Le marché du sport est en plein essor. Pourtant, les initiatives publiques en France sont peu concrètes. La situation est peut-être sur le point de changer à l’initiative du gouvernement et de la mairie de Paris avec l’arrivée du Tremplin, premier incubateur français dédié à l’économie du sport.
L’économie du sport en France, pas une priorité ?
En octobre 2014, les échos constataient que « le sport n’ est pas un sujet prioritaire en France » en matière d’économie malgré les formidables opportunités que le secteur offre en terme de croissance à court, moyen et long terme.
En effet, le secteur du sport surperforme par rapport à l’économie globale avec une croissance moyenne de 4% par an, et pèse plus de 450 milliards d’euros. Même si sa croissance est cyclique, puisque elle dépend des grands événements sportifs, le secteur continue de croitre plus rapidement que les autres, même en temps de crise. Il a, de plus, la particularité d’être soutenu par de nombreuses PME innovantes très attractives pour l’investissement privé. Malgré cela, le secteur public français semblait s’éloigner du sport en termes de financement et d’investissement. La construction de deux stades (Lyon et Paris) pour l’Euro 2016 est par exemple entièrement financée par des fonds privés.
Une situation qui évolue avec l’investissement dans des manifestations sportives
En deux ans, la situation semble avoir évoluée. Le gouvernement et la ville de Paris entendent profiter des opportunités offertes par le secteur en se positionnant de manière significative sur des projets d’organisation de grandes compétitions sportives, donnant un remarquable coup de projecteur au sport français. Ces prises de position contribuent aussi à doper les marchés liés au sport, mais également toute l’économie française. En effet, ces grandes manifestations sont génératrices d’investissements majeurs et multisectoriels : infrastructures, BTP, tourisme, transports, sécurité, environnement, télécommunication, fournitures de services, assurances, restauration, énergie, médias … De très nombreux secteurs profitent ainsi directement ou indirectement de ces manifestations.
Ainsi, ce sont près d’une demi-douzaine d’événements sportifs majeurs qui vont avoir lieu en France dans les années à venir, et sont attendus de pied ferme par tous les professionnels issus des secteurs cités plus haut :
- L’Euro de football à l’été 2016
- Les Championnats du monde de handball, de lutte et de hockey sur glace en 2017
- Le Championnat d’europe de handball féminin, coup d’envoi de la Ryder Cup (golf) en 2018
- La Coupe du monde de football féminin en 2019
- Les Jeux Olympiques d’été de 2024 (candidature)
Ces manifestations représentent souvent l’occasion idéale pour lancer de nouveaux produits, profiter de l’exposition médiatique mondiale pour propulser une campagne marketing, ou tout simplement profiter de l’afflux de spectateurs pour augmenter ses ventes. A titre d’exemple, l’Euro de football masculin 2016 représente plus de 50 matchs répartis dans 10 villes (Paris, Saint-Denis, Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux, Nice, Lens, Saint-Etienne et Toulouse). Celui-ci devrait attirer entre 7 et 8 millions de supporters, et autant de consommateurs potentiels.
L’innovation dans le secteur du sport, le pari de la Mairie de Paris
La mairie de Paris a lancé un premier incubateur dédié aux startups du sport, en partenariat avec des grands acteurs du sport français (INSEP, FDJ, Nike, ARENA Paris Bercy, UCPA, Sporsora et la Fédération Française des Industries Sport et Loisirs). Cet incubateur – le fameux Tremplin – a vu le jour en novembre dernier, et les premières start-ups prendront leurs quartiers à partir de 2016 au sein d’un complexe de 2000m² en plein cœur du célèbre stade Jean-Bouin, l’antre des rugbymans du Stade Français. Le Tremplin est issu d’une volonté conjointe de la ville de Paris et Paris région Lab de créer des emplois mais surtout de faire émerger l’innovation au sein du secteur du sport.
D’après Benjamin Carlier, responsable du tremplin, l’objectif est de « proposer un lieu […] qui sera l’écosystème du sport et de l’innovation », le but final est de « créer du lien entre les start-up et les groupes privés ». À l’image du Welcome City Lab, plateforme d’innovation et lieu de rencontre des professionnels du tourisme créée pour endiguer la baisse du taux de satisfaction chez les touristes visitant Paris, l’incubateur a pour vocation de devenir la Mecque des professionnels du secteur du sport français, européen et qui sait, peut-être mondial.
Cette volonté se retrouve au travers de la large palette de sujets abordés par les 17 startups sélectionnées pour intégrer le Tremplin. Les principaux sujets adressés par ces start-ups couvrent le Big data, les objets connectés, les outils d’amélioration des performances ou encore le matériel sportif innovant. On pourra par exemple y compter :
- E-Cotiz, qui propose une solution de gestion de cotisations en ligne développée pour les associations sportives.
- Wise Pack commercialisera un produit destiné à remplacer les bouteilles d’eau – encombrante – et les gels d’efforts – peu naturels – par des doses hydratantes et énergétiques entièrement naturelles et comestibles.
- Mac-Lloyd intègre le Big Data dans le sport professionnel grâce à des produits innovants marquant une rupture dans la récupération des données vidéos, physiologiques, de mouvement et de position pour les adeptes d’athlétisme.
Il semblerait donc que le secteur du sport commence enfin à être reconnu par les politiques comme ce qu’il est : un secteur stratégique offrant de nombreuses opportunités de croissance pour l’ensemble du tissu économique. Nous vous parlions il y a quelques semaines d’acteurs français du sport, pionniers de l’innovation dans leur domaine (Babolat et sa raquette connectée en est un parfait exemple), prouvant que la France dispose de vrais atouts dans sa manche pour marquer des points sur le marché du sport mondial. Espérons donc que ces différentes initiatives permettent de valoriser ces acteurs, ainsi que les plus jeunes start-ups, et de tirer parti des opportunités économiques de ce secteur porteur afin d’en faire un des moteurs de la reprise pour le pays.