Honeywell, acteur historique de la domotique et du thermostat en particulier, lance cet été son propre thermostat intelligent. Doté de nombreuses options, il semble avoir toutes les cartes en main pour concurrencer Nest.
Honeywell, créée en 1885, s’est d’abord développée dans l’industrie du chauffage avant d’intervenir dans l’aérospatial, la défense et l’automatisation du bâtiment. Nest est quant à elle une entreprise spécialisée dans la domotique, dont l’un des fondateurs est Tony Fadell, un ancien de chez Apple. Nous vous l’avions décrite lors de la sortie de son thermostat innovant, puis de son rachat par Google en janvier dernier. Ces deux entreprises ont un antécédent, puisqu’elles avaient connu une passe d’armes en 2012, Honeywell accusant Nest de violation de brevet.
De vraies fonctionnalités « intelligentes »
Lyric, le nouveau thermostat de Honeywell, présente en grande partie les mêmes caractéristiques que Nest, dont une application smartphone qui fonctionne en tandem avec l’appareil et est dotée d’un mode d’emploi pour en faciliter l’installation.
D’autres fonctionnalités sont plus innovantes :
- La fonction FineTune, qui permet au thermostat d’adapter la température de la maison aux conditions météorologiques.
- Et surtout, le thermostat est capable d’adapter la température du logement en fonction de l’éloignement de ses propriétaires. Par exemple, en-dessous de 3km de distance, Lyric augmentera un peu le chauffage et au-dessus de 11km, le réduira fortement pour vous faire faire des économies. Ce système de « geofencing » apparaît comme la différence la plus nette avec Nest, bien qu’en réalité certains utilisateurs de Nest aient réussi à programmer leur thermostat pour cette fonction.
Mais de réelles limites
Tout d’abord la majorité des fonctions de Lyric étaient déjà présentes dans le « learning thermostat » de Nest, de 30 dollars moins cher. Ensuite, la question de la motivation des clients pour ce type d’appareil reste en suspens : prendront-ils la peine de raccorder un thermostat intelligent à leur chaudière ? Y mettront-ils le prix ? Il faut compter 250 à 280 dollars pour un thermostat intelligent contre 40 à 100 dollars pour un traditionnel. Enfin, à la vue des avis des utilisateurs du thermostat Nest qui est déjà en vente, tous ne semblent pas satisfaits : « un gadget frustrant que je n’aurais pas dû acheter », « pire qu’un thermostat tactile normal »…
Finalement, Lyric ne présente pas énormément de fonctions nouvelles par rapport à Nest. Sa plus grande force consiste probablement en sa réputation historique de fabricant de thermostat.
Derrière les thermostats, un combat pour la maison connectée
Honeywell et Nest placent leurs cartes dans le marché très prometteur des objets connectés.
Le thermostat de Honeywell s’inscrit dans une stratégie de développement de produits intelligents ; l’entreprise a l’intention d’étendre Lyric pour en faire une véritable plateforme de domotique. Dans cette optique, Honeywell développe également Evohome, qui régule la température du domicile selon plusieurs zones. Le programme peut être contrôlé par smartphone.
De son côté, Nest révèle des ambitions semblables, comme le montre le rachat de DropCam, une société de vidéosurveillance connectée par smartphone. L’entreprise a également signé un certain nombre de partenariats avec des sociétés comme Mercedes, Whirlpool ou Logitech, grâce à l’ouverture de sa plate-forme à des développeurs tiers.
La rivalité entre Honeywell et Nest en révèle une autre, entre Apple et Google cette fois, par le biais de leurs différents partenariats. Honeywell travaille avec Apple pour la construction de HomeKit, un support qui agira comme « hub » pour toutes les applications de domotique, présenté début juin lors de la WWDC. De son côté, Google développe Works With Nest, dans la même optique.
Pour ces entreprises, il s’agit de se placer comme un acteur incontournable de la domotique. D’ici 2017, le marché mondial de la maison connectée pourrait atteindre 125 milliards de dollars, dont 44 milliards d’ici 2016 pour l’automatisation et la gestion de l’énergie. À long terme, cela pourrait être une porte d’entrée vers l’Internet of Everything, un marché particulièrement porteur qui est évalué par Cisco à 14,4 trillions de dollars d’ici 2020. La bataille de la maison connectée a bel et bien débuté.