Entre le 15 et le 17 juin s’est tenue à Paris, aux salons du parc des expositions de la Porte de Versailles, la seconde édition de Viva Technology. Après les articles relatifs à l’édition de l’année dernière, voici la suite de nos articles rétrospectifs sur cet événement majeur de la scène digitale. Entre les 6000 startups présentes, les centaines de pitchs, les nombreux prix et concours et les 1400 investisseurs, il était difficile de trouver où donner de la tête. Deux premiers articles ont traité des facilitateurs de relations entre grands groupes et startups et des acteurs de la blockchain. Aujourd’hui, pour ce troisième et dernier volet, DigitalCorner vous propose d’entrer dans le monde des Fintech, vous faisant découvrir cinq start-ups ayant attiré notre attention.
Parmi tous les secteurs représentés durant ces trois jours, celui des services financiers a occupé une place de choix. A l’heure où les Fintech font de plus en plus parler d’elles dans l’actualité française et internationale, de nombreuses start-ups issues de cet écosystème s’étaient données rendez-vous à Viva Technology pour présenter leurs dernières innovations. Paiements, financement ou épargne, tous les services traditionnellement proposés par les banques se voient réinventés par de jeunes entreprises audacieuses, à la pointe de la technologie. Parmi les Fintech présentes sur le salon nous en avons sélectionné cinq, toutes françaises. Entre développement en Afrique, garantie participative et carte connectée, celles-ci illustrent la variété de solutions que proposent ces nouveaux acteurs de la finance.
Afrikwity – La plateforme d’investissement dans les start-ups en Afrique
Surfant sur la vague du crowdfunding, Afrikwity est une plateforme permettant aux particuliers d’investir un montant minimal de 100€ au capital de start-ups et PME africaines à fort potentiel de croissance. Celles-ci sont rigoureusement sélectionnées par l’équipe d’Afrikwity et doivent démontrer un besoin en financement d’au moins 100.000€. Les investisseurs potentiels font aussi l’objet de vérifications poussées pour s’assurer qu’ils ont la capacité économique nécessaire pour investir, qu’ils comprennent le mécanisme de l’Equity funding et les risques associés (perte de capital ou illiquidité). Au-delà de la mise en relation, la plateforme propose un service complet incluant la gestion de tous les aspects administratifs et juridiques lors des opérations de levées de fonds.
Afrikwity ambitionne de lever 15 millions d’euros en 3 ans au profit de 50 start-ups africaines. 3 projets sont actuellement présentés sur le site : Isahit, Bifasor et MyHotelAfrica. Tous sont basés sur des technologies innovantes comme l’intelligence artificielle, et permettent de répondre à de vrais besoins rencontrés par des particuliers ou professionnels sur le continent africain.
OneWave – La carte universelle connectée
OneWave est une carte universelle connectée au smartphone via une application. Elle permet de centraliser dans un seul objet tous les services nécessitant l’utilisation d’une carte ou de tickets : cartes de paiement, de transport et de fidélité. Après avoir ajouté les différents services via l’application smartphone dédiée, l’outil peut être utilisé comme une carte à puce classique. La OneWave est un véritable concentré d’innovation puisqu’elle est notamment équipée d’un écran tactile e-paper flexible et ultra fin, d’une batterie rechargeable sans fil et d’un capteur d’empreinte digitale.
La valeur ajoutée d’une telle invention par rapport aux wallets déjà présents sur nos smartphones ? Le fait qu’elle soit compatible avec tout : contrairement aux smartphones, son format lui permet d’être utilisée aussi bien dans les distributeurs que dans les points de vente non équipés de paiement sans contact. D’autre part, OneWave permet de centraliser ses cartes dans un environnement contrôlé et sécurisé, alors que les smartphones sont des appareils beaucoup plus ouverts au partage de données entre applications. La carte devrait être commercialisée sous la forme d’un abonnement mensuel à partir du second semestre 2018. Elle sera d’abord destinée aux consommateurs, mais développera aussi une facette B2B en s’adressant aux commerçants souhaitant mettre en place un programme de fidélité unique.
PayYes – La solution de paiement mobile solidaire
PayYes est une solution de paiement mobile par délégation. Ce système permet à une personne de payer à distance et en temps réel les achats de quelqu’un d’autre, où qu’elle se trouve à travers le monde et que les achats soient réalisés en boutique ou sur internet. L’application se veut être bien plus qu’un moyen de paiement innovant, puisque ses créateurs considèrent qu’il s’agit d’abord d’un outil de maintien du lien social et familial.
PayYes se révèle ainsi très utile pour plusieurs catégories de personnes. Par exemple, une personne dépendante qui ne peut se déplacer de chez elle n’a plus à confier son chéquier ou sa carte bancaire à son aide à domicile pour lui faire ses courses. Aussi, les diasporas n’ont plus à utiliser de solutions coûteuses pour transférer de l’argent à leurs proches dans leur pays d’origine : elles peuvent désormais régler leurs achats directement à distance grâce à PayYes. Voilà donc une solution idéale pour pallier à l’éloignement en toute sécurité et à faible coût, puisque l’application ne prélève que 1% de commission par transaction pour les transferts inférieurs à 250€.
Piggou – La tirelire virtuelle pour épargner tout en dépensant
Piggou est une solution d’épargne automatique conçue pour permettre à ses utilisateurs de mettre de l’argent de côté sans même s’en rendre compte. En connectant son compte bancaire à la « tirelire » Piggou, chaque montant dépensé lors d’un paiement est arrondi à l’euro supérieur. La somme des arrondis est ensuite transférée sur la tirelire Piggou, permettant ainsi d’épargner automatiquement quelques centimes à chaque paiement effectué. Bien que cette idée ne soit pas spécialement nouvelle, Piggou apporte tout de même quelques innovations par rapport aux solutions existantes : l’application permet en effet de paramétrer l’arrondi à l’euro ou à la dizaine d’euros, et d’activer ou désactiver l’épargne automatique à la demande.
La solution proposée par Piggou serait d’autant plus prometteuse si de nouvelles fonctionnalités étaient mises en place, comme la création d’un portefeuille de produits rémunérés permettant de faire fructifier l’épargne collectée grâce à l’application. Le fondateur de la start-up a affirmé qu’il s’agissait d’un chantier de développement prioritaire, dont la mise en place devrait certainement attirer de nombreux utilisateurs ayant du mal à épargner.
Yelloan – La garantie participative pour un meilleur accès au crédit
Yelloan a été créée dans le but de favoriser l’inclusion financière à travers le concept de garantie participative. La start-up permet ainsi de faciliter l’obtention d’un prêt pour ceux qui, à cause de leur profil, peuvent difficilement prétendre à un crédit à la consommation auprès des banques.
La garantie participative propose à l’emprunteur de constituer une garantie représentant 5% du montant emprunté en faisant appel à cinq de ses proches (famille ou amis). La banque prêteuse conserve cette garantie pendant toute la durée du prêt, puis la reverse aux différents garants lorsque le crédit est remboursé. Ce système permet ainsi à une personne représentant habituellement un risque élevé (à cause de son emploi en CDD ou de son statut d’autoentrepreneur par exemple) d’obtenir tout de même un crédit à la consommation grâce à l’appui de ses proches. L’idée est que si cinq personnes sont prêtes à faire confiance à l’emprunteur en étant garantes de son crédit, cela signifie que la banque peut lui faire confiance également.
Les prêts sont actuellement plafonnés à 15.000€, la moyenne des prêts accordés étant de 8.000€ sur 3 à 5 ans. La start-up travaille avec Financo (filiale du Crédit Mutuel Arkema), la banque en ligne Monabanq, et a développé un partenariat avec Crédit Agricole Consumer Finance qui commercialise la marque Sofinco. Yelloan a par ailleurs remporté le prix de Fintech de l’année 2016 parmi 105 entreprises concurrentes pour le titre.
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Tous ces exemples démontrent bien que les Fintech se sont emparées de l’ensemble des services financiers traditionnellement proposés par un nombre de prestataires restreint. Les banques et autres établissements classiques doivent nécessairement s’adapter à cette nouvelle concurrence innovante et agile. On assiste à une véritable explosion de l’offre de services des banques et assurances au profit d’un écosystème entier de nouveaux entrants. Il est donc essentiel de penser dès à présent aux relations qui pourront se créer entre acteurs traditionnels et start-ups, afin d’optimiser la création de valeur aussi bien pour ces entreprises que pour leurs clients.