Le 5 février dernier, en pleine grogne des taxis français contre la concurrence des VTC, la société américaine Uber lancait à Paris son service le plus récent, Uber Pop qui permet à tout un chacun d’arrondir ses fins de mois en s’improvisant chauffeur de taxi.
Un succès du premier jour…
Créé en 2009, cette société, pur produit de l’économie collaborative, est tout droit sorti de la tête de 3 jeunes californiens. Lors d’un passage à Paris, ils ont repéré le potentiel d’un tel service dans la capitale française qui fait face, depuis plusieurs années, à une pénurie de taxis.
Dès sa naissance, Uber connait un fort succès qui propulse la compagnie très rapidement au rang de leader du marché mondial des VTC. Fort de cette impressionnante croissance, le succès d’Uber s’est vu sécurisé par un très important investissement de Google à l’été 2013 (148 millions d’euros). La compagnie est aujourd’hui présente dans plus de 60 villes dans le monde avec une offre large composée de plusieurs services (UberPop, UberX, Black Car, etc.).
Son application mobile a été, dès les premier jours, l’un des piliers autour desquels s’est construit l’image publique de la compagnie. Cette application permet aux conducteurs de géolocaliser les voitures aux alentours afin d’en commander une et de suivre son approche.
… qui ne plait pas à tous
Le succès d’Uber a fait le bonheur des investisseurs et des clients, mais pas celui des concurrents comme Lyft, Le Cab ou Drive. De plus, outre les autres compagnies qui se sont lancées sur le même créneau, les opposants les plus virulents à la compagnie californienne sont naturellement les taxis.
En France, les représentants des taxis luttent fortement contre le développement des VTC avec Uber en première ligne. Les bien connues opérations escargot à répétition ne sont pas la seule arme des taxis. Selon certains, ceux-ci utiliseraient des méthodes de lobbyistes auprès des autorités afin d’empêcher le développement d’un marché concurrent. Alors que leurs principaux arguments tournent autour de la concurrence déloyale des VTC (du fait du coût important de la licence de taxi à laquelle ne sont pas soumis les VTC) d’autres arguments comme la sécurité des passagers (notamment avec le service Uber Pop) ou les tarifs trop élevés font partie de la campagne anti-Uber organisée par les taxis.
Les taxis allemands sont, de leur coté, les plus avancés en Europe dans leur bataille contre la compagnie de VTC. Un tribunal de Francfort a interdit en septembre dernier à la compagnie américaine d’exercer ses activités sur le territoire allemand. Cette cour de justice estime dans son jugement que les chauffeurs de la société ne disposent pas des autorisations nécessaires pour exercer leur métier en Allemagne. Depuis ce jugement, d’autres pays ont mené la vie dure à Uber : la Corée-du-Sud a indiqué qu’elle souhaitait interdire la société sur son territoire et un tribunal de Virginie aux Etats-Unis, dans le pays même où est née la société, a condamné Uber à payer une amende de 26 000 dollars pour concurrence déloyale.
La guerre est déclarée en France
Le 18 septembre dernier, le parlement français a voté une loi qui interdit aux VTC d’être géolocalisés par leurs clients (contrairement aux taxis) et leur impose de disposer d’une capacité financière de 1500 euros par voiture (comme pour les taxis). Par contre, ils échappent à l’amendement qui proposait de les faire retourner à leur base entre chaque course.
Aux États-Unis, cette loi qualifiée d’anti-Uber par la presse Américaine, fait un tollé dans le milieu. Les taxis annoncent eux déjà que ce jugement est un premier pas qui n’est pas suffisant à leurs yeux.
Thibaud Simphal, directeur général d’Uber France a réagi à l’annonce de l’adoption de la loi en déclarant qu’elle « ne permet pas d’établir un cadre satisfaisant pour le secteur du transport léger de personne. [… Elle a pour] but principal de protéger les taxis et leurs centrales de réservation au détriment des consommateurs et de l’économie en général. […] Dans un pays où le chômage est endémique, le secteur [des VTC] pourrait d’après un rapport parlementaire créer 70 000 emplois, favoriser la mobilité et l’environnement, et renforcer l’attractivité et la compétitivité de Paris et de toute la France [… Uber] utilisera toutes les voies de recours disponibles ».
L’appli ne plaît pas beaucoup en France mais dans d’autres pays du monde. Elle n’est pas interdite que chez nous. Quand on dit qu’on arrête pas le progrès ! 😉