Smartphones et objets connectés sont un progrès pour la médecine. Ces appareils équipés de capteurs permettent de mesurer certaines informations comme la tension, la fréquence cardiaque, ou l’activité physique et de les envoyer à une application mobile via son smartphone. Ces objets connectés permettent d’offrir au plus grand nombre des appareils de diagnostic parfois coûteux et encombrants.
Pour autant, les offres d’objets connectés et d’applications se multiplient comme un bouillon de culture. Tous les objets connectés participent-ils à l’amélioration de notre santé ?
Des utilisateurs avides
Les objets connectés liés au « quantified self » et à la santé ont fait leur apparition il y a quelques années déjà. Les appareils grand public comme les bracelets connectés Up de Jawbone ou Fitbit qui mesurent l’activité physique, la fréquence cardiaque ou la qualité du sommeil sont des produits phares. Selon une étude du cabinet américain Canalys, il va s’en écouler plus de 11 millions en 2015 dans le monde. Un engouement qui se vérifie également dans certains sondages. Dans une récente étude réalisée par le site 1001Pharmacies.com et citée dans un article du site lemondenumerique.com, 99% des sondés ont manifesté un intérêt pour les objets connectés. Et alors que beaucoup d’entre nous pensent en premier à leur application dans la vie quotidienne, les transports, les appareils domestiques, le confort, 65% des personnes interrogées ont déclaré qu’elles les utiliseraient dans la prévention de certaines pathologies.
Une source d’inquiétude principale : l’utilisation des données médicales par des tiers
L’adoption massive des objets connectés reste cependant freinée principalement par la crainte de l’utilisation des données enregistrées et transmises. L’usage des données est une véritable source d’inquiétude, y compris pour les personnes déjà équipées. 70% des personnes interrogées dans l’étude commandée par 1001pharmacies.com sont inquiètent au sujet de l’utilisation de leurs données de santé. Une inquiétude qui ne relève pas de la pure paranoïa. Comme souvent dans les produits et services liés aux nouvelles technologies, les usages se sont développés rapidement. Un engouement que le législateur n’a pas anticipé. Aucune loi spécifique ne s’impose donc aux entreprises qui fournissent ces services de bien-être et de santé. A l’heure actuelle, ce type de données est donc protégé uniquement par les règles générales sur les données personnelles prévues par la France et l’Union Européenne. A la vue des résultats de l’étude de 1001pharmacies, les utilisateurs doivent être rassurés avec des garanties supplémentaires pour assurer la sécurité et la protection de ces informations de santé. La protection des données n’est pas le seul risque associé à l’usage d’objets connectés.
Comment évaluer la fiabilité du diagnostic ?
L’efficacité des objets connectés n’est apparemment pas un sujet de préoccupation du point de vue des patients. Il peut cependant être utile de s’interroger sur la confiance à accorder à une application publiée sur l’Appstore ou Google Play en matière de conseil ou de diagnostic. Même sur les données les plus basiques, comme la fréquence cardiaque, comment garantir que les conseils prodigués par une application sont adaptés à l’état de santé réel d’une personne ?
Plus de 100 000 applications de santé sont présentes sur les stores. Un service d’évaluation des applications publiées par les stores a été lancé par un médecin, le docteur Guillaume Marchand, président de DMD Santé. Le constat est sans appel, sur 8000 applications étudiées, à peine 500 ont été jugées utiles pour la santé de leurs utilisateurs, soit moins de 7%. A travers toutes ces applications, comment s’y retrouver ? Et qui est responsable en cas d’aggravation de l’état de santé de la personne après avoir suivi les conseils d’une application ?
Guider le patient en élaborant un cadre
La santé est un sujet sensible. Les objets connectés sont sans doute un outil formidable pour alimenter les médecins avec des données beaucoup plus fréquentes sur certaines pathologies chroniques, comme le diabète ou l’hypertension.
Un autre exemple : grâce à une lentille spéciale ajoutée à la caméra d’un smartphone, la société israélienne OCT permet de capturer des images de qualité suffisante pour dépister le cancer de l’utérus à partir d’un échantillon de cellules de peau. Cette technologie est très utile dans certaines zones reculées qui n’ont pas accès aux équipements de dépistage classique coûteux.
Cependant, de l’avis des médecins, l’utilisation de ces objets doit être plus encadrée et se faire dans le contexte d’un suivi médical. A ces conditions, il sera possible de tirer pleinement profit des possibilités offertes par ces objets connectés, dont les patients sont a priori adeptes. Selon un baromètre santé réalisé par la société Odoxa, plus de 80% des médecins interrogés estiment que la santé connectée peut améliorer la qualité des soins. Cependant, seulement 27% des médecins estiment que leurs patients pourraient utiliser ce type d’appareil, en fonction de la complexité supposée d’utilisation. Un des principaux challenges en plus de la protection des données et de la fiabilité des mesures ne serait-il pas de convaincre les médecins eux-mêmes de l’utilité de ces objets et de la capacité de leurs patients à les utiliser correctement ?