Derrière leurs écrans, les Anonymous s’affirment petit à petit sur le net :
« Nous sommes anonymes, nous sommes légion,
Nous n’oublions pas, attendez-vous à nous voir«
Telle est leur devise, qui annonce clairement la couleur de leur cyber-activisme déterminé et menaçant. Ils n’acceptent pas la censure, refusent la Scientologie, soutiennent Julian Assange… Leurs combats ne sont pas toujours applaudis, certains sont même très controversés. Focus sur un groupuscule qui recrute de plus en plus d’adeptes et qui n’a pas fini de faire parler de lui.
Pourquoi font-ils le buzz ?
Les « anons » se sont d’abord fait connaître lors de leur combat contre la Scientologie, à l’occasion de la censure d’une vidéo de Tom Cruise. Ce dernier y tenait des propos pouvant nuire à l’image de la secte. C’est alors que plusieurs personnes, souhaitant défendre l’accès libre aux données sur Internet, ont décidé de mener une guerre sans merci : vidéos menaçantes, attaques de dénis de service (DDoS) ou hacking des sites de l’organisation…Tout semblait permis !
Vient alors Wikileaks. Fidèles à leurs idéaux, les « anons » affichent naturellement leur soutien à Julian Assange et font parler d’eux dans les médias, notamment via des DDoS contre Mastercard ou Visa, qui collaborent contre le chef de Wikileaks. L’exposition médiatique atteint alors son pic et tout le monde cherche qui se cache derrière cette légion mystérieuse.
Par la suite, le printemps arabe a permis aux « anons » de rester dans l’actualité via des actions visant à maintenir et libérer l’accès à Internet dans les pays touchés. Récemment, ils ont encore défrayé la chronique en attaquant Sony pour défendre un de leurs confères qui avait piraté la PS3.
Mais qui sont ces Anonymous ?
J’ai moi-même découvert ces « Anonymous » via une vidéo contre la Scientologie. Une vidéo réussie, sur un ton provocateur, qui montre que derrière les “anons”, il n’y a pas que des informaticiens hors pair, mais également de plus en plus de compétences en communication !
Ce collectif cultive leur anonymat et le secret, avant tout pour se protéger, mais aussi pour nourrir le mythe autour de leur groupe. Tous opèrent sous une seule et unique identité et utilisent des canaux de communication très sécurisés. Brouillant ainsi les pistes pour être vraiment anonymes, ces pirates ne sont toutefois pas invulnérables, comme l’a montré le dénouement de certaines affaires.
Si les “anons” n’ont pas les mêmes centres d’intérêts, religions ou idées politiques, ils forment une masse liée par cet activisme qui les engage à mettre leurs compétences au service d’un web indépendant et libre.
Leur mode de fonctionnement a permis l’essor d’une intelligence collective démocratique remarquable qui intrigue les observateurs du Net. Les Anonymous sont en effet un système collaboratif où la hiérarchie n’existe pas. Il n’y a pas de chef à priori car n’importe quel adhérent peut proposer une idée. Si celle-ci convient à une majorité, l’opération est exécutée et les tâches réparties suivant ce que chacun propose et met à disposition.
Typiquement, pour une attaque DDoS, des “anons” peuvent être soit commanditaires de l’action – créant eux même les requêtes pour le lancement de l’attaque -, soit de simples « zombies » relayant et amplifiant le flux de requêtes. Il suffit alors à ces derniers d’accepter que les “anons” transforment leur ordinateur en bot, robot à émettre des requêtes.
Les échanges se font principalement sur IRC (canal de discussions live) et forums dédiés à leur cause. Pour annoncer le lancement d’une opération, ils publient généralement une note sur leur site et préparent des vidéos pour communiquer autour de ces opérations. Dans le cadre de certaines actions, il arrive que ces activistes sortent manifester dans la rue… mais toujours munis de leurs masques.
Les Anonymous ne font pas l’unanimité
Certains récusent les moyens utilisés par les « anons » pour défendre leur cause et le principe même de leur anonymat. En effet, des voix s’élèvent pour dénoncer les dérives possibles de ce genre d’organisation. Celui-ci défie les lois en vigueur dans la plupart des pays, leurs actions sont donc généralement illégales !
Utiliser des moyens illicites pour défendre certaines causes peut être à double tranchant : les Anonymous prennent en effet le risque d’être associés à des actes auxquels ils n’ont pas participé. C’est ainsi que les Anonymous sont associés par beaucoup de personnes au piratage du Playstation Network du mois d’avril 2011, alors même qu’ils ont niés leur participation.
Les Anonymous, qui plébiscitent la liberté d’expression sur Internet et la divulgation de données même sensibles, gênent également dirigeants politiques et lobbyistes. Pour eux, les Anonymous ne sont autres que des anarchistes rêveurs et surtout des irresponsables n’ayant pas conscience des répercussions que peuvent avoir leurs actes.
Les Anonymous ne sont-ils finalement que les acteurs d’une sorte de vendetta sur le web ? Certains veulent les limiter à cela, mais il est certain que ce groupe personnifie une contre-culture du web qui affirme sa révolte face au contrôle de l’information que permet paradoxalement le web.
L’actualité sur ce sujet étant particulièrement riche et variée, on peut croire en la pérennité d’un tel mouvement. Néanmoins, les Anonymous devront prouver sur le long terme leur capacité d’autogestion, en évitant les dérives vers des actions mal perçues du grand public.
En effet, c’est leur réputation de chevalier blanc, socle de leur puissance, qui permet de recruter de plus en plus d’activistes et donc de multiplier leur force de frappe. La multiplication d’actions douteuses ferait définitivement plonger les Anonymous du côté obscur du Net.
Un rebond dans l’actualité :
une faille dans l’organisation des Anonymous avec la trahison de l’un des leurs, qui révèle les adresses IP de plusieurs Anonymous, qui ne le sont donc plus vraiment…
http://www.numerama.com/magazine/18738-anonymous-corrompu-des-centaines-d-adresses-ip-publiees.html