Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue
C’est ce qu’on pouvait retenir de cette journée passée avec la famille de l’IOT (Internet Of Thing) « Made in France ». Pour sa deuxième édition, le Showroom de l’Internet Des Objets (SIDO) s’est déroulé à Lyon les 6 et 7 avril dernier, regroupant tous les acteurs français des objets connectés et intelligents. On pouvait y croiser par exemple Sigfox et Actility, deux licornes du Top 50 des entreprises européennes championnes du numérique.
Seul pré-requis : ne pas avoir le vertige ! En effet le marché de l’objet connecté devrait peser 1.900 milliards de dollars et représenter 30 milliards d’objets connectés à l’horizon 2020.
Même si les analyses prédictives ne sont vraies que pour ceux qui y croient, les résultats de celles-ci méritent quand même le coup d’œil…
Sous le haut patronage du ministère de l’économie de l’industrie et du numérique, l’événement a débuté dans un tonnerre d’applaudissements pour Shawn G. DuBravac, chief economist and director of research for the Consumer Electronics Association. S’en est suivi de multiples conférences plus intéressantes les unes que les autres et pour ne pas faire les choses à moitié, un Fablab ainsi qu’un Hackathon étaient ouverts pendant les deux jours. Le salon fut aussi l’occasion de faire quelques belles rencontres parmi les startups présentées dans la « startup Valley » de l’événement.
La Grande question du Time to Market
L’arrivée des objets connectés dans notre quotidien reçoit à ce stade un accueil timide. C’est ce qui est ressorti d’un sondage en direct par Franck M. Rinderknecht qui a posé la question « Qui dans cette salle possède un objet connecté autre qu’un smartphone ? ». Rares sont les mains qui ce sont levées. Un comble me direz vous dans un salon des objets connectés.
Emmanuel Schneider, directeur des programmes « Digitalization Acceleration » de Cisco France annonce une « transition profonde des usages de la société » mais note aussi « un décalage entre l’offre qui a déjà connu plusieurs cycles et une réorganisation profonde de la société ».
L’offre est bien là ! Et 50 startups étaient présentes sur le salon pour nous le prouver et nous convaincre de l’intérêt de leurs innovations.
Nous sommes encore aux prémices d’une courbe en S ou les « early adopters » tels que Julien Simon avec le projet AWS IOt de Amazon ont pour objectif d’évangéliser le plus grande nombre de personnes pour faire des prévisions de marché une réalité.
Shawn G.DuBravac ajoute que la question n’est pas : « Est-il possible de réaliser ce produit ? »; les technologies sont connues et maitrisées dans les trois briques qui composent l’IOT (Composant intelligent, connectivité, analyse des données en masse). Mais elle serait plutôt de l’ordre « Faut-il créer ce produit ? Et pouvons-nous concevoir une activité durable et prospère autour de ce produit ou service ? »
Enfin Alain Staron, Senior VP Digital Strategy, Véolia, explique que la réussite des objets connectés se fera aussi par une plus grande maturité des utilisateurs à la diffusion de leurs données et à la confiance que porteront ceux-ci dans l’utilisation des services proposés.
Une fois le cadre posé, nous avons pu assister à de multiples présentations dont voici une sélection des plus mémorables :
La route solaire
C’est Christophe Lienard qui a débuté le show avec la présentation de l’innovation de Colas , Leader mondial des travaux publics et de la voirie qui a eu « l’idée folle » de la route solaire (voir l’article dédié sur Transport Shaker). Et bien ça marche ! WattWay by Colas est une innovation brevetée qui permet aux routes de capter l’énergie solaire et transforme ce qui était un centre de coût en centre de profits. Des partenariats avec Tesla et son PowerWall et un projet pilote à Monaco ont été annoncés lors de la conférence.
La cuisine numérique
Philippe Crevoisier, Executive Vice-President, Products and Innovation de l’entreprise SEB, nous a présenté le futur de la cuisine à la maison. Le projet nommé « Open Food Système » vise au développement d’une solution de cuisine numérique. L’entreprise a pour ambition d’inventer une nouvelle expérience culinaire grâce à un écosystème basé sur trois piliers :
– Des contenus (recette 2.0, Digital book…)
– Des services (applications de coaching, de vente à distance…)
– Des produits connecté (poêle connectée, cocotte connectée…)
Ceux-ci au service d’une communauté surnommée « FaceCook ». Et pour garantir une cuisson parfaite de nos petits plats, SEB s’est associé avec Alpha M.O.S pour créer un nez artificiel capable d’optimiser de manière très précise la cuisson des aliments.
La « softwarisation » des industries énergétiques
La parole a été donnée ensuite à Pascal Brosset, Senior Vice-president Technology and Strategy de Schneider Electric et Vincent Champain, General Manager CE EU Digital Foudry de General Electric, qui nous ont livré une vision à la fois pragmatique et enthousiaste de l’IOT dans l’industrie.
Selon Vincent Champain le software, qui était il y a quelques temps accessoire dans la chaîne de valeur, est devenu aujourd’hui central dans un secteur ou 1% de performance supplémentaire peut peser plusieurs milliards d’euros.
Pascal Brosset parle de « Softwarisation massive » avec un nouveau challenge qui est de faire travailler ensemble des métiers qui ne se parlaient jamais auparavant. L’IOT permettra selon lui de faire converger trois notions : analyse de donnée, automatisation et énergie pour optimiser en temps réel l’activité industrielle. Cette convergence donne naissance au « marchine learning » une discipline encore récente qui ouvre de nouvelles perspectives dans la course au gain de productivité. Pour Vincent Champain l’industrie 4.0 sera basée sur le Big Data. Il parle d’une « stratégie décentralisée permettant de développer un modèle avec beaucoup de savoir-faire ». À travers l’exemple de la sélection d’une équipe de foot à l’échelle d’une salle de conférence puis à l’échelle de l’agglomération lyonnaise, puis mondiale, on voit tout à fait que les industriels ont intérêt à partager leurs données pour en décupler les gains de performance.
Alors que les « Wearables » occupent le devant de la scène, il semblerait que c’est pourtant du côté des entreprises et du secteur public que se trouve la plus grande partie des opportunités. Durant la conférence, le chiffre de 60% de part de marché du B to B à été annoncé.
Conclusion
Comme beaucoup aurait tendance à le penser, l’Internet des objets n’est pas une mode dans le prolongement d’internet. Son avènement pose beaucoup de questions et fait émerger de nombreuses théories sur les répercussions sociétales, économiques et environnementales qu’il provoque. Associé à la montée en puissance des « communaux collaboratif » du principe de « block chain », la troisième révolution industrielle annoncée par Jeremy Rifkin est sans doute déjà en marche: selon certaines sources américaines, 47% des emplois actuels pourraient disparaître dans les 10 ans à venir. Tout porte à croire qu’avec l’IOT, l’homme va être amené à s’affranchir des contraintes du travail ; Bertrand Russell, auteur de l’essai économique « l’éloge de l’oisiveté » (paru en 1932) tient peut être sa revanche…
Bel exercice qui donne envie de s intéresser plus avant a l IOT