Le 20 janvier 2016, nous faisions partie des 900 visiteurs présents à la Maddy Keynote à Paris pour décrypter, comprendre, échanger et analyser 4 grandes tendances en termes d’innovation en 2016. Près d’une centaine d’intervenants ont participé à la première édition de ce sommet de l’innovation organisé par Maddyness, le magazine des startups françaises, dont Nicolas Ferrary, DG France d’AirBnB ou encore Thibaud Simphal, DG France d’Uber, qui en a profité pour annoncer l’ouverture de sa plateforme aux taxis. Retour sur les points forts et les enseignements des différentes conférences portant sur le futur de nos quatre thèmes du jour : L’Homme, le robot, la ville et le réseau.
Résumé Maddy Keynote / Compte Youtube Maddyness
Le futur de l’Homme
Avec l’avènement du numérique, l’Homme n’a cessé de voir ses capacités augmenter. Plus fort et plus intelligent, l’Homme est de plus en plus guidé par la technologie. Montres, t-shirts et même chaussures deviennent connectés pour mieux nous suivre et nous conseiller. C’est le Quantified-Self, un mouvement qui regroupe les outils (objets connectés, applications) permettant à chacun de mesurer ses données personnelles, de les analyser et de les partager.
L’Homme devient-il technico-dépendant ? Comme l’indique Benoît Jonniaux, CEO de Bloomizon, les 3 phases d’augmentation humaine ; la mécanique, puis le digital, puis la biologie ; permettrait à l’Homme d’être davantage indépendant et acteur de sa vie. Par exemple, Franck Baudino, CEO de H4D, le premier cabinet médical connecté, lutte contre les déserts médicaux en réduisant le fossé entre le patient et le médecin. Aujourd’hui, nous connaissons une médecine curative et individuelle, demain grâce au numérique la médecine pourrait devenir préventive et communautaire.
La technologie serait une extension de nous-mêmes plutôt qu’un outil asservissant l’Homme. Olivier Nérot de l’association française du transhumanisme, courant de pensée prônant l’usage de la technologie afin d’améliorer les caractéristiques des êtres humains, indique que la technologie risque de s’approprier des propriétés humaines comme la conscience ou l’émotion.
L’Homme est en train de passer des caps remettant en cause son Humanité.
Le futur du robot
La robotisation a permis à l’industrie et aux consommateurs de laisser les automates effectuer des tâches ingrates ou risquées. Le prochain défi consistera à améliorer le cerveau de la machine afin d’aboutir à une intelligence égale ou supérieure à celle de l’Homme en connectant ces cerveaux à Internet.
L’intelligence collective serait la clé du robot parfait selon Benjamin Carlu de l’Usine IO qui mentionne la notion de deep learning, une méthode d’apprentissage automatique pour les machines. Le partage d’information et de l’apprentissage permettra d’améliorer le service rendu, à l’image de Waze, l’application mobile de navigation GPS qui a la particularité de s’appuyer sur une cartographie élaborée par ses propres utilisateurs.
La robotique collaborative tend à rapprocher l’Homme et le robot pour les faire travailler ensemble, éloignant ainsi la principale crainte de remplacement de l’Homme par la machine souvent associé à la robotique industrielle. Pour Ramesh Caussy de Partnering Robotics, la robotique doit traiter des services que l’homme n’est pas capable de faire. Appelés Cobots, ces robots collaboratifs travaillent aux côtés de l’ouvrier, avec l’objectif de l’assister et non de le remplacer. Par exemple, la robotique médicale peut améliorer les techniques et la précision des gestes chirurgicaux, réduire le temps nécessaire à la rééducation et certains handicaps grâce aux exosquelettes ou prothèses bio-mécatroniques. Aussi, la robotique agricole permet une « agriculture de précision » en optimisant les rendements des investissements tout en préservant les ressources.
Pour Jérôme Laplace de Génération Robot, la robotique collaborative a donc pour vocation à combiner l’Homme et le robot, les faiblesses de l’un étant les forces de l’autre.
Le futur de la ville
Si l’on en croit les dernières estimations, le taux d’urbanisation atteindra 80% de la population en 2050. De nombreuses innovations portent sur la prise en compte de cette super-urbanisation notamment dans les déplacements des personnes avec un objectif de réappropriation des villes par les usages.
C’est donc l’usage qui primera sur n’importe quel autre aspect, notamment la possession comme l’illustrent parfaitement la présence sur le marché d’acteurs comme Uber et AirBnB. Le digital aura donc pour objectif de lier, de connecter, de devenir le maillon essentiel entre les personnes et la ville. Ceci passe par la création d’un écosystème d’objets, de bâtiments, de moyens de déplacement et de personnes connectées participant à l’intelligence collective de la ville et permettant de passer d’un mode informatif à un mode actif dans l’utilisation de ces nouveaux outils mobiles.
Pour les déplacements de personnes, Guillaume Crouïgneau, directeur exécutif de Kisio Digital chez Keolis, considère le voyageur comme le point de départ et le point d’arrivée de cet écosystème connecté. Si l’enjeu est de créer des interactions entre les voyageurs, connecter les différents moyens de déplacement l’est également. Le numérique devra donc connecter les différents moyens de déplacement afin de trouver la meilleure combinaison en fonction de la situation en temps réel.
Les prochaines innovations via les technologies digitales portent également sur les réductions des dépenses énergétiques. Avec 44% des consommations d’énergie et 40% des émissions de gaz à effet de serre, le bâtiment représente à lui seul un véritable gouffre énergétique. Pour inverser la tendance, des technologies centrées sur la compréhension des usages, une nouvelle fois, permettent de caractériser les consommations des bâtiments et ainsi d’anticiper le niveau de consommation et le type de consommation du bâtiment. C’est le cas par exemple du Smart Analyseur, le compteur électrique destiné au bâtiment du tertiaire de la start-up Smart Impulse, qui permet d’identifier chaque poste de consommation d’énergie afin d’en anticiper la consommation. En plus d’un objectif d’efficacité énergétique, ces nouvelles technologies sont un véritable levier d’économie, 15% dès la première année pour les bâtiments équipés du Smart Analyseur.
Le numérique et les méthodes qui en découlent vont permettre d’acquérir une réelle compréhension des usages des personnes qui composent l’écosystème connecté de la ville.
Le futur du réseau
La mise en réseau des personnes via les technologies numériques a fait surgir un nouvel enjeu pour les personnes, les entreprises, les pays : la « data ». En effet, la data est au centre de toutes les préoccupations tant en termes de sécurité que de valorisation devenant un véritable vecteur de croissance.
La généralisation des réseaux 3G et 4G (et demain 6G !) n’est pas perceptible pour tout le monde. En effet, seulement 40% de la population est considérée comme « connectée » sur la planète. La question qui se pose est : Et les autres ? Certains acteurs s’attèlent à ne pas oublier ces « non-connectés » avec des modèles d’innovation basé sur l’économie du développement tel que l’innovation frugale. C’est le cas de la start-up BeBound qui grâce à un algorithme de compression de données permet d’avoir accès à internet quel que soit la qualité du réseau (même via le réseau sms). Cette application d’optimisation du réseau existant, qui se limite aux données texte, est à destination des pays en voie de développement dont le déploiement en équipement smartphone est bien plus rapide le déploiement du réseau associé.
La mise en réseau des personnes via les objets connectés concerne avant tout l’entreprise, en effet on y décompte 80% de l’activité économique des objets connectés. Pour Alain Petrissans, d’IDC France, deux enjeux sont soulevés par cette connectivité des personnes dans l’entreprise : la sureté, c’est-à-dire la capacité de l’outil connecté à bien fonctionner, surtout dans un usage métier, et la sécurité, pour les données personnelles générées par l’utilisation de ces outils connectés. Isabelle Flory, d’Intel, a appuyé l’importance d’avoir un cap, une gouvernance dans le traitement de cette masse de données générée par ces gateways représentées par les personnes et leurs outils connectés.
Dans cette masse de data générée par cet écosystème hyper connecté, celle-ci peut paraître insaisissable à la compréhension de l’Homme. Il est donc nécessaire de construire des systèmes rendant cette masse plus saisissable pour l’homme par des interfaces Hommes / Data appropriés. La start-up Dataveyes a pour objectif de construire des systèmes plus cognitifs pour l’humain par une compréhension des données via une meilleure visualisation et segmentation des données, une logique informationnelle et émotionnelle de transmission des données ce qui laisse l’opportunité de faire des recommandations, et d’emporter une réelle adhésion. Le plus important est de savoir où on va et ce qu’on veut faire dire à ces données.
Créer une disruption, c’est l’objectif des acteurs que nous avons rencontrés lors de cette manifestation de l’innovation, start-up, grands groupes et tous secteurs confondus, celle-ci ayant pour principale vocation d’améliorer notre compréhension de nos usages.
Rendez-vous en janvier 2017 pour la deuxième édition de la Maddy Keynote !