Tour d’horizon du marché des FinTechs

Collaboratives, facilitatrices, ou disruptives,  les FinTechs s’illustrent grâce à leur business model innovant, combinant nouvelles technologies, une importante réduction des coûts et des temps de traitement, et surtout, une approche centrée sur le client. Ainsi, elles répondent aux limites que présentent les institutions financières traditionnelles.

Les FinTechs proposent des services aux particuliers ainsi qu’aux entreprises, dans de nombreux secteurs d’activités : paiement, crowdfunding, technologies infrastructures (type Blockchain), néobanques, collecte d’épargne, service bancaire, épargne etc.

Un marché en forte croissance : 1362 entreprises dans 54 pays

Si le chiffre d’affaires des FinTechs reste modeste comparé aux poids lourds de l’industrie financière, leur potentiel est considérable : en 2015, les investissements mondiaux dans les FinTechs ont atteint 12,2 milliards de dollars selon Innovate Finance, contre 4,05 milliards de dollars en 2013.

Les États-Unis concentrent plus de 80% des capitaux investis sur le marché (10 milliards de dollars), suivi par l’Europe (en particuliers le Royaume-Unis, l’Irlande et les pays nordiques), et les pays asiatiques.

En France, l’investissement sur le marché des FinTechs a fortement augmenté sur cette même période (plus de 750%), passant de 19 millions d’euros à 167 millions.

D’un point de vue sectoriel,  les entreprises de financement et de prêts (dont le crowdfunding), les start-ups autour du paiement, ainsi que celles proposant des Wallets mobiles, concentrent près de la moitié des investissements  FinTechs réalisés (respectivement 19%, 14% et 10%).  

Suivent les investissements dans  les entreprises de l’analyse de fraude (7%), les entreprises proposant du paiement entre particuliers (6%), les nouvelles banques et le mobile banking (4%).

Enfin, les 40% des investissements restant sont concentrés  sur des secteurs divers (réseau, services aux entreprises, etc.)

Entre concurrence et complémentarité de solutions

«  Les FinTechs font trembler les banques » « la guerre est déclaré » : l’arrivée des start-ups sur le marché des institutions financières, qui n’avait auparavant pas connu une véritable transformation digitale, a dans un premier temps, fait apparaître une véritable opposition entre les institutions traditionnelles et les nouveaux acteurs.

En effet, les FinTechs ont séduit environ 50% des clients de banques (moyenne mondiale), en proposant souvent des services que les banques traditionnelles n’offrent pas.

Face à ce constat, 40% des banques se consacrent à de nouvelles activités liées à l’innovation, et 56% d’entre elles vont proposer une nouvelle offre innovante dans les deux ans à venir.

Aussi,  les banques montrent un grand intérêt pour certains des secteurs de prédilections des FinTechs, comme l’analyse de donnés, le prêt, le paiement, le transfert d’argent, les crypto-monnaies, et investissent en priorité dans les innovations technologiques clés pour leur système d’information : 56% d’entre elles investissement dans les technologies Big Data et Blockchain, dans l’automatisation robotique (52%) et dans l’utilisation d’APIs ouvertes (50%).

Les FinTechs ont bel et bien poussé les banques à se transformer.

Cependant, il est impossible d’ignorer la complémentarité de ces deux types d’acteurs, où les forces des Fintechs représentent les faiblesses de la banque, et inversement :

  • Les FinTechs d’un côté ont l’avantage d’offrir une meilleur expérience utilisateur et possède une meilleur connaissance de leurs clients. En combinant l’utilisation de technologies de pointes et exploitation avancée des données, le traitement de décision devient plus rapide (par exemple, dans le cas de l’attribution d’un crédit). Elles doivent cependant encore gagner en légitimé auprès des clients, qui ont toujours plus confiance dans leur partenaires bancaires traditionnels (36,6% contre 23,6%), et doivent aussi être soumises à plus de régulation.
  • Les banques elles, ont une relation de confiance et plus durable avec leurs clients que les FinTechs, sont soumises à de fortes régulation, et ont sont profondément ancrées dans l’infrastructure financière mondiale. Elles souffrent cependant d’un retard technologique, de processus de validation trop lourd, et d’un écosystème trop cloisonné.

Un constat déjà partagé par une majorité des acteurs bancaires dans le monde : 60% des banques voient ces nouveaux acteurs comme des partenaires potentiels (partenariat ou rachat), et 39% d’entre elles pensent investir directement dans les start-ups.

29,6% des banques misent sur la création d’accélérateurs et 3% d’entre elles collaborent avec des organismes de formation.

Enfin, 18,6% des banques évoquent un éventuel rachat de FinTechs.

La France a connu certaines initiatives de partenariats entre banques et FinTechs :

  • Le rachat de Leetchi (dont MangoPay) pour plus de 50 millions d’euros par le Crédit Mutuel Arkéa, qui investit également dans de nombreuses FinTechs, dont le coach financier nouvelle génération Grisbee, et dans la plateforme d’épargne Yomoni.
  • Le groupe BNP Paribas, qui s’appuie sur l’accélérateur de FinTechs de l’Atelier du groupe, dans une logique de co-innovation et renforcement du business, et profite d’un retour d’expérience enrichissant à la fois pour le Groupe BNP Paribas, ainsi que pour les start-ups accélérées.

Si les Fintechs se sont principalement illustrées sur le marché des paiements, elles ont réussi à étendre leur offre en proposant une alternative innovante et plus compétitive aux banques, à la fois sur l’offre de banque au quotidien, ainsi que sur les services financiers nécessaires aux entreprises.

Le e-paiement, marché de prédilection des FinTechs

Depuis la fin des années 2000, les initiatives de nouveaux moyens de paiement se démultiplient : solutions de paiement en ligne ou mobile, fournisseurs de terminaux de paiement, cagnotte en ligne, paiement entre particulier, transfert d’argent, etc.

Ce marché est devenu très concurrentiel, avec une multitude d’acteurs, tel que les banques, les FinTechs, mais aussi de grands groupes (GAFA, opérateurs et constructeur téléphonique), entraînant une fragmentation du marché des paiements et un nombre d’offres trop important.

Malgré un niveau non négligeable de français prêt à adopter des moyens de paiement dématérialisé (40%), l’adoption de nouveaux moyens de paiement peut être un véritable challenge dans un pays très bancarisé, où l’utilisation de la carte bancaire est ancrée.

En 2016, la carte bancaire reste le moyen de paiement préféré des français : 95% d’entre eux l’ont utilisé au cours de l’année, avec un taux de satisfaction de 80%.

Ainsi, pour s’imposer face à l’efficacité de la carte bleue, ces moyens de paiement alternatifs se doivent de développer des services en complément des solutions de paiement, mêlant personnalisation, services et fidélisation.

Au-delà de l’expérience client, ses services génèrent un niveau de données considérable sur le client, permettant ainsi d’améliorer la connaissance client, et ouvrir de nouvelles opportunités pour monétiser les services.

En plus d’offrir ce nouveau type de service, la construction d’alliances puissantes est un élément important afin d’éviter la démultiplication de solutions (guerre des boutons).

Au niveau réglementaire, la directive PSD2 (qui entrera en vigueur en janvier 2018) a pour objectif de réguler les activités des prestataires de services de paiement et de créer un cadre harmonisé à travers toute l’Europe.

En réduisant les barrières à l’entrée pour les nouveaux entrants, cette réglementation devrait accroître le nombre de prestataires au sein de l’écosystème et renforcer la concurrence, en vue de proposer aux consommateurs un choix élargi et une transparence accrue.

Focus sur :

Le BAAS ou Bank as a Service : un moyen innovant d’offrir des services financiers

L’approche traditionnelle des banques de détail est de fournir un service end-to-end, avec une expérience, des produits et des process très intégrés. Cette approche est aujourd’hui remise en question par les FinTechs.  C’est en réponse à cette approche traditionnelle que le BaaS – Bank as a Service-  a  été créé, permettant à la banque de se réinventer, grâce à un ensemble de solutions financières pour répondre aux besoins des consommateurs.

Ce modèle repose essentiellement sur l’ouverture du système d’information grâce aux APIs ouvertes, permettant ainsi à différents acteurs de proposer leurs services financiers. Le BaaS repose également sur une forte composante technologique, à travers par exemple l’utilisation d’assistants virtuels, ou la réutilisation de données client.

Finalement, cette approche promeut la réutilisation, la standardisation, et la réduction des coûts.

Les Néobanques : une offre de banque au quotidien sur mesure 

Les banques et les plateformes se basant sur le BaaS ne sont pas les seuls acteurs à pouvoir proposer des services bancaires, et doivent aujourd’hui composer avec les néobanques.

Ces nouveaux  entrants – équipés d’agrémentation bancaire –  offrent une expérience utilisateur mobile-first, fluide et innovante, avec des services financiers simplifiés.

Une néobanque se démarque d’une banque à la fois sur l’utilisation de nouvelles technologies, mais surtout, sur la transparence et l’autonomie du client : celui-ci peut disposer d’une carte de paiement dont il peut personnaliser les plafonds, qu’il peut bloquer en cas de perte. Ses transactions apparaissent en temps réel sur son application mobile, lui permettant ainsi de surveiller son budget et de gérer ses dépenses, le tout à moindre coût.

En effet, le business model de ces startups repose souvent sur une offre peu coûteuse, voir gratuite pour les particuliers, avec la possibilité de choisir des services additionnels à carte, et finalement, ne payer que pour ce dont on a besoin.

Certaines néobanques ont aussi recours à la co-création avec les utilisateurs, afin de répondre au mieux à leurs attentes.

 

Si, dans un premier temps, les FinTechs ont porté leur attention sur l’amélioration, voir, la réinvention de l’expérience client, ces nouveaux acteurs se concentrent de plus en plus sur la recherche et le développement (exploitation et sécurisation des données, machine learning, Blockchain), afin de trouver des solutions toujours plus innovante et à forte valeur ajoutée, et ne pas juste proposer une alternative low-cost aux acteurs traditionnels.

En termes de développement international, certaines FinTech vont à l’assaut de nouveaux marchés peu bancarisés, où l’adoption de nouvelles solutions peut s’avérer plus rapide. En effet, celles-ci se tournent vers le continent Africain, où la majorité des habitants n’utilisent pas la carte bancaire et doivent souvent compter sur le paiement en espèce. Ils ont aussi largement accès aux téléphones portables (smartphone ou téléphones basiques).

D’ailleurs, des solutions de paiement mobile se sont développées depuis 2007, soutenues par des opérateurs téléphoniques comme Orange. Ces solutions présentes un véritable avantage pour les populations, et certaines initiatives ont connu un nombre importants de transactions. Cependant, le marché est encore loin d’être arrivé à maturité, et des services restent à développer.

Enfin, reste le problème d’accessibilité des banques sur le continent africain : avec 3,2 agences pour 100 000 adultes en Afrique (contre 69 en France par exemple), l’un des principaux défis des banques africaines est de créer un réseau de proximité avec les clients, en s’affranchissant des coûts élevés de l’installation d’agences bancaires.

Les institutions financières voient d’ailleurs les FinTechs comme une solution pour apporter plus d’ouverture et une meilleure connaissance de leur base client. La complémentarité de ces deux types d’acteurs et donc indéniable, et doit être mise à profit à la fois pour les clients, mais aussi pour rester dans la course face à de grands groupes comme les GAFA, ou encore les télécoms (comme le lancement d’Orange Bank très prochainement).

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