Le 29 novembre 2011 marquait en France l’arrêt de la diffusion de la télévision analogique et le passage la TNT (Télévision Numérique Terrestre). L’ensemble des fréquences alors libérées lors de cette opération, appelé « dividende numérique« , englobe entre autres la bande des 800 Hz particulièrement reconnue pour ses qualités élevées en matière de propagation et de pénétration dans les bâtiments.
Lors de l’affectation en 2011 des fréquences 4G aux différents opérateurs mobiles français, l’ARCEP a décidé d’utiliser des bandes issues du dividende numérique, et proposa notamment la fameuse bande des 800 MHz, répartie comme ci-dessous :
Cependant une alerte avait été remontée à l’époque de la part des professionnels de l’audiovisuel : la TNT utilisant la bande de fréquences des 790 MHz, le risque d’interférences avec les ondes 4G n’est pas négligeable. À cette époque Eric Besson, ministre de l’Économie, avait considéré le problème comme « marginal », en évaluant le risque « à moins de 2% des foyers« . Mais, après avoir dans un premier temps envisagé de prendre à sa charge les coûts engendrés par les interférences, l’État a finalement révisé ses propos pour figer le texte suivant : » En cas de brouillage, les opérateurs prennent les mesures nécessaires permettant de rétablir la réception des services de télévision par tout moyen approprié. […] Ces nouvelles charges seront réparties entre les opérateurs, en fonction du brouillage qu’ils occasionnent. »
Depuis quelques mois déjà les opérateurs commencent à déployer la 4G dans les grandes villes françaises (à travers l’installation d’antennes adaptées) et plusieurs cas d’interférences ont déjà été observés. Sur environ 300 antennes 4G déjà en fonctionnement en France dans la bande des 800 MHz (sur approximativement 600 prévues), environ 1500 cas d’interférences ont été relevés, traduits par un écran noir sur la télévision des foyers touchés. C’est la ville de Saint-Étienne détient le record de brouillage, avec 470 cas relevés pour seulement 70 antennes 4G installées. Cela vient du fait qu’Orange, SFR et Bouygues ont tous les trois installé leurs antennes dans le même temps. Sachant que seul 10% des antennes du futur réseau 4G a été installé, le pire reste à imaginer.
La seule solution consiste à installer un filtre derrière l’antenne TNT, pour supprimer les composantes fréquentielles issue de la propagation des ondes 4G, et ne conserver que le signal TNT. Cette installation a été estimée à une centaine d’euros pour une antenne, à la charge de l’opérateur mobile qui est considéré comme responsable du problème. Et si Orange n’est pas inquiété (les fréquences Orange sont les plus éloignées de la bande TNT), SFR et surtout Bouygues Telecom sont tout particulièrement concernés. Didier Casas, secrétaire général de Bouygues Telecom, a annoncé : « On ne peut pas payer autant. Ce n’est pas à nous de financer le traitement des interférences ».
Le monde de la téléphonie mobile française se voit donc perturbé par la mise en place du réseau 4G, qui doit non seulement se développer au plus vite pour répondre à une demande grandissante de jour en jour, dans un contexte ultra-concurrentiel, mais également prendre en compte les infrastructures existante telles que la Télévision Numérique Terrestre, en gérant au mieux les interférences avec celles-ci.
De plus en mai dernier, l’État a décidé d’offrir aux opérateurs mobiles la possibilité d’acquérir à nouveau des fréquences, cette fois-ci situées dans la bande des 700 Mhz (initialement destinées à la TNT). Ce second dividende numérique est a priori encore meilleur que la bande des 800 Mhz, car il concerne des fréquences basses qui permettent de mieux pénétrer les immeubles et de diffuser le signal avec une plus grande portée.
Un sujet qu’il faudra suivre de près dans les mois à venir…