Sentez-vous ce vent frais ? C’est bien le vent de la modernité, qui après avoir révolutionné divers secteurs d’activité, parvient aujourd’hui aux vignobles !
Les vignes sont des espaces très étendus, il s’avère souvent très compliqué et trop coûteux de les étudier : les viticulteurs ne possèdent pas les technologies nécessaires afin de les étudier correctement.
Suite à ce constat, de nombreux appareils aux usages différents mais complémentaires font leur apparition et nos vignobles deviennent 100% connectés. Ces appareils, pour la majorité, ne remplacent pas l’homme, dont le savoir demeure indispensable à la bonne production de vin, mais sont plutôt des outils « d’aide à la décision ».
Ils permettent notamment au viticulteur de récolter un ensemble de données lui permettant d’adapter son mode de production afin d’obtenir la meilleure qualité de vin possible.
Deux grands types d’outils d’aide à la décision seront présentés ici : les réseaux de capteurs ainsi que les technologies s’appuyant sur l’imagerie satellite et les drones. Ils font partie des outils les plus répandus au sein de vignobles français à l’heure actuelle.
WSN, une étude approfondie de la vigne
WSN (Wireless Sensor Network) ou réseaux de capteurs sans fil en français, est une technologie qui permet de mailler une zone afin de collecter des mesures.
Le plus souvent, à l’image du produit eKo de la société Memsic, les capteurs disposent d’une unité de
traitement plus ou moins puissante, équipée d’une mémoire interne. Les capteurs sans fil disposent d’un système sans fil permettant de transmettre les informations collectées à distance.
Dépendant des capteurs utilisés, différentes données peuvent être obtenues. Le plus souvent, ils sont utilisés afin de récolter des informations liées à l’humidité du sol, mais peuvent également fournir des informations sur l’environnement (température ambiante / sol, pression atmosphérique, pluviométrie, anémomètrie, radiations UV et solaires), ou sur les plans eux-mêmes (moisissure du sol, niveau d’hydratation des feuilles).
Les réseaux de capteurs sans fil constituent la technologie initiale dans le sens où ils fournissent des données. Par la suite, chaque utilisateur peut traiter ces données de façon différente. Les solutions les plus abouties du marché proposent parfois de coupler ces données à d’autres systèmes afin d’optimiser le traitement des données.
Un tel produit a été conçu par la société eViti. Les données sont récoltées, analysées, puis couplées à des informations fournies par une centrale météo.
Un logiciel analyse ensuite toutes ces informations en prenant en compte les spécifications de la vigne, et fournit ensuite une série de recommandations pour le viticulteur. Si seuls les systèmes les plus évolués proposent des recommandations, de nombreuses solutions de WSN permettent au producteur d’avoir accès à toutes les données récoltées, et ce depuis n’importe quel terminal (mobile via une application / tablette / PC).
Cette technologie permet de détecter les maladies les plus courantes (mildiou, oidium et botritis), mais également d’adapter son mode de production afin d’obtenir le meilleur raisin possible.
Outre cette première technologie de plus en plus utilisée, nous voyons apparaître des solutions bien plus surprenantes.
Images satellite et drones, les vignes vues de loin mais contrôlées de près
Spot-5, Formosat-2, des noms tout droit sortis du futur ! Et pour cause, ce sont les noms de deux satellites qui photographient certains vignobles, qui permettent de réaliser des cartes de la vigueur des ceps. Pour le producteur, il est donc possible de vendanger lorsque son raisin arrive à maturité optimale.
Cette technologie de précision lancée il y a 8 ans par le groupe EADS Astrium et l’Institut Coopératif du Vin (ICV) est baptisée Oenoview. Elle est basée sur les rayonnements naturellement émis par les feuilles de la vigne : via une technologie infrarouge il est alors possible de cartographier les plans en intégrant des dégradés selon les mesures calculées.
Cette technologie de pointe permet donc de garantir une récolte de qualité optimale. Elle permet également de préparer les récoltes à venir, notamment grâce à la gestion de la fertilisation au printemps, à l’entretien des sols ainsi qu’à la taille pendant la période hivernale. Des fonctionnalités également très appréciées par les producteurs.
En 2010, Oenoview avait balayé près de 6000 hectares, pour un prix allant de 50 à 70 euros par hectare, sur les 835 805 hectares français, soit un ratio de couverture inférieur à 1% !
En 2013, pas moins de 30 domaines avaient adopté cette technologie de pointe. A titre d’exemple, la cave coopérative des vignerons du Mont Tauch a pu classer l’ensemble des parcelles de ses adhérents selon deux niveaux d’homogénéïté. Les vendanges ont donc été réceptionnées et vinifiées dans des cuves séparées en suivant le même protocole. Le résultat a été spectaculaire ! La différence entre les deux vins était perceptible même pour un non spécialiste.
Farmstar, autre société présentant un outil de gestion identique, s’intéresse quant à elle aux grandes cultures, qui a ainsi balayé 440 000 hectares en 2011.
En France, les grandes propriétés aux vastes parcelles y trouvent un véritable intérêt, mais les domaines beaucoup plus exigus, eux, ne feront sans doute pas appel à ce service, l’analyse satellite n’ayant que peu de sens dans le contrôle de quelques hectares.
Plus précis et moins coûteux, des drones viennent également faire leur apparition dans nos vignobles, un excellent moyen de coupler amusement et professionnalisme !
Parfois pilotés directement depuis une tablette, c’est un moyen ludique de contrôler ses vignes.
Ces petits objets volants filment et photographient les parcelles sous toutes les coutures. Cela permet notamment de vérifier que chaque cep a bien reçu sa dose de fongicide ou encore de cartographier la vigne, à l’image des satellites.
Pour Henri Borreill, président de la société Exametrics, les drones offrent l’avantage de « différencier vigne et enherbement entre les rangées », évitant alors de « confondre le stress hydrique de la vigne avec celui de l’herbe ». Les cartes obtenues sont alors plus précises.
Pas de doute, la technologie au sein de nos vignobles a un bel avenir devant elle ! Les solutions se font de plus en plus nombreuses et les vignobles les adoptent.
Nous pouvons constater qu’à l’heure actuelle, nombreuses sont les startups et PME qui se lancent dans l’aventure en proposant des produits toujours plus innovants : les technologies sont toutefois assez récentes et le marché en pleine expansion !
Pour les producteurs, ces outils d’aide à la décision ont des usages très diversifiés et sont souvent complémentaires.
Ils fournissent des données capitales, toujours dans l’optique de cultiver le meilleur raisin possible, et permettent également d’optimiser la consommation d’eau et de produits associés à la production du raisin. Ces nouvelles technologies contribuent donc également à rendre nos vignobles plus écologiques, argument de poids pour les entreprises développant ces solutions.
Au-delà de toutes ces solutions utilisées pour étudier en détail les vignobles, la technologie est également utilisée pour tout ce qui gravite autour : robots capables de tondre au plus près des vignes ou qui analysent la qualité des grappes de raisin en évaluant le rendement des parcelles de vignes, des puces RFID pour la traçabilité des caisses de raisin, tout est fait pour que la bonne grappe atterrisse dans la bonne bouteille !