danger et couper le chauffage automatiquement afin d’éviter que la situation s’aggrave.
En restant dans le cadre de nos trois exemples, les objets sont capables d’interagir selon deux modèles distincts :
- Soit via l’utilisation d’une box domotique, qui centralise les informations provenant des différents objets, avec une application ou une interface web qui pilote le tout,
- Soit via la compatibilité entre les applications relatives à chaque produit. Cela pouvant se faire en natif ou via des agrégateurs tiers comme l’application IFTTT (If This Then That) qui permet de créer des règles d’interactions entre objets connectés, ce dernier modèle se heurtant à une prise en main complexe malgré des modèles d’interaction prédéfinis.
Ces disparités de modèles d’interaction des objets connectés mettent en lumière le besoin d’un langage commun entre ceux-ci, ne nécessitant pas d’applications tierces pour fonctionner. C’est exactement ce qu’essaye de faire Google avec ses projets Brillo et surtout Weave (voir la conférence de présentation au Google I/O 2015), mais aussi Samsung avec Tizen ou encore Huawei avec LiteOS : rendre accessible la communication entre tous les objets. C’est via ce type de langage commun que demain, lorsqu’un orage violent s’approchera, les fenêtres et les stores de notre domicile pourront se fermer automatiquement par anticipation.
Finalement, si les objets connectés ont un tel succès, c’est d’une part parce qu’ils décuplent les usages des objets classiques, mais aussi parce qu’ils sont simples d’utilisation, tendances, et interconnectés (même si des progrès restent à faire de ce côté-là).
Des progrès sont également attendus en ce qui concerne l’utilisation et la sécurisation des données, deux chantiers qui constituent actuellement les principaux freins à l’explosion de ce marché.
A priori, les objets connectés, vu qu’il s’agit d’une activité économique naissante, font le bonheur des secteurs marketing. Ils commencent à intégrer le quotidien de tout un chacun. Mais, il faut voir au-delà de cet horizon, surtout en ce qui concerne la sécurité informatique, donc des données.