L’Intelligence artificielle est de plus en plus présente dans nos quotidiens. Nombreux sont les acteurs qui promettent que cette technologie transformera en profondeur nos modes de vie et de travail. Les américains ont longtemps été leaders sur le marché de l’informatique, des nouvelles technologies et de l’IA mais ils sont désormais challengés par de nombreux acteurs chinois.
N’en déplaise aux GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) qui investissent des centaines de millions de dollars dans cette technologie pour faire main basse sur d’innombrables start-ups et chercheurs de qualité. L’amélioration de leurs algorithmes de machine learning passe avant tout par la diversité et la qualité des données utilisées.
Les Chinois ont quant à eux adopté les nouvelles technologies très rapidement et les normes culturelles locales sont différentes des normes occidentales : lorsque la confidentialité des données relève de la protection de la vie privée en occident, il apparait suspect de vouloir protéger sa vie privée dans l’Empire du Milieu. De très importantes quantités de données chinoises sont donc créées et accessibles de manière continue grâce à des sources qui se multiplient de jour en jour, ce qui place la Chine comme un challenger de taille.
Face à l’ampleur du marché de l’IA, il est primordial de se poser les questions suivantes : comment l’IA va-t-elle influencer l’économie ? Quelles sont les différents enjeux sociaux de l’IA ?
Une technologie d’avenir qui permettra une forte croissance économique
Les opportunités économiques relatives à l’IA sont nombreuses. En France, 80 Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) et plus de 270 start-ups spécialisées dans l’IA se sont créés depuis 2010 avec une croissance soutenue à plus de 30%. L’état français a également décidé d’investir 1,5 milliard d’euros en 5 ans pour développer l’intelligence artificielle en France. Lors de ma visite au salon « AI Paris 2018 », plus de 80 exposants présentaient leurs différents services et produits, tous plus intelligents et innovants les uns des autres.
Cette technologie disruptive pourrait en effet permettre à la France d’accroître sa compétitivité sur la scène internationale en diminuant de nombreux coûts de production. De multiples théories voient en l’IA un levier pour créer des « employés augmentés » en développant la complémentarité entre l’homme et la machine dotée d’intelligence. Un employé augmenté est un être humain qui se voit conseillé ou aidé par une machine « intelligente » lorsqu’il réalise son travail.
Des conseillers pourront apporter les meilleures réponses à des clients désireux d’un service de qualité, des ouvriers pourront travailler avec plus de précision en regardant les conseils de l’IA dans des lunettes de réalité augmentée.
De manière générale, cela permettrait de perfectionner la qualité du travail, d’augmenter la satisfaction globale, le nombre de ventes et les profits, mais aussi d’améliorer les services existants. Ce gain de compétitivité aurait donc un impact positif sur l’emploi et la croissance.
Le 10 avril dernier, 25 pays européens ont signé une déclaration visant à favoriser leur coopération autour de l’IA. L’Europe espère donc être au niveau, entre les intérêts des multinationales privées américaines et la superpuissance autocratique asiatique. La création de centres de recherche européens permet donc de travailler à la création d’une IA se voulant éthique, respectueuse de la vie privée, et permettant de résoudre les défis sociétaux majeurs de notre siècle.
Il existe en Europe de nombreuses bases de données publiques sur la santé ou l’énergie qui constituent aujourd’hui un réel atout pour la France et ses partenaires. En les exploitant, les chercheurs peuvent travailler de manière éthique à la résolution de sujets stratégiques que sont la santé et l’énergie. Ces bases de données sont détenues par des états et non des entreprises. Elles n’ont donc aucun but commercial ou marketing et garantissent aux citoyens européens une protection totale : toutes les données y sont anonymes.
La France confrontée à un défi majeur : l’attractivité
Néanmoins, la France est aujourd’hui confrontée à un problème majeur qui l’empêche d’exprimer pleinement son potentiel sur ce sujet. La fuite des « cerveaux » est l’un des principaux freins qui empêchent le développement optimal de l’IA en France. Ce problème a été mis en avant dans le rapport Villani, paru en mars 2018, dans lequel le mathématicien a tenté de trouver les raisons du départ de très nombreux Français. Alors même que le niveau des formations dispensées en France est excellent, de nombreux mathématiciens préfèrent s’expatrier plutôt que de poursuivre leurs recherches sur le territoire national. Cédric Villani pense qu’il faut donc travailler sur l’attractivité de notre territoire, non pas uniquement en augmentant les salaires des chercheurs mais en améliorant leur qualité de vie au sein des laboratoires français. La pression administrative, la difficulté de recrutement, ou encore d’achat de matériel constituent selon lui les principales raisons à ces départs.
L’IA créée de nouveaux emplois et améliorera notre niveau de vie global
L’IA bouleverse nos vies et impacte nos sociétés. Comme vu précédemment, de nombreuses opportunités économiques se créent, ouvrant de nouvelles perspectives d’emplois et d’amélioration du niveau de vie global.
Les machines dotées d’intelligence pourront certes remplacer les hommes dans certains métiers, mais cela se fera sur des tâches pénibles ou répétitives, dangereuses ou sans réelle valeur ajoutée.
De nouveaux métiers seront également créés : des chercheurs et techniciens devront continuer de concevoir des algorithmes, de les entraîner, de les superviser. Mais il faudra également de nombreuses personnes pour créer des machines performantes, pour les entretenir ou enfin pour les réparer. Plus de 137 000 emplois devraient être créés au cours du quinquennat d’E. Macron dans les domaines de l’IA et du Big Data. Élu métier le plus sexy du XXIème siècle par la HBR, les data-scientists sont aujourd’hui la belle représentation de l’engouement des entreprises pour l’IA.
Comme à chaque révolution majeure, un temps de transformation est nécessaire afin de mettre en adéquation le marché du travail et les nouveaux besoins.
La formation est donc l’un des piliers d’une mutation réussie. Les changements de métiers impliquent que l’ensemble des acteurs du marché du travail prennent en compte les nouveautés et s’adaptent aux nouvelles opportunités et contraintes. L’état français, qui a décidé l’an passé d’investir plus de 1,5 milliard d’euros pour développer l’intelligence artificielle, prévoit de doubler le nombre d’étudiants formés à l’IA et à l’éthique qui lui est liée.
De nouvelles opportunités d’emplois vont donc se créer mais ce n’est pas le seul avantage de l’IA.
En effet, en rendant de nombreux outils et applications plus simples et intuitives, l’IA permettra à un plus grand nombre de personnes de les utiliser. Les travailleurs utilisant l’IA pourront profiter d’une aide majeure afin de réaliser au mieux l’ensemble de leurs missions. L’acquisition de nouvelles compétences et aptitudes pourra se faire en travaillant main dans la main avec l’outil, et ce quotidiennement.
Des changements organisationnels majeurs à intégrer dès aujourd’hui
Face à une productivité croissante, il est normal de penser que la charge de travail apportée par les humains pourrait à terme diminuer.
Le nombre d’emplois conservés dépendra en grande partie de l’élasticité de la demande suite à l’adoption de l’IA par les entreprises. En effet, le gain de productivité permettra de diminuer les coûts de production et donc les prix de vente. Si la demande augmente, il faudra produire plus et les emplois seront donc conservés. Par conséquent, il est primordial d’être en avance sur ces sujets stratégiques afin de rester compétitif au niveau mondial.
La France, en plus des différentes formations de qualité, dispose d’un écosystème propice au bon développement de l’IA. De très grands groupes industriels tels qu’AXA ou Thalès sont déjà des références dans l’utilisation de cette technologie disruptive dans leurs secteurs respectifs. Ces groupes sont aidés par des cabinets de conseil tels que Wavestone, qui leurs permettent de réussir leurs transformations stratégiques aussi bien sur le plan technique que sur le plan organisationnel.
Par ailleurs, il faudra limiter la fracture sociale entre les personnes diplômées maîtrisant la technologie et les autres. En effet, les personnes capables d’utiliser pleinement l’IA en améliorant les algorithmes auront un avantage considérable sur les autres personnes utilisant l’IA de manière standard. La formation et la mise à niveau d’un maximum de personne est donc à prévoir.
L’IA sera bientôt partout, préparons-nous !
L’IA est une technologie disruptive qui va transformer en profondeur nos modes de vies et de travail. Il est primordial de le prendre en considération, et de se préparer au mieux à ces changements.
En outre, il est régulièrement reproché à l’intelligence artificielle de reposer sur des algorithmes opaques, inconnus du grand public ; il est donc important de rendre les algorithmes utilisés par l’État publiques, et de les expliquer afin qu’ils puissent être compréhensibles du plus grand nombre.
Un cadre juridique est par conséquent à définir au plus vite afin de limiter les impacts négatifs que pourraient avoir des personnes ou algorithmes malveillants. Certains chercheurs optent aujourd’hui pour la création d’un algorithme autorégulateur. L’éthique à donner à ses machines devra être réfléchi collectivement, en fonction des normes et morales de chaque société.
De ce fait, accompagner les populations dans ces transformations et réfléchir collectivement à nos nouveaux modes de vies apparait comme étant l’un des enjeux majeurs de notre siècle.