A l’ère du Web 2.0, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir acquis le « réflexe internet ». Le réflexe internet, c’est penser instinctivement à utiliser internet pour réaliser une action. Il nous suffit de trouver de quoi nous connecter et toute information ou action est à portée de main.
Quelques exemples d’actions quotidiennes pouvant être réalisées par internet :
- Déclarer ses impôts
- Faire les courses de la semaine sans faire la queue au super marché
- Trouver une baby-sitter pour ce soir
- Acheter et imprimer ses places de concerts
- Discuter, partager, échanger, téléphoner
C’est sur ce dernier point que va se porter notre intérêt. Il nous est possible aujourd’hui de communiquer en vidéo via internet par divers moyens, dont l’un des plus célèbres est Skype. Cela dit, la grande majorité de ces outils de communications temps réel ont un point commun : ils nécessitent l’installation d’un logiciel client et la création d’un compte pour être utilisés. Disons-le franchement, cela complexifie sérieusement la tâche pour joindre grand-mère…
Si l’on pouvait s’affranchir de ces étapes, les communications temps réel ne serait-elle pas bien plus évidentes, bien plus instinctives ? C’est le pari de l’IETF et du W3C avec WebRTC.
Qu’est-ce que WebRTC ?
WebRTC est la forme contractée de Web Real Time Communication ou en français communications web en temps réel. RTC est à ne pas confondre avec l’acronyme français Réseau Téléphonique Commuté, bien connu des téléphonistes, désignant le réseau téléphonique historique.
WebRTC est le nom donné à une interface de programmation Javascript permettant d’établir des communications de données, audio et vidéo en temps réel de manière simple et intuitive. Une interface de programmation Javascript ? En quelques mots, nous pouvons retenir qu’il s’agit d’un ensemble fonctions qui seront comprises et exécutées par votre navigateur internet, en toute indépendance. Ce point est particulièrement important : il va nous affranchir d’installation d’outils supplémentaires de type Java Virtual Machine ou autre plugin activeX divers et variés…
Votre navigateur va donc gérer ces communications sans nécessiter de composant supplémentaire, ce qui est un considérable pas en avant pour l’utilisateur amateur de simplicité (ce qui représente, à peu de choses près, tout le monde).
Techniquement, comment ça se passe ?
Afin qu’une communication se déroule correctement et soit comprise de part et d’autre, les parties doivent adopter un langage commun. Dans notre cas, mon navigateur et celui de mon interlocuteur (qui peuvent donc ne pas être les mêmes) vont respecter un protocole de communication commun pour assurer notre échange. Le rôle de WebRTC est d’assurer cet échange. Aujourd’hui, ce langage est inégalement supporté par les plus grands navigateurs :
Comme nous pouvons le constater, Microsoft avec Internet Explorer et Apple avec Safari ne supportent pas la technologie pour le moment. Notons qu’il est possible de suivre la progression du développement de WebRTC au sein des différents navigateurs sur la page Is WebRTC Ready Yet.
Décrivons maintenant le scénario d’une communication :
- Pour commencer, un premier utilisateur se connecte à un serveur WebRTC.
- Le second utilisateur se connecte à son tour et le serveur réalise une mise en relation en utilisant des données de dites de « signalisation ».
- Enfin, le serveur met en relation directe les deux utilisateurs afin que les flux de données utilisent le chemin optimal (et ainsi, conserver une qualité d’appel maximale).
Un schéma est souvent plus parlant qu’un long discours :
Passons à la pratique !
Vous souhaitez tester ? Très simple ! Talky est un outil de communication vidéo en ligne qui met en oeuvre la technologie WebRTC.
Pour tester Talky, il vous suffit de :
1 – Vous rendre sur https://talky.io/, entrer le nom de la salle que vous souhaitez créer puis la rejoindre :
2 – Trouver un volontaire disposant du navigateur Google Chrome ou Firefox installé sur sa machine (quelle qu’elle soit : téléphone, tablette ou PC avec webcam).
3 – Indiquez lui d’entrer dans la barre d’adresse de son navigateur « https://talky.io/[nom_de_votre_salle] » puis de cliquer sur « Join »
Vous êtes maintenant en conversation audio / vidéo avec votre interlocuteur !
Quels usages pour demain ?
Nous connaissons maintenant les possibilités de WebRTC en termes de simplifications des communications temps-réel sur internet. Concrètement, que pourrons-nous faire demain ?
- A la maison, c’est pouvoir communiquer très facilement avec mamie qui « ne comprend pas très bien les ordinateurs ».
- Tout développeur pourra intégrer à son site ou application web de manière simple des capacités de communication audio et vidéo.
- Pour les petites entreprises, c’est rendre financièrement accessible un service de visioconférence et autres fonctionnalités collaboratives tels que le partage d’écran.
- Pour les universités, c’est faciliter l’accès à la formation à distance.
- Pour les grands comptes, cet outil pourrait permettre d’exploiter un nouveau canal de communications pour les clients vers leur fournisseur. Par exemple, aller à l’agence pour modifier mon contrat d’assurance ? Oui, mais pourquoi pas depuis mon canapé, sur ma tablette ?
- De grands éditeurs tels que Microsoft se penchent sur la technologie pour proposer des services de visioconférences totalement intégrés au navigateur, simplifiant grandement le déploiement aux utilisateurs.
Les principaux freins à l’adoption d’une technologie par le grand public est sa complexité de mise en oeuvre, sa complexité d’utilisation ainsi que les problèmes fréquents qui nuisent à l’usage. Pour lever ces freins, WebRTC mise sur l’interopérabilité native afin que chacun puisse démarrer une communication sans se soucier de contraintes techniques. S’il devient aussi intuitif de démarrer une communication vidéo que d’envoyer un SMS, il y a fort à parier que ces communications soient employées à grande échelle, et ce, dès demain. Concluons par un petit jeu qui confirme la tendance : essayez de trouver aujourd’hui un équipement multimédia connecté qui ne soit pas muni d’un micro et d’une caméra frontale ? Le smartphone… non. La tablette… perdu. Le PC… encore non. La télévision ? Je vous l’accorde, mais ce n’est qu’une question de temps !
Bonjour,
Article très intéressant et démo TALKY très convaincante .. quel dommage qu’il ne s’agisse pas d’un acteur Français ! 🙂
Et justement, connaitriez vous des acteurs Français compétents en la matière ?
Bien à vous,
L. Dufour