A l’occasion de la F8, les 12 et 13 Avril dernier, Mark Zuckerberg a annoncé le lancement de nombreuses nouveautés dont celui d’un fameux Bot Store au sein de son application Messenger. Avant de nous intéresser de plus prêt à cette nouveauté, il me semble judicieux de retracer l’évolution et le développement de la célèbre application de messagerie dont les premiers pas furent pour le moins chaotiques.
Une volonté de diversification de plus en forte
En effet, peu après son lancement à l’été 2011, Messenger avait suscité de vives réactions auprès d’une grande partie de la communauté des utilisateurs de Facebook. L’utilisateur était dès lors dans l’obligation de télécharger l’application Messenger sur son mobile pour pouvoir consulter ses messages. Pour signifier leur mécontentement, ces derniers n’ont d’ailleurs pas hésité à sanctionner l’application d’une note de 1 sur 5 sur l’App Store… Du jamais vu pour une application Facebook. Nombreux sont ceux qui y ont vu un acte dictatorial de la firme qui, toujours selon eux, se désintéressait des besoins de sa communauté tout en se déchargeant de la maintenance du code de la fonction messagerie sur l’application principale.
Mais l’ambition de la firme de Mark Zuckerberg n’était-elle pas un peu plus visionnaire que cela? D’après les évènements récents, il n’y a plus vraiment lieu d’en douter. Messenger n’a en effet eu de cesse de s’enrichir d’une myriade de fonctionnalités devenant ainsi l’un des produits les plus importants de l’entreprise de Cupertino….
Cette tendance s’est encore plus accentuée depuis que David Marcus, entrepreneur autodidacte et ex CEO de PayPal, a été nommé Vice-Président et responsable des produits de messagerie. Depuis 2014, année de sa prise de fonction, l’application est passée de 300 M d’utilisateurs à plus de 800M et est devenu bien plus qu’une simple application de messagerie classique.Aujourd’hui, en plus des messages textes, l’utilisateur peut envoyer des stickers, des photos, des vidéos, des GIFs mais aussi sa localisation et même de l’argent. Il peut également passer des appels audio et vidéo sans connaître le numéro de téléphone de son correspondant. Vous me direz que ces fonctionnalités sont assez communes et que vous pouvez les retrouver dans la plupart des autres services de messagerie… Mais aujourd’hui avec le lancement de son Bot Store, Messenger continue sa diversification et pourrait passer dans une autre dimension que celle d’une simple plateforme de messagerie.
« Le Bot Store » : KESAKO ?
Mais qu’est-ce que c’est ? Tout simplement une alternative aux Store d’applications que nous connaissons aujourd’hui. Pour expliquer le principe voici une petite mise en situation à laquelle un bon nombre pourra s’identifier.
Nous sommes un dimanche soir d’hiver et la perspective de reprendre le travail dans quelques heures n’est pas la plus réjouissante qui soit. Pour amoindrir votre humeur plutôt maussade, vous vous dîtes qu’une petite pizza devant le film du dimanche serait le remède idéal. Bien installé dans votre canapé, vous empoignez votre smartphone, vous vous rendez sur votre Store, vous téléchargez l’application d’une nouvelle chaîne de pizza que vous vouliez tester, vous créez votre compte en renseignant vos informations personnelles, (Nom, prénom, adresse mail, mot de passe, adresse de livraison, etc.), vous ouvrez votre boite mail pour valider votre compte, vous commandez votre pizza (et un petit dessert !) puis vous renseignez les numéros de votre carte bancaire que vous avez dû au préalable aller chercher dans une autre pièce… Pour les bienfaits de l’article, je me suis prêté au jeu et il m’a fallu pas loin de 7 min pour commander ma peppéroni…
Ce rituel, nous nous y sommes habitués et nous l’effectuons machinalement depuis que les stores d’applications se sont généralisés et sont devenus le référentiel sur les périphériques mobiles. Néanmoins, force est de constater que les frictions sont nombreuses entre votre volonté initiale et votre passage à l’acte. Alors comment les diminuer ? Je vous l’ai déjà sous-entendu quelques lignes plus haut : Le Bot Store by Facebook. Le principe est simple : vous allez dans l’application Messenger dans laquelle vous aviez déjà rempli toutes vos informations personnelles ainsi que votre carte bancaire lors d’un précédent achat, vous faites appel au « Bot » de la nouvelle chaîne de pizzas, vous lui passez votre commande en chattant avec lui, vous validez votre commande et la livraison est lancée.
Efficace et rapide non?
Utilisateurs et marques : tout le monde est gagnant
Si toutes les rumeurs entourant ce Bot Store sont avérées, les premiers bénéfices qui peuvent être identifiés pour l’utilisateur seraient :
- Moins de temps perdu lors du processus d’achat
- Moins d’applications sur les écrans des terminaux
- Plus de capacité de stockage disponible
- Moins de data consommées lors du téléchargement et de la mise à jour d’une application
Pour les marques, c’est aussi une opportunité qu’elles devraient assez sûrement saisir en développant rapidement leur Bot. Depuis plusieurs mois maintenant, en mettant à disposition un SDK spécifique, Facebook a déjà réussi à susciter l’intérêt de plusieurs multinationales en commençant par KLM qui est la première compagnie aérienne à proposer un service client d’un nouveau genre grâce à son Bot Messenger.
Outre l’avantage du nombre d’utilisateurs de l’application qui s’élève aujourd’hui à près de 800 millions et qui ne cesse d’augmenter, le développement d’un Bot devrait être sensiblement moins cher que le développement complet d’une application. De plus, ce Bot Store permettra aux marques d’affiner leur connaissance client en réconciliant plus facilement les données issues de Facebook et les achats fait en ligne et de pousser plus facilement et plus rapidement des opérations promotionnelles.
Vers une révolution de la navigation Web?
Avant l’annonce de Facebook, certains services de messagerie s’étaient déjà lancés dans la mise à disposition de Bot sur leur plateforme, à commencer par l’application Chinoise WeChat. Cette dernière (qui est aujourd’hui le réseau social le plus important de Chine avec près de 350 millions d’utilisateurs) propose à ses utilisateurs de faire des achats, de commander un taxi, de suivre une commande en cours, etc.
Selon Thomas Graziani, fondateur de l’entreprise WalktheChat, aujourd’hui en Chine « les gens font tout par Wechat » et c’est bien ce qui pourrait se produire pour le reste du marché mondial avec le lancement du Bot Store de Facebook… En tout cas, c’est ce que pense Ted LIVINGSTON, fondateur de la messagerie KIK qui a également lancé sa plateforme de Bot. Il va même encore plus loin en déclarant « Les messageries seront pensées comme les prochains navigateurs, les bots seront les nouveaux sites Internet. C’est le début d’un nouvel Internet ». Même s’il est encore bien trop tôt pour confirmer ou infirmer ce postulat, nul doute que le Bot Store de Facebook risque de révolutionner petit à petit la navigation mobile que nous connaissons aujourd’hui et de concurrencer fortement tous les stores d’applications…