Après le gouvernement Français, des administrations, des collectivités et après la SNCF, c’est au tour de la RATP de faire un premier pas vers l’open Data en partageant sous la license libre Etalab leurs bases de données concernant
- les positions géographiques des stations
- la qualité de l’air
- la liste des commerces
- le trafic annuel
- les correspondances
Le but annoncé sur leur site internet est d’inciter des développeurs à utiliser ces données mises à disposition, pour innover et contribuer à l’émergence de nouveaux services d’information voyageurs qui faciliteront la vie des franciliens.
Je t’aime, moi non plus
Il est peu probable que ce premier pas suffise pour atteindre les objectifs affichés puisque les données les plus attendues et les plus critiques comme les horaires actualisés ou les plans des stations brillent pour l’instant par leur absence. Espérons que comme l’indique la RATP « la démarche d’ouverture des données relève d’une véritable politique d’entreprise » et que progressivement, de nouvelles données seront mises à disposition.
On saluera cependant l’initiative de la RATP qui avait eu jusqu’alors tendance à ne rien partager voir même à menacer ou poursuivre en justice les sociétés qui exploitaient des informations, crowdsourcées ou non, concernant leur réseau. Que la manœuvre ait eu pour objectif de temporiser pour maitriser l’ouverture des données, ou de favoriser sa propre filiale d’information voyageur, elle avait eu pour conséquence de braquer la communauté des développeurs et d’être montré du doigt comme un frein à l’innovation voire à la qualité de l’information voyageur en général.
Poursuivi pour avoir utilisé la carte officielle, un éditeur avait lancé un concours pour dessiner une nouvelle carte de métro . Le risque commençait à poindre que si la RATP restait dans cette logique propriétaire, une économie de l’information voyageur allait se développer à son insu et contre elle. Car les utilisateurs finaux ne sont pas intéressés uniquement et spécifiquement par le réseau RATP mais par des déplacements porte à porte qui correspondent à leur attentes en termes de prix, de rapidité, de facilité d’accès, de sécurité, et de confort. Si demain, une killer App comme google now propose un niveau de service exceptionnel pour tous les modes de transports sauf pour le réseau RATP, on peut même imaginer qu’il pourrait y avoir un report modal vers les transports dont on connait parfaitement les accès, les horaires, l’état du trafic etc.
Open Data : tout mais pas n’importe quoi
Partageons ! Partageons pour que les meilleurs développeurs puissent se pencher sur ces problématiques; partageons pour que les millions d’usagers et de parties prenantes contribuent à enrichir les données de manière continue, instantanée et gratuite; partageons pour que chaque personne puisse avoir l’information pertinente qui rende son trajet plus rapide, facile, agréable selon que l’on soit angoissé, claustrophobe, handicapé, pressée ou en quête de bon musiciens.
Bien évidemment tout n’est pas aussi simple ! Il ne s’agit pas d’accumuler et diffuser le maximum d’informations, mais bien de construire et diffuser de l’information pertinente et concertée !
Les chefs de gare savent par exemple que l’annonce de la voie de départ d’un train peut à la minute près, créer ou non des bousculades et des encombrements dans les voix de circulation. Il pourrait dans cette optique être dangereux que les usagers se fient plus à des twitts qu’aux injonctions des agents RATP.
On peut donc compendre que la RATP n’ouvre pas d’un coup les vannes de ses données. Cela prend du temps de co-créer un écosystème ouvert et libre mais structuré et intelligent afin que les données soient fiables, utilisables et concertée. Tout comme pour la SNCF, on soulignera que le sujet a été murement reflechi en amont. Un barcamp ouvert à tous avait été organisé pour que des réflexions de fond soient menées avec des spécialistes de l’open data sur les problèmes de format, de finalité ( les conclusions d’une grande qualité sont consultables ici.)
L’information voyageur en Open Data et temps réel : un nouvel eldorado
Après la ponctualité, la qualité de l’information voyageur constitue aujourd’hui, le deuxième poste d’incitation financière le plus important en région parisienne. C’est aussi, via la commercialisation ou la publicité des applications, une source de revenue non négligeable qui a attiré de nombreux développeurs et éditeurs. Il peut sembler difficile de concilier cet environnement concurrentiel avec la nécessité de partage et de transparence propre à l’open data mais les editeurs qui tireront leur épingle du jeu ne sont pas necessairement ceux qui detiennent les données.
La différence se fera sans doute sur deux aspects :
- l’exploitation intelligente et personnalisée de la masse informe de données collectives. La capacité à croiser et à trier des informations de qualité et de formats différents pour répondre à des attentes exprimées ou non par les usagers (multimodalité)
- L’ergonomie du service apportée. Avec la montée en gamme des Smartphones et le début des stations connectées on s’oriente vers des challenges techniques difficilement imaginables il y a encore peu. On pense notamment à la réalité augmentée ou à la géolocalisation indoor. Plus simplement, on pense à l’ouverture par la RATP de compte twitter d’info trafic sur les lignes 1, 4 , 12 et 13 qui ont rassemblé plusieurs centaines d’abonnés en quelques heures à peine.
La RATP dispose d’un avantage certain : la connaissance des spécificités de l’usager francilien. Espérons qu’elle capitalisera plus sur cet avantage concurrentiel que sur la retention d’informations clés : les usagers y gagneraient beaucoup.
3 thoughts on “La RATP fait un pas vers l’open DATA et s’attaque à Twitter”