En 2020, il y aura entre 50 et 200 milliards d’objets connectés dans le monde. Cette révolution qui reflète le futur des communications et de l’informatique est basée sur des objets aux fonctionnalités innovantes mais aussi et surtout des technologies de plus en plus performantes :
- De nouveaux processeurs permettant des puissances de calcul démultipliées
- De nombreuses normes de connectivité rendant possible une couverture sans fil optimale de l’ensemble des territoires
- Des capteurs intelligents miniaturisés
L’IoT (Internet of Things) c’est l’émergence d’un monde physique digitalisé où les objets interagissent entre eux et génèrent des quantités de données exponentielles. Dans cet internet étendu, les entreprises vont devoir analyser et tirer profit des données pour faire vivre des services révolutionnaires aux utilisateurs. En 2020, 27% de toutes les données seront générées par les objets connectés.
Un marché prometteur…
De la brosse à dents à la voiture connectée, les objets intelligents vont inonder le marché dans les années à venir. Embrassant cette tendance, des bracelets intelligents ont fait leur apparition au poignet de nombreux individus, leur permettant de suivre leur activité quotidienne, la qualité de leur sommeil, leur niveau de stress, etc. Les perspectives sont encourageantes, 13 millions de ces bracelets pourraient être vendus en 2017. De nombreuses entreprises souhaitent prendre part à cette explosion du marché. Parmi elles, la société française Withings ainsi que des mastodontes de l’IT qui développent des OS spécialement pour l’IoT. Apple a d’ailleurs déjà vendu 4.2 millions de montres connectées au 2ème trimestre 2015. De son côté, Microsoft a récemment lancé Windows 10 pour l’IoT à destination des développeurs informatiques. Cette version est dédiée à l’internet des objets. Elle permettra d’optimiser les connectivités sans fil et acceptera de nouveaux langages de développement spécifiques aux objets connectés. Google suit le mouvement en développant un OS dédié aux objets connectés et très peu consommateur en mémoire : Brillo.
… pour un futur à la frontière de la science-fiction
Imaginez un réfrigérateur intelligent… Pendant votre journée au bureau, il scanne l’ensemble de son contenu et conclut que vous manquez de ces mousses au chocolat que vous adorez tant déguster en rentrant du travail. Il envoie alors automatiquement une commande au magasin le plus proche. Puis, un message à votre drone, qui se charge de les récupérer en toute autonomie. De retour chez vous, vous pouvez remercier vos objets connectés et déguster votre gourmandise préférée. Dans un futur plus proche, ces innovations devraient permettre au grand public de bénéficier d’un cadre de vie plus intelligent et écoresponsable. Des initiatives de « villes intelligentes » (ou Smart Cities) sont lancées partout dans le monde. Par l’utilisation de technologies digitales, l’objectif est d’améliorer la qualité et la performance énergétique des villes, réduire les coûts et développer l’urbanisme de façon responsable (voir notre article sur l’état des lieux des smart cities à la française). Cela passe par exemple, par l’amélioration du trafic routier via des capteurs intelligents ou encore l’optimisation de l’éclairage public en suivant la fréquentation nocturne de certains quartiers. C’est ainsi que d’ici 2020, plus de 100 millions d’ampoules intelligentes seront en service dans le monde (contre 2.4 millions en 2013).
L’IoT va faire évoluer les entreprises…
Selon le cabinet Deloitte, près de 60% des bénéfices du marché des objets connectés en 2015 proviendra des entreprises. De nombreuses activités vont gagner en efficacité, dont entre autres :
- L’optimisation des chaines logistiques
- La gestion fine des rythmes de production grâce aux usines connectées
- L’anticipation des pannes mécaniques grâce à des flottes de véhicules connectés
… et des secteurs économiques entiers vont être transformés
L’IoT va avoir un impact considérable sur l’économie des entreprises, en améliorant leur efficacité et surtout, en générant de nouvelles formes de revenus. À l’horizon 2020, le marché des solutions IoT représentera 7.100 milliards de dollars. Les modèles économiques de nombreuses entreprises vont être remis en question. Il est aujourd’hui essentiel pour les entreprises de comprendre comment l’Internet des objets va transformer leur business model et celui de leur industrie, voire même de leur secteur. L’assurance, l’énergie, la santé font partie des secteurs qui seront les plus impactés. Par exemple, les constructeurs automobiles pourraient se positionner sur le marché de l’assurance : grâce aux véhicules connectés et leurs multiples capteurs, ils ont la capacité d’enregistrer des informations sur le comportement routier, la fréquence de conduite, la typologie de déplacement qu’effectuent leurs clients. Analysées, ces données sont stratégiques et le constructeur automobile devient l’acteur le plus à même de proposer un service complémentaire d’assurance en direct à son client. Les compagnies d’assurance ne seront alors plus qu’un intermédiaire du constructeur. D’ici 2018, 420 millions de voitures devraient rouler connectées. L’écosystème digitalisé de l’IoT va donc briser les frontières entre les services et les industries. La collecte massive de données et leur analyse vont permettre à certains acteurs d’évoluer vers de nouveaux marchés en bénéficiant d’information stratégique sur les utilisateurs. Cette exploitation fine des données utilisateurs va également permettre aux fournisseurs de délivrer de nouveaux services plus pertinents et en totale adéquation avec les attentes des clients.
Les entreprises françaises sont déjà bien placées…
Comme déjà évoqué dans un article du 07 août dernier, la France souhaite prendre part à cette révolution industrielle. Le Ministère de l’économie fait la promotion d’une politique économique ambitieuse en faveur d’une réindustrialisation de la France via le numérique. Dans ce sens, le Président François Hollande a récemment inauguré une cité dédiée à l’IoT : la Cité de l’objet, à Angers. C’est même le plus grand centre européen du secteur (en attendant la Halle Freyssinet en 2016), il héberge une soixantaine de startups prometteuses. Cette FrenchTech se révèle dynamique et ambitieuse (La FrenchTech est le nom donné à l’écosystème de startups français). Une preuve de cette place particulière: au Consumer Electronics Show de Las Vegas (CES) en Janvier dernier, les entreprises françaises furent représentées par une centaine de stands (sur 350 stands d’entreprises non-américaines).
… mais globalement, de nombreux défis restent à relever
En plus de la transformation de leur modèle économique, des problématiques inhérentes à la digitalisation et à la massification des données vont devoir être traitées par les entreprises.
Réussir à monétiser les informations
Aujourd’hui, moins d’un tiers des entreprises génèrent des revenus de leurs produits connectés. Elles ont des difficultés à tirer profit du Big Data par un manque d’infrastructure et/ou de compétences techniques. Plus que stocker les informations, le challenge est de réussir à tracker les données puis les analyser. Cette quantité d’information ne résulte pas toujours de décisions optimales.
Choisir un écosystème de données
Les entreprises devront également faire le choix d’un monde fermé ou ouvert. Un environnement fermé leur permettrait de mieux protéger leurs données mais pourrait empêcher l’objet d’échanger avec des outils tiers, perdant ainsi l’un des avantages de l’objet connecté. De grands acteurs technologiques se sont déjà positionnés. IBM prévoit un investissement dans l’IoT de 3 milliards d’euros entre 2015 et 2017. Cisco investit également 1 milliard de dollars dans la création d’une plateforme dite interCloud. Les géants de l’internet Alphabet et Facebook pourraient aussi être les futurs agrégateurs de données de ce nouveau monde digitalisé.
Renforcer la sécurité
La multiplication des objets connectés agrandit la surface d’attaque pour les cybercriminels. 80% des objets connectés présentent de potentielles failles de sécurité. Beaucoup de ces objets sont conçus par de petites entreprises qui privilégient le time to market à la cyber-sécurité. Ils sont vulnérables au détournement d’informations et d’utilisation. Les récentes démonstrations de prises de contrôle de véhicules Jeep à distance montrent tout le risque posé par cette sur-connectivité… Ces failles sont autant de menaces sur la protection de la vie privée des utilisateurs. Dans un monde ultra-connecté, nous devons apprendre à mieux protéger nos données.
Un virage à ne pas manquer
L’attrait du grand public pour le digital et l’efficacité générée par les objets connectés doivent pousser les entreprises à prendre le virage de l’IoT. Un virage technologique mais aussi stratégique car les secteurs et industries vont être bouleversés par la création de cet écosystème de données étendu et mondialisé. Les entreprises vont voir leur modèle économique se transformer dans les prochaines années et doivent dès à présent prendre des positions pour ne pas se faire dépasser. En France, nos startups sont bien parties et de belles réussites devraient émerger.