Pourquoi une plateforme e-commerce a-t-elle plus de chances de réussir au Danemark qu’en Italie ? Quels facteurs brident l’économie numérique d’une nation ? Quels sont ceux qui la stimulent ?
Plusieurs entités ont tenté d’apporter des réponses à ces interrogations complexes, à l’aide d’outils, appelés « index », théorisant la question « comment quantifier le bien-être du secteur du Digital d’un pays ? »
Un seul objectif, plusieurs méthodologies. Varions les plaisirs : nous nous intéresserons en premier lieu à une étude menée par le cabinet de conseil BCG, puis celle réalisée par la Commission Européenne, avant de conclure par une approche universitaire.
L’E-frictions Index du Boston Consulting Group
Commandité par l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (INCANN), autorité de régulation de l’Internet, le BCG a été consulté en 2014 afin de construire une méthode de comparaison de la performance digitale des pays.
Son nom ? L’e-frictions index, dont l’objectif est d’identifier les freins qui prohibent une nation de participer pleinement à la révolution digitale.
L’index est composé de 55 indicateurs, regroupés en 4 typologies de facteurs :
- L’infrastructure : facilité d’accès à internet, qualité de la bande passante, coût moyen pratiqué par les FAI… (Poids 3/6)
- L’industrie : facteurs liés aux entreprises et aux raisons qui les empêchent de tirer pleinement avantage du monde numérique (1/6)
- L’individu : facteurs tels que la qualité de l’éducation, la confiance dans les établissements bancaires digitaux… (1/6)
- L’information : facilité d’accès à du contenu digital propre au pays. On retrouvera notamment le nombre de tweets et le nombre de pages Wikipédia rédigées dans la langue du pays étudié.(1/6)
Somme de 55 indicateurs, l’index e-frictions présente une synthèse des freins au développement digital d’un pays.
Plus le score est élevé, plus la situation s’avère problématique. La Suède, avec un score de 19 arrive ainsi première de ce classement réalisé sur 65 pays à travers le monde. Le Nigeria, bon dernier, écope quant à lui d’un score de 82.
Le Digital Economy and Society Index (DESI) de la Commission Européenne
La Commission Européenne a souhaité, elle aussi, produire un index, reflétant la santé digitale des nations.
Cet index, le Digital Economy and Society Index (DESI) est construit autour de 5 dimensions :
- La connectivité : on évoque l’infrastructure et la qualité de la bande passante
- Le capital humain : allant des compétences basiques comme naviguer sur internet, aux compétences plus techniques utilisées par les professionnels du numérique
- L’utilisation d’internet : dimension mesurant la variété des activités qui peuvent être poursuivies en ligne (e-commerce, banque en ligne…)
- L’intégration des technologies numériques : intégration des nouvelles technologies par les entreprises et exploitation des canaux de vente numériques
- Le digital au sein du service public : intégration du numérique dans le gouvernement, performance de l’e-santé…
Résultats peu surprenants, le DESI identifie le même trio de tête que l’index e-frictions : Danemark, Suède & Finlande.
Le DESI, établi en 2014, est recalculé chaque année par la Commission Européenne, et permet ainsi de quantifier la progression annuelle du digital au sein de l’UE.
Le Digital Evolution Index (DEI) de la Fletcher School (Tufts University)
Suivant une approche plus évolutive, le DEI, pour « Digital Evolution Index », a été fondé sur des données collectées entre 2008 et 2013, et permet de compléter la vision statique d’un score en la doublant d’une étude de son évolution au cours du temps. Le DEI, sorte de devin du destin numérique des nations, est basé sur 4 facteurs :
- La demande : le salaire moyen national, le pourcentage de la population ayant accès à Internet…
- L’offre : la performance des technologies, l’infrastructure des outils transactionnels…
- Les institutions : les politiques gouvernementales, l’accès à l’e-commerce…
- L’innovation : la facilité de création de start-up…
Ce score DEI et son évolution entre 2008 et 2013 ont permis de regrouper les pays étudiés en 4 groupes : Stand Out (« Les pays qui se détachent ») / Break Out (« les pays qui s’échappent ») / Watch Out (« les pays qui doivent se méfier ») / Stall Out (« les pays qui calent »).
On observe que des pays comme les Pays-Bas ou la Finlande, souvent présentés comme les pays les plus performants, voient leurs scores DEI stagner ou décliner au fil des années. A l’inverse, des pays comme la Chine ou la Malaisie, obtiennent des scores DEI faibles, mais en forte progression. Enfin, quelques pays « champions », à l’image de Singapour, présentent un DEI élevé et continuent de s’améliorer.
Numéricocorico : Et la France dans tout ça ?
Le verdict est tombé, et la France est loin d’être exempte de tout reproche…
Classée 19ème sur 65 par le BCG, la France est lestée par son infrastructure jugée décevante. 15ème sur 28 au DESI, les boulets de la France sont sa faible proportion d’individus reliés au débit à très haute vitesse, son usage (relativement) faible des outils de communication digitaux (réseaux sociaux et appels vidéo) ainsi que la sous-performance de ses PME dans la vente numérique à l’étranger.
Enfin, le score français au DEI n’est guère plus flatteur : la France appartient au groupe des « Stall Out », ces pays qui « calent ». Bien que dotée d’un DEI correct, la France semble donc destinée à être dépassée par ses concurrents internationaux…
Mais alors, de quelles initiatives la France doit-elle s’inspirer pour faire face à ces résultats préoccupants ? Quelles sont donc les best practices nordiques qu’elle pourrait adopter ?
Toutes ces réponses (et bien plus encore !) sont adressées par DigitalCorner dans la seconde partie de cet éclairage… à lire ici !