BpiFrance Inno Génération : une journée consacrée à la transformation

Le 12 octobre dernier, Bpifrance réunissait à Bercy plus de 37,000 visiteurs autour des fleurons de l’innovation française – startups, grands groupes ou encore publics. Et pour cette troisième édition, un mot était aux lèvres de tous les participants : la transformation. La raison semble simple : si on en croit le Directeur Général de L’Oréal, Jean-Paul Agon, savoir se transformer est devenu aussi important que de faire croître son chiffre d’affaires. Et pour cause : aujourd’hui, tout et tout le monde semble être entré dans une phase de mutation – quelle qu’elle soit. Mais à force d’utiliser ce terme, la question se pose : qu’est-ce que veut dire, finalement, « se transformer » ? Quelles formes peut prendre cette « transformation » ? C’est avec cette idée en tête que nous nous sommes baladés dans le salon, d’atelier en atelier.

 

Se transformer, c’est tout d’abord changer de vision

Selon le Larousse, transformer est le fait de « rendre quelque chose différent, le faire changer de forme, modifier ses caractères généraux ». A l’échelle humaine, cela peut tout d’abord se traduire par le fait de changer la vision qu’on a de notre environnement. Les avancées technologiques récentes ont permis l’émergence d’outils modifiant fondamentalement la manière dont on a l’habitude de faire les choses. De nombreuses transactions ont été ou sont en train d’être dématérialisées, nos objets du quotidien – à l’instar des montres ou des livres – deviennent un à un tous connectés… Mais si de telles évolutions peuvent voir le jour et se développer, c’est parce que les nouvelles pratiques qui s’y attachent ont été acceptées par leurs utilisateurs : il est devenu « normal » d’ouvrir un compte bancaire sur internet, de stocker ses billets de train sur son mobile, de discuter avec un robot pour régler des soucis d’après-vente… Pour qu’il y ait transformation, il faut donc qu’il y ait acceptation du nouveau.

Et un domaine en transformation illustrant bien cette idée est celui de l’automobile. Pour Patricia Villoslada, Directrice du transport autonome chez Transdev, l’enjeu majeur dans la généralisation des véhicules connectés est le fait de faire accepter à l’homme l’idée qu’une voiture peut se conduire toute seule. Malgré d’importantes évolutions technologiques, il est encore difficile de faire lâcher le volant à un conducteur. Et cela est un frein à l’innovation. Pourtant, de nombreux citadins prennent tous les jours des lignes de métro automatiques : il s’agit donc bien, au moins en partie, d’une question de vision.

 

Une transformation passe souvent par de nouveaux modes de travail

Toujours à l’échelle de l’homme, se transformer peut aussi vouloir dire changer la manière dont on travaille au quotidien : de nombreux ateliers et conférences portaient ainsi sur le management et la collaboration à l’ère digitale. Ces nouvelles façons de travailler impliquent souvent d’arrêter d’évoluer en silos et de s’ouvrir à l’autre – que ce soit au sein même de l’entreprise ou à l’extérieur. C’est aussi revoir les principes hiérarchiques de l’entreprise, donner une voix et une place à tous, y compris aux jeunes – d’où des ateliers sur l’innovation poussée par une collaboration « jeune + mentor », ou encore sur l’importance d’attirer de jeunes talents dans toutes les entreprises.

Ces changements recoupent aussi l’importance grandissante pour des acteurs établis sur le marché, de savoir collaborer avec de jeunes entreprises innovantes. Ainsi, à l’échelle d’un groupe, se transformer peut être synonyme de savoir se détacher des règles établies pour amener plus de flexibilité et d’agilité dans ses modes de fonctionnement, rompre les codes traditionnels pour s’adapter plus facilement à ceux d’une start-up. Pour Bpifrance Le Hub, cela passe notamment par la définition de nouveaux modèles d’organisation du travail, de nouvelles structures de gouvernance – plus à l’échelle de ces acteurs – et surtout de nouveaux modes de contractualisation, simplifiés et en phase avec le rythme rapide d’évolution du marché.

 

La transformation c’est aussi prendre conscience que l’innovation est partout

Au vu de la richesse des sujets traités et des secteurs représentés sur le salon, on pourrait dire que la transformation est aussi une prise de conscience générale du fait que l’innovation s’immisce dans tous les secteurs, y compris ceux dans lesquels on l’attend le moins.

C’est le cas du domaine de l’art. Anne-Cécile Worms de Art2m évoquait ainsi à quel point les technologies digitales élargissaient le terrain de jeu des artistes, et transformaient entièrement la manière dont on peut concevoir l’œuvre d’art. Hugo Mulliez, de Artsper – une plateforme offrant aux galeries physiques une entrée dans le monde digital – avançait quant à lui qu’une plateforme digitale avait le pouvoir de secouer les codes du marché de l’art, et surtout, d’en élargir la portée.

Dans un autre registre, le domaine de la cuisine est lui aussi bousculé par l’émergence de nouveaux acteurs comme La Ruche qui dit Oui !, qui utilise notamment les technologies digitales pour développer de nouveaux modes de consommation – en circuit court – et ainsi soutenir la production locale.

Finalement, l’éducation est révolutionnée par les acteurs de l’EdTech qui donnent accès à des contenus éducatifs à un plus grand nombre – comme c’est le cas de OpenClassrooms – ou encore développent des outils pédagogiques nouvelle génération – comme c’est le cas de Manzalab qui utilise la réalité augmentée comme outil de formation.

 

La transformation, c’est aussi bien sûr s’ouvrir sur le monde, au sens large

Finalement, cette édition du Bpifrance Inno Generation illustrait l’importance d’une vision globale de la transformation. La France est aujourd’hui un véritable hub d’innovation, attractif et à portée internationale. Et pour garder cette place et ce rayonnement, il est important d’être à l’écoute de ce qui se passe tout autour de la planète. Car les choses bougent partout dans le monde. Que ce soit la montée en puissance de nouvelles mégalopoles comme Lagos et Kinshasa, le rayonnement de l’industrie culturelle sud-coréenne, l’ouverture et l’attractivité grandissantes du marché libanais, de nombreuses thématiques traitées sur le salon illustraient à quel point le changement peut être rapide. Se transformer, c’est aussi savoir s’en rendre compte et s’y adapter.

 

En somme, l’événement Bpifrance Inno Generation entendait ouvrir de nouvelles réflexions sur la transformation des entreprises et du monde, plutôt que d’en cerner les limites. Car il n’y a pas vraiment de définition à la transformation : chacun réalise la sienne. C’est un peu, finalement, ce que montrait la scène principale, où des personnalités issues de secteurs très divers, étaient invités à parler de leur propre vision de la transformation. Pour Jean-Marc Chéry par exemple, Deputy CEO de ST Microelectronics, se transformer c’est bien sûr changer, mais tout en conservant ce qu’on considère comme important. La transformation, c’est en quelque sorte utiliser la richesse des nouveaux outils à notre disposition pour aller encore plus loin dans nos ambitions, et surtout dans nos passions.

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