La souveraineté nationale a le vent en poupe et la souveraineté numérique en est une composante évoquée de plus en plus fréquemment. Le fondateur de Skyblog et patron du groupe Skyrock, Pierre Bellanger, milite depuis plusieurs années pour la création d’un système d’exploitation (OS) produit en France, de préférence ouvert et sous licence libre.
L’idée ne semble pas absurde : en 2010, plusieurs grands opérateurs européens (Vodafone, Telefonica, Deutsche Telekom et Orange) avaient évoqué la création d’un OS mobile commun. Plus récemment, le gouvernement chinois annonçait la mise en place d’un consortium dédié au développement d’un OS national, enrôlant le support de l’équipe Canonical, éditrice d’Ubuntu et Ubuntu Touch.
Le 26 mai, le ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg, déclarait également son souhait de voir apparaître un système d’exploitation national, Made in France.
Un marché en permanente ébullition
Les systèmes d’exploitation mobiles, généralement fournis gratuitement, intègrent souvent un magasin d’applications. La vente de ces applications est commissionnée, à hauteur de 30% pour l’Android de Google et l’iOS d’Apple. Cette manne attire naturellement les convoitises.
Attention, cependant, à ne pas s’y méprendre : le marché des systèmes d’exploitation mobiles est un terrain mouvant, dominé par des acteurs puissants. Par exemple, Google lance actuellement son programme Android Silver, qui vise à reprendre le contrôle d’Android en labellisant les fabricants bons élèves, qui proposent des terminaux peu modifiés. En face, Microsoft débourse 6 milliards d’euros pour racheter à Nokia sa division Windows Phone, principal débouché de l’OS.
Un défi aux retombées incertaines
Sans aucun doute, les systèmes d’exploitation mobiles ont un avenir radieux devant eux, avec l’arrivée des objets connectés et la progression des applications web. Le développement récent de nouveaux acteurs, Tizen, Firefox OS et Ubuntu Touch, confortent cette analyse.
Cependant, même si la communauté française du Libre est reconnue dans le monde entier pour certains logiciels tels que VLC, les perspectives pour un éventuel OS français ou européen restent floues : le projet des géants des télécoms n’a plus fait parler de lui depuis 2010. De plus, n’oublions pas que la direction évoquée à l’époque était plutôt de partir d’une base Android et de remplacer le « Play Store » de Google par un magasin applicatif propre.
Créer un véritable système d’exploitation français, ou même européen, serait donc un défi d’une ampleur considérable, dont les retombées potentielles ne sont pas encore clairement identifiées.