Comment les nouvelles technologies modifient-elles notre accès à la connaissance ?

L’univers informatique est devenu une composante clef dans notre quête d’informations. Mais si le savoir est aujourd’hui accessible en quelques clics, des changements structuraux fondamentaux sont à prévoir dans notre manière d’enseigner, d’apprendre et d’administrer les dispositifs éducatifs. Une véritable révolution est en marche pour réinventer la pédagogie de demain.

« Un milliard d’euros sur trois ans » pour le numérique à l’école. C’est le budget prévu par François Hollande pour faire de la France un pays leader de « l’e-enseignement ». Dès 2018, tous les élèves devront disposer d’un outil numérique afin de faire entrer l’école dans l’ère du digital. Alors que la connaissance était historiquement portée par les enseignants frileux à l’idée d’aborder les supports informatiques dans la diffusion des connaissances, de nouveaux acteurs et de nouveaux outils sont en train de faire leur apparition, modifiant complétement nos méthodes d’apprentissage. Ces nouveaux dispositifs de formation ont plusieurs objectifs :

  • Imaginer des usages à valeurs ajoutées des TICe (Technologie de l’information pour l’enseignement), et de la communication et du numérique.
  • Profiter des TICe pour repenser l’enseignement traditionnel
  • Adapter l’apprentissage aux nouvelles habitudes des apprenants hyper-connectés

 

Pour répondre à ces objectifs, découvrons les méthodes d’apprentissage 2.0

 

La sérendipité, accéder au savoir, par hasard

Google et Wikipédia ont indéniablement changé notre manière de collecter des informations. Pour la préparation d’un devoir, l’enjeu pour l’apprenant n’est plus aujourd’hui de rechercher dans des livres et de synthétiser ses résultats mais plutôt de reprendre les informations trouvées sur internet après avoir indiqué les mots clefs dans un moteur de recherche. Cette méthode, longtemps jugée ambigüe car perçue comme un élément ne favorisant pas la réflexion personnelle de l’élève conduit bien souvent, au hasard des pages internet, à la découverte de nouvelles informations grâce à la sérendipité.

La sérendipité désigne le fait de trouver par hasard une information intéressante, sans que celle-ci ait été l’objet de la recherche initiale. L’essor d’internet a significativement conduit au développement de cette pratique dans notre accès à la connaissance. La plupart des sites de contenus cherchent à élargir le nombre et le type d’informations disponibles en vous proposant des publications suggérées. En effet, il n’est pas rare de commencer ses recherches sur internet sur un sujet bien précis pour se retrouver au fil des clics sur une toute autre page web. Cette pratique conduit bien souvent l’internaute à découvrir un contenu dérivant de sa recherche initiale conduisant à un accès à la connaissance guidé par sa curiosité.

Ce n’est donc pas l’information finale en soit mais bien le parcours pour y accéder et les nouvelles possibilités qui en découlent qui a modifié notre rapport à la connaissance. Si la sérendipité modifie instinctivement notre manière de récupérer des informations sur le web, certains changements structuraux fondamentaux sont à mettre en place pour organiser et assimiler efficacement ces nouvelles informations.

Le « self-improvement », un nouveau rapport à l’apprentissage

A l’heure où le cours académique est bien souvent jugé trop théorique et susceptible de provoquer l’accroissement des inégalités sur les bancs de l’école, l’intérêt des nouvelles technologies repose sur une source d’outils de self-improvement, c’est-à-dire qui permettent d’améliorer nos connaissances dans un domaine particulier de manière autonome. En plus de permettre à chacun d’apprendre à son rythme, il est généralement présenté sur un support ludique au travers un parcours individualisé d’e-learning.

C’est la personnalisation, la gamification et l’autonomie de l’apprenant dans cette nouvelle forme d’apprentissage qui modifient considérablement l’accès à la connaissance par les nouvelles technologies.

C’est sur ce modèle de pédagogie que mise l’école 42, fondée par Xavier Niel qui accueille de nouveaux étudiants issus de tous les milieux. La stratégie pédagogique consiste en effet à ne proposer aucun cours magistral mais compte sur l’autonomie et la curiosité de ses apprenants pour un apprentissage construit en mode projet : l’apprentissage 2.0.

C’est également la promesse des MOOCs (Massive Open Online Courses) qui permettent aux étudiants d’apprendre via des vidéos transmises par des enseignants pour une éducation à la carte. Ils constituent une nouvelle méthode d’apprentissage dominée par des acteurs privés tels que Coursera qui maîtrise largement le sujet avec plus de 14 millions d’utilisateurs.

Le e-learning ou le plaisir d’apprendreMOOC_lamiot_cc_by_sa

 Si l’e-learning a fait son apparition à la fin des années 1990s, malgré le développement des MOOCs, et autres concepts éducatifs innovants, son insertion dans le monde professionnel en est encore à ses débuts. En effet, depuis sa création, qui avait pour objectif de favoriser la diffusion du savoir grâce à la technologie, le concept a évolué : ce n’est plus la diffusion de la connaissance mais plutôt le plaisir à l’appréhender qui fait de l’e-learning une réelle révolution dans notre accès à la connaissance.

Apprendre tout en s’amusant a des avantages multiples : en plus d’augmenter la motivation des apprenants, cette approche pédagogique permet des mises en situation très proches de la vie réelle afin d’évaluer des compétences beaucoup plus complexes telles que le savoir-faire mais aussi le savoir être. Elle permet également d’interagir au sein d’une communauté et donc de ne pas négliger l’humain malgré l’utilisation des nouvelles technologies.

C’est la force de 360learning, entreprise numérique proposant une plateforme LMS (Learning Management System) qui souhaite maximiser la collaboration entre apprenants et collaborateurs. Selon son président Nicolas Hernandez, c’est l’implication très forte des apprenants et des formateurs qui animent la communauté qui fait la réussite de cette plateforme d’e-learning grâce au maintien d’un environnement humain qui reste en permanence autour du cycle d’apprentissage.

L’éducation collaborative : favoriser l’humain et partager ses connaissances

 C’est également sur ce concept que fut créé Oppia, un nouveau service éducatif proposé par Google. Cette plateforme d’apprentissage, actuellement disponible en bêta et en version anglophone uniquement devrait s’enrichir très rapidement  si elle parvient à trouver son public.

Cette méthode d’apprentissage collaborative devrait permettre à chaque détenteur d’un compte Google de pouvoir créer ou suivre un cours en fonction de ses compétences et de ses besoins. Si cette plateforme d’e-learning en est encore à ses débuts, elle lève le voile sur une toute nouvelle manière d’aborder l’accès à la connaissance : le partage de connaissances entre internautes.

L’initiation à l’usage des nouvelles technologies : une nouvelle priorité pédagogique ?

8540535352_cb0702f1a0_mL’essor des nouvelles technologies a indéniablement permis de réduire la fracture sociale dans l’accès au savoir, conduisant à une nouvelle forme d’humanisme. Néanmoins, si l’utilisation des ordinateurs et d’internet est en nette augmentation notamment chez les jeunes, les compétences informatiques générales se cantonnent bien souvent à l’utilisation de Google, Instagram et autres réseaux sociaux. La mise à profit de cet accès à la connaissance en tout lieu et pour tous les usages reste par ailleurs limitée. Nous sommes encore bien loin de la classe inversée présentée par le magazine Forbes qui prévoit pour 2025 de laisser l’élève apprendre en toute autonomie de chez lui pour s’entrainer en classe sur des exercices.

L’initiation précoce aux techniques informatiques doit avant tout permettre de répondre à deux enjeux majeurs :

  • Permettre aux élèves de comprendre au mieux le monde qui les entoure pour devenir des acteurs du numériques.
  • Permettre aux élèves de pouvoir prétendre à des typologies de poste en plein développement qui répondent aux besoins actuels de la société et qui requièrent la maîtrise de certains savoirs informatiques.

Fournir des tablettes aux élèves est donc une première étape dans l’accès au numérique dans les écoles, mais cette véritable révolution du système éducatif doit impérativement passer par une formation au numérique pour permettre à l’ensemble des Français de tirer profit de cette pléthore d’informations. Ainsi, si les nouvelles technologies ont indéniablement favorisé la diffusion du savoir, elles ont aussi chamboulé des méthodes d’enseignement ancestrales qu’il convient de renouveler. Il faut donc adapter ce qui fonctionne en physique au numérique en maximisant l’aventure sociale. A l’heure où les apprenants veulent tester, réagir et interagir, les nouvelles technologies ne peuvent se passer d’un environnement humain, collectif et social pour un accès à la connaissance optimal.

 

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