L’écrit avec Twitter, les photos avec Instagram, les vidéos avec Vine et désormais la voix avec Bobler ! Partant du constat que la radio est un des seuls médias traditionnels à ne pas avoir été réinventé par le numérique, l’équipe de Bobler lance en France en 2013 le premier réseau social vocal. En quoi l’utilisation de la voix est-elle pertinente pour un nouveau média social ? Le service proposé par la start-up française est-il à même de s’imposer dans les différents pays du monde ?
Une ambition : mettre la voix au centre des échanges sur les réseaux sociaux
Bobler propose à ses utilisateurs d’échanger via des « Bulles », de courts messages audio ne dépassant pas 36 secondes. Après une première inscription et la mise en place de son profil, depuis l’interface web ou les applications smartphones (Android, iOS), l’utilisateur peut enregistrer puis publier ses Bulles.
S’inscrivant dans un fonctionnement de type microblog, les Bulles peuvent être publiées sur un fil public (« On Air ») pour être visibles par l’ensemble des utilisateurs du réseau social. Elles peuvent également être publiées sur un fil privé (« Discussions ») pour être visibles par un groupe d’utilisateurs. Chaque personne peut suivre ou être suivie par un ensemble d’utilisateurs, répondre vocalement à une Bulle ou encore ajouter une Bulle en favori. L’utilisateur reste prévenu d’un nouveau « like » sur une de ses Bulles ou d’un nouvel abonné par un système classique de notifications (push ou mail). L’application est interconnectée à d’autres réseaux sociaux. Ainsi, chaque Bulle peut être partagée sur Twitter ou Facebook. Quelques exemples figurent sur le compte Twitter officiel de Bobler @boblertweets.
Les fonctionnalités On Air et Explorer – Bobler
C’est d’abord parce que la voix est un des moyens les plus naturels de communication que Bobler a décidé de lui donner une place centrale et sociale. La voix est aussi rattachée aux émotions : celles que l’interlocuteur associe à son contenu et qui lui permettent de créer un lien fort avec son auditoire. Au-delà des émotions liées au contenu, un auditeur peut s’attacher à une « personnalité audio » régulièrement écoutée. Ainsi, en radio, certains animateurs sont « suivis par leur public » lorsqu’ils passent dans les studios d’une autre radio. La voix est aussi adaptée aux situations de mobilité : Sony l’a bien compris dès la fin des années 70 en produisant son célèbre walkman.
Certaines applications de messagerie instantanée, comme Facebook Messenger ou Whatsapp, avaient déjà mis en place à partir de 2013 un système d’échange de messages audio au sein de conversations d’abord textuelles. Aucune de ces applications n’avait cependant pris le parti de mettre la voix au centre de leur service.
Bobler sera-t-elle à même de convaincre les utilisateurs mondiaux ?
Pour son lancement en France, Bobler opte pour un positionnement culturel, journalistique et politique. On y retrouve ainsi par exemple le Musée du Louvre, France Inter ou encore Jacques Attali. Adapté au marché français, Bobler mise alors sur des contenus courts et de qualité à la fois audio et sur le fond. Pour lancer son application aux États-Unis en novembre dernier, la start-up a choisi un positionnement plus orienté entertainment. Confortée par sa participation à South by South West 2014, un événement américain reconnu pour les industries dans le secteur de l’innovation digitale, cette stratégie devrait permettre à Bobler de répondre aux attentes locales.
Le profil du Musée du Louvre – Bobler
Bobler n’est cependant pas la seule start-up à avoir misé sur la voix comme socle d’un nouvel usage social. C’est le cas notamment de Bubbly, une application (Android, iOS) développée à Singapour. Adressant smartphones et feature phones, le réseau social aurait 40 millions d’utilisateurs. Il se différencie en permettant d’intégrer à ses « bubbles » des stickers (très populaires en Asie) ou encore d’y ajouter des effets, des filtres audios ou une musique de fond. Bubbly a choisi de donner la possibilité à ses utilisateurs d’enregistrer des contenus audio plus longs (90 secondes).
Les écrans Home, Discover, Post – Bubbly (Source : Google Play)
Pour s’imposer, Bobler fait donc face à plusieurs défis. Le premier est l’émergence de plusieurs acteurs avec, parfois, un ancrage déjà solide sur certains marchés et une maturité fonctionnelle plus avancée. Le deuxième est de faire adhérer le public à ce nouveau réseau social : en 36 secondes, que dire et en quoi un contenu peut-il être « audible » ? Comment (re)trouver un contenu intéressant parmi l’ensemble des bulles disponibles? Quelle place donner à ce réseau parmi Twitter ou encore Vine ? Quelle gestion des données personnelles ? Et enfin, un dernier défi serait probablement celui de la monétisation qui permet à toute start-up de s’ancrer de manière pérenne dans le paysage digital.