Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’Industrie et du Numérique a officiellement annoncé l’expérimentation de la technologie blockchain au sein du ministère des impôts. En effet, à l’occasion des 3èmes assises du financement participatif, M. Macron a exposé l’adaptation de la réglementation financière visant à redynamiser le marché des bons de caisse puis commenté que cette adaptation des règles financières allait ouvrir le champ des possibles et notamment l’expérimentation de la technologie blockchain.
Blockchain : La deuxième révolution numérique
Annoncée comme étant la deuxième révolution numérique après l’avènement de l’Internet, la technologie blockchain est pressentie pour changer structurellement nos modèles socio-économiques actuels. En effet, la blockchain est une technologie permettant de crypter et stocker toutes formes de transactions. Actuellement stockés dans des bases de données uniques les transactions dépendent donc du propriétaire de la base de données, cependant la blockchain est un système Peer to Peer où chaque transaction effectuée est comptabilisée au sein de blocs mis les un à la suite des autres et distribués à tous les acteurs de la chaîne. Ainsi, il n’y a pas d’organe de contrôle central et les transactions sont visibles à tous. La chaîne de blocs est de facto inviolable.
Partant , les possibilités d’applications de la technologie et les implications sont nombreuses comme par exemple « bitcoin » la monnaie électronique qui supprime les intermédiaires bancaires et décloisonne le secteur. En l’occurrence, suite à l’ordonnance du 29 avril 2016 le marché des bons de caisse vient de subir deux réformes juridiques majeures dont la simplification des cessions de titres pour en faciliter la circulation et la fin de l’anonymat pour les porteurs de titres afin de lutter contre le blanchiment d’argent. Ainsi, grâce à ces modifications réglementaires, il a été annoncé la création de bons de caisse utilisant la technologie blockchain : les « minibons » destinés aux plateformes de financement participatif.
Blockchain : La boîte de Pandore ?
Cette nouvelle eut un grand retentissement tant auprès des pro que des anti blockchain. Pour Emmanuel Macron il s’agit d’abord de « Dépoussiérer les bons de caisse et créer des minibons, pour expérimenter sur la blockchain ». Pourtant, les conséquences de ces réformes pour l’avenir du trésor public et du secteur bancaire en France vont bien au-delà pourvu que l’expérimentation des minibons soit un succès. En effet, l’utilisation de la blockchain supprime les banques qui servaient jusque-là d’intermédiaires entre les prêteurs et les PME pour les bons de caisse. De plus, le champ d’application pourrait s’étendre d’une part à d’autres types de titres bancaires et d’autre part généraliser la suppression de tiers de confiance sur les marchés financiers. En outre, d’après le site « blockchain in France » : « De façon générale, des blockchains pourraient remplacer la plupart des « tiers de confiance » centralisés (métiers de banques, notaires, cadastre…) par des systèmes informatiques distribués. »
Les innovations de rupture semblent naturellement imposer le changement aux différents acteurs de notre société. La plupart des groupes bancaires et technologiques ont déjà investi et compte investir des sommes considérables dans la blockchain, ainsi, la transformation digitale paraît de plus en plus inéluctable. Néanmoins, entre l’expérimentation et l’application le fossé reste énorme, surtout quand il est question de professions et de transactions règlementées comme les marchés financiers. Pourtant, en Suisse, la ville de Zug est la première ville au monde à accepter une crypto-monnaie pour le paiement des services de sa municipalité. C’est une véritable marque de confiance faite au Bitcoin qui nous invite à nous interroger sur l’avenir de la monnaie fiduciaire.