En janvier 2014, Fleur Pellerin, alors ministre déléguée aux TPE PME lance officiellement l’initiative Métropole French Tech, une démarche qui s’inscrit dans la continuité de l’ambition French Tech, visant à « positionner la France sur la carte du monde des grandes nations du numérique ».
L’objectif affiché de ce nouveau volet : favoriser l’émergence de villes dans lesquelles le développement des startups du numérique est encouragé et permettre, à terme, de concurrencer directement les places fortes de l’innovation mondiale. Près d’un an plus tard, retour sur cette initiative.
A quoi correspond l’appellation?
L’obtention du label « métropole French Tech » permettra à un territoire d’améliorer son attractivité (image dynamique, création d’emplois, plus forte concentration d’acteurs, valorisation à l’international) en attirant les entreprises innovantes. Cette labellisation, une fois obtenue, sera valable trois ans. Pour prétendre au titre, il est nécessaire de répondre au cahier des charges émis conjointement par le ministère du redressement productif et le ministère délégué chargé des TPE et des PME de l’innovation. Ces critères permettent de qualifier l’attractivité d’un territoire selon deux grands axes :
- Proposer un écosystème de startups numériques parmi les plus remarquables en France
- Être en mesure de présenter une stratégie de projet ambitieuse, mobilisatrice et fédératrice de croissance pour l’écosystème de startups du territoire
La décision dépend donc à la fois de ce qui est déjà en place pour favoriser l’entrepreneuriat et le développement de l’activité digitale, mais également de ce qui est prévu à moyen terme pour maintenir (et améliorer) cette attractivité : une vision à dix ans est notamment demandée. Un très large panel de critères sont donc pris en compte tels que la culture entrepreneuriale, la valorisation des talents, la maîtrise technologique, la capacité à mobiliser un financement,…
Tout au long de l’année 2014, les grandes métropoles françaises ont été incitées à communiquer publiquement sur leurs atouts et à faire parvenir un dossier de candidature. L’identification des principaux épicentres de l’innovation en France doit permettre de créer un réseau de entrepreneuriat au niveau national. Au programme : des réunions de coordination mensuelle, des échanges thématiques, le rapprochement des grands groupes de l’IT et des réseaux d’entrepreneurs, les « jeudigital », le tout afin de favoriser la croissance sur les secteurs d’activité les plus porteurs. Restait donc à savoir qui parviendrait à intégrer ce cercle restreint.
Les heureuses élues
En dehors de Paris, qualifiée d’office, pas moins de seize villes (quinze candidatures) avaient postulé pour l’obtention du label. La liste des métropoles l’ayant reçu a finalement été communiquée début novembre. Parmi les heureuses élues se trouvent ainsi Lyon, Nantes, Rennes, Lille, Grenoble, Bordeaux, Toulouse, Montpellier ainsi que le bassin d’activité Aix-Marseille.
Une première liste qui permettra d’affiner la stratégie nationale, d’identifier les grands projets à mettre en place et de répartir les 200 millions d’euros prévus pour soutenir cette initiative. Ce budget, appuyé sur un fond d’investissement géré par BpiFrance, permettra de soutenir les initiatives locales via des accélérateurs de start-ups privés.
L’objectif affirmé est donc d’optimiser les écosystèmes les plus prometteurs afin que les nouvelles idées puissent s’y développer plus facilement. Cette volonté s’illustre très bien à travers le projet Nantais de développer un quartier de la création (autour des actuelles halles Alstom) afin de rassembler pas moins de 10 000 acteurs en tout genre du numérique (startups, professions créatives, centres de formation et pôles de recherche).
L’initiative a d’ores et déjà permis aux principales grandes villes françaises (qu’elles soient retenues ou non) d’évaluer objectivement leurs atouts et mettre en lumière les initiatives locales. Montpellier a ainsi pu communiquer activement sur la richesse de son écosystème en présentant 60 années d’initiatives menées afin de favoriser l’entrepreneuriat : mise en avant du Business Innovation Center (le plus vieil incubateur de France), organisation de l’encadrement autour de trois principaux clusters (pour l’encadrement de l’activité en lien avec les domaines du numérique, de l’image et de la diffusion de contenus grand public connectés), création de lieux de co-working et d’échanges partiellement sponsorisés par de grandes entreprises telles qu’IBM.
Une communication importante puisqu’elle permet de mieux valoriser l’attractivité de ces métropoles et de se faire connaître à la fois par les grands acteurs du marché et par les investisseurs. Cette promotion est également relayée à l’international puisque le gouvernement prévoit un budget dédié de 15 millions d’euros à la communication autour du label.
La démarche reflète donc bien la volonté des acteurs publics et privés de travailler conjointement et de favoriser l’émergence de futurs « Google français« . Un projet d’envergure donc, destiné à favoriser le foisonnement entrepreneurial et le rayonnement de la France en tant que terre d’innovation et de progrès digital. Nos métropoles seront-elles capables de concurrencer la Silicon Valley ou Israël, la « startup nation » (dont pas moins de 69 entreprises sont côtées au Nasdaq)? L’avenir dira si cette prometteuse ambition portera ses fruits.