SFR et Bouygues Telecom ont annoncé qu’ils souhaitent mutualiser leurs réseaux mobiles. Une première en France, alors qu’il y a plusieurs cas similaires en Europe (par exemple : alliance de Vodafone et Telefonica en Grande-Bretagne). L’ARCEP est d’accord sur le principe et étudiera ce partenariat dès lors que ses modalités seront précisément définies. Dans l’attente, quelques questions se posent :
- Quelles sont les intérêts de ce partenariat entre les deux opérateurs ?
- Sur quel périmètre géographique sera-t-il applicable ?
- Comment réagiront les autres opérateurs, en particulier Free et Orange ?
Intérêts du partenariat
- Pour les opérateurs SFR et Bouygues Telecom :
Un partenariat entre les deux opérateurs pourrait être vu comme une riposte aux prix cassés proposés par Free. L’arrivée de Free sur le marché a nettement diminué les gains financiers des deux opérateurs. Ces derniers sont donc contraints à réduire leurs coûts d’investissement et de maintenance des réseaux mobiles, surtout ceux liés au déploiement de la 4G.
La mutualisation des réseaux mobiles de SFR et Bouygues Telecom leur permettra ainsi de limiter ces coûts et en parallèle offrir une meilleure qualité de service à leurs abonnés (avec des prix plus intéressants) et accélérer le déploiement de la 4G.
- Pour les abonnés :
Les couvertures géographiques des deux opérateurs seront complémentaires. Par exemple, les abonnés SFR pourront bénéficier de la couverture réseau de Bouygues Telecom dans des zones où le réseau SFR est moins présent, et vice versa.
Périmètre géographique du partenariat
Le partenariat entre les deux opérateurs concernera a priori les zones non denses uniquement. SFR et Bouygues Telecom réduiront ainsi leurs coûts d’investissement dans les zones à faible densité de population où peu d’abonnés mobiles exploitent les communications sans fil.
En ce qui concerne les zones denses, l’Autorité de la concurrence souhaite que SFR et Bouygues Telecom puissent se différencier par leurs qualités de réseau pour maintenir la concurrence entre les deux opérateurs.
A noter que la mutualisation des réseaux portera uniquement sur les installations physiques et non sur les fréquences. Si l’accord entre les deux opérateurs portait également sur les fréquences, SFR s’en réjouirait pour son déploiement 4G en exploitant les fréquences 1800 Mhz actuellement 2G (l’ARCEP ayant autorisé Bouygues Telecom à les convertir en 4G). La concurrence entre les deux opérateurs ne serait donc pas tout à fait équitable.
Qu’en est-il pour Free et Orange ?
La décision de partenariat entre SFR et Bouygues fera probablement réagir ses confrères, et en particulier Free. Actuellement, le nouvel opérateur déploie son propre réseau 3G et 4G pour se détacher à terme des frais d’itinérance facturés par Orange.
Si la réussite du partenariat entre SFR et Bouygues Télécom se confirme, cela encouragerait peut-être Free à collaborer plus étroitement avec Orange pour avoir à leur tour un réseau commun.
Cela enclencherait l’émergence d’un marché unique des télécoms avec une rationalisation du nombre d’opérateurs mobiles en France dans un premier temps puis en Europe, comme souhaité par la commissaire européenne Neelie Kroes. Affaire à suivre …