La TechWeek 2019 s’est tenue dans les locaux de Société Générale les 12 et 13 novembre au sein du technopole Les Dunes, à l’est de Paris, et le 14 novembre à La Défense.
Au travers de deux articles, les consultants Wavestone reviennent sur cet événement illustrant le passage à l’échelle de Société Générale en matière de digital et d’innovation, avec 3 principaux moteurs : IA & Data, Open Banking et Open innovation.
Ce premier article se concentre sur la transfromation digitale du secteur bancaire.
Une réglementation qui change la donne
En 2013, la Directive sur les Services de paiement (DSP2) a annoncé une profonde transformation dans le monde de la banque. Elle permet que soient accessibles, gratuitement, les données des comptes de paiement des clients, dans le cadre de deux nouvelles activités que sont le service d’information sur les comptes (agrégation) et le service d’initiation de paiement.
Certaines dispositions sur l’accès aux données, qui sont au cœur d’un bras de fer entre banques et startups de la Fintech, n’ont été mises en place qu’en Septembre dernier. L’objectif est de « favoriser l’innovation, la concurrence et l’efficience » du marché et plus précisément de « moderniser les services de paiement en Europe au profit tant des consommateurs que des entreprises, de manière à rester en phase avec ce marché en évolution rapide » selon la Commission.
Cette directive européenne trace la voie de l’Open Banking et la TechWeek de la Société Générale s’insère parfaitement dans cette tension qui se trouve entre les grands groupes financiers et les start-ups de la fintech. La troisième édition de cet évènement s’est déroulée les 12, 13 et 14 Novembre 2019. Tout au long de ces trois jours, la Société Générale a présenté plus de 200 use cases à travers plusieurs stands, ateliers et conférences qui ont rythmé la venue de 15 000 visiteurs.
Nous avons pu découvrir notamment la start-up Treezor qui propose des transactions / paiements pour les fintechs. C’est un peu la Fintech des Fintechs. Par exemple, derrière Lydia, c’est Treezor qui supporte les transactions. En interne, ils ont étudié la possibilité d’utiliser une carte bancaire biométrique avec la présentation d’un prototype très prometteur. Était également présent MADREC (Massive Anonymous Data Reconciliation), la plate-forme décentralisée d’un consortium de cinq banques qui compare la qualité des données référentielles avec les données des pairs sans partager ces mêmes données. Ou bien la start-up KEEX qui offre une solution de protection de l’intégralité de documents publiés en interne comme à l’externe grâce à la blockchain. On nous a également présenté Bluebox qui cartographie et partage de manière dynamique toute l’intelligence de la donnée produite par l’exploitation des big data.
Les cas d’usages présentés sont divers et variés, traitant de la cybersécurité, à l’intelligence artificielle en passant par les services cloud. Certaines applications pouvant même regrouper le tout.
La profonde transformation du secteur bancaire
L’une des premières conférences, dès le premier jour de l’évènement, a très bien posé les bases de cette transformation digitale qui se passe à tous les niveaux et même dans le secteur bancaire. L’économiste, essayiste et éditorialiste Nicolas Bouzou nous a rappelé les défis à relever à l’ère de la troisième révolution industrielle. L’une des spécificités de cette troisième révolution industrielle : le rythme de la destruction créatrice, ce qui change aujourd’hui c’est la vitesse. Il nous a fallu 50 ans pour démocratiser la voiture mais simplement 2 ans pour en faire de même avec le Smartphone. De plus, cette révolution se caractérise par la croissance horizontale (effet de réseau) et la croissance verticale (être innovant tout le long de la chaîne de valeur). Les GAFA sont des entreprises réseaux, c’est-à-dire plus ils ont d’utilisateurs, plus forte est leur capacité à ramener d’autres utilisateurs. Facebook tente une intégration verticale avec le lancement de sa monnaie virtuelle Libra.
Ce qui pousse Mr. Bouzou à dire que « l’avenir de la Société Générale n’est pas uniquement dans le secteur bancaire ».
Muriel Benitah, en charge de l’animation IT de la Société Générale et responsable de l’organisation de la TechWeek durant trois années consécutives, soutient cette position en admettant que « notre expertise bancaire aujourd’hui ne peut rester confiner à des paiements. Dans un monde où finalement les paiements d’ailleurs commencent à être pénétrés par d’autres types d’activité, on pense notamment à Facebook avec Libra. A nous d’avoir une démarche intellectuelle et pragmatique en nous auto-ubérisant si je peux le dire. Donc en allant au-delà de notre activité classique pour réfléchir à d’autres types d’activité tout en capitalisant sur notre savoir-faire avant que d’autres ne le fassent pour nous ».
Cette constatation a été insistée à travers la conférence de Caroline Faillet, spécialiste des phénomènes de propagation et des mécanismes d’influence propres à internet. Elle nous rappelle qu’aujourd’hui, à travers les différentes phases du Web, le consommateur est devenu informé, mobilisé, augmenté et assisté. Ainsi, « il faut être UserCentric et sortir de l’auto centrage sur sa propre marque et s’impliquer dans les communautés ». Elle pose la question : « Pourquoi G7 n’a pas lancé Uber, pourquoi Accor n’a pas lancé AirBnB… malgré les millions investis pendant des années ». Mais on peut tout aussi bien se demander pourquoi la Société Générale n’a pas lancé Lydia ou bien Leetchi ?
La réaction de la Société Générale
La Société Générale a clairement entendu la sonnette d’alarme de l’arrivée de ces nouvelles start-ups innovantes et ne comptent définitivement pas rester les bras croisés face à cette constatation. Une partie de réponse peut venir notamment de la Corporate Venture. Ce système met en relation des entreprises d’un même secteur mais de taille différente, afin de favoriser l’émergence d’innovations. Pourquoi Corporate plutôt que Venture Capital ? Selon Didier Lallemand, managing director chez SG Ventures, c’est donner un accès à des assets, à un portefeuille d’experts, à de la data. La table-ronde traitant de ce sujet nous a montré l’exemple réussi de partenariat financier et de synergie métier avec Reezocar, troisième site d’annonce en France pour achat des voitures d’occasion. Pour Philippe Demets, directeur Générale délégué de DGI France, la clé de succès pour un partenariat financier entre un grand groupe et une startup est la tolérance et rester focus sur l’essentiel.
Une autre partie de réponse a été apportée par Matteo Rizzi, fondateur d’Innotribe, investisseur et créateur de deux startups FinTechStage et TimePledge. Pour lui, l’essentiel est de garder et stimuler les talents « rebelles » à disposition dans sa propre entreprise. Car « les innovateurs sont à la croissance de l’entreprise ce que les marginaux sont à la survie de l’entreprise. »
La contribution de Wavestone a cherché une solution pour la Société Générale n’est pas en reste. Ainsi, Florian Carriere, Senior Manager DET et Benjamin Borac, consultant DET, nous ont présenté des cas d’usages de l’AR/VR en banque & assurance. Notamment la possibilité de :
- Convoquer un expert lors d’un RDV client / conseiller(relation client)
- Avoir un bureau virtuel en réalité augmenté notamment pour les traders
- Check-up de la location de voiture, évaluation précise des dégâts
- Visite de maison en réalité augmentée pour l’évaluation du risque
De même que Sébastien Chevalier, manager en Financial Services, qui a animé un atelier sur le design d’une marketplace dans le secteur de l’Assurance. L’objectif de la plateforme est d’accélérer la mise en marché de produits d’assurance et de développer de nouveaux leviers de rémunération.
Le secteur bancaire, jusque-là relativement fermé grâce à la législation s’est définitivement ouverte avec la DSP2. La Société Générale agit en conséquence en engageant, non pas un bras de fer contre ces nouveaux arrivants, mais une franche poignée de main pour une collaboration mutuelle avec ces start-ups innovantes.
Les metiers de la banque sont en profonde mutation. Comment accompagnez-vous vos collaborateurs dans cette transformation ?