Ouvert aux étudiants depuis novembre 2014, le FabLab(w) de l’ESILV (École Supérieure d’Ingénieurs Léonard de Vinci) teste ses premières idées et créé ses premiers prototypes. Conçu sur le même modèle que les FabLabs des Grandes écoles d’Ingénieurs américaines, le De Vinci FabLab(w) est un lieu de création, d’apprentissage et de partage. C’est avant tout un espace collaboratif qui permet aux étudiants de se familiariser avec les nouveaux outils (imprimantes et scanners 3D, solutions innovantes, …) et de concrétiser leurs idées. Telle est la vocation d’un fablab : être un laboratoire de fabrication ayant pour but de mettre à disposition du plus grand nombre un certain nombre de machines et de logiciels destinés à la réalisation de prototypes.
Afin d’en savoir plus sur le nouveau FabLab(w), nous avons interviewé Pascal Brouaye, Président de l’Association Léonard de Vinci depuis janvier 2013. Il a été nommé Directeur général de l’Association Léonard de Vinci en septembre 2012, après avoir été pendant 14 ans Directeur général du groupe ECE Paris (École Centrale d’Électronique).
Pourquoi avez-vous lancé cette initiative dans votre école ?
Le Pôle Léonard de Vinci regroupe sur le même campus 3 écoles complémentaires, gérées par la même organisation : une école d’ingénieurs (ESILV), une école de management (EMLV) et une école de multimédia et de design (IIM). Il est donc facile et tentant de promouvoir des coopérations pédagogiques transversales. Cette approche est en train de devenir la marque de fabrique du Pôle car elle correspond au mode de fonctionnement des structures les plus innovantes où, technologies, marketing et design sont fortement imbriqués. Concrètement, les élèves reçoivent plus de 20% de leurs enseignements en commun et se retrouvent, de plus en plus souvent ensemble pour mener des projets dont nombre d’entre eux font une part importante aux technologies numériques. C’est dans cet esprit qu’est née l’idée d’un lieu permettant de réaliser des prototypes, des maquettes, ouvert largement aux élèves des 3 écoles.
Quels sont vos objectifs à travers la création de ce FabLab ?
Il s’agit d’inviter les étudiants à aller le plus loin possible dans leurs réalisations et prototypes. Le fameux « demo or die » du MIT a été transformé en « demo and live » mais cela signifie toujours la même chose : sans une réalisation concrète et qui fonctionne, un travail de conception n’est pas terminé ! Les étudiants réagissent très positivement à tout cela car ils ont soif de concret et bien souvent des idées à mettre en œuvre.
Comment est financé le FabLab ? Avez-vous des partenariats, des mécènes ?
Les investissements de départ ont été autofinancés comme cela est le cas pour nos laboratoires pédagogiques mais nous projetons d’inviter les entreprises partenaires qui soumettent des projets à nos étudiants, à contribuer au développement du FabLab au travers d’une chaire dans le domaine des objets connectés. Si certaines entreprises sont d’ores et déjà intéressées, nous sommes ouverts aux propositions.
Sur quels projets les étudiants travaillent-ils en ce moment ? Avez-vous des exemples ?
Le FabLab est une ruche au sein de laquelle sont développés de nombreux projets qui concernent les élèves de toutes années d’étude. Il y a des projets confiés par les enseignants. Par exemple, tous les élèves de 1ère année de l’école d’ingénieurs participent en équipe à la conception et réalisation d’une petite éolienne. La plupart d’entre elles sont réalisées au FabLab sur la base d’outils de modélisation, de conception et d’impression 3D. Un concours de la plus performante en termes de production d’électricité aura lieu en fin d’année académique.
Mais on trouve aussi beaucoup de projets plus individuels, imaginés par des groupes d’élèves et d’enseignants notamment dans le champ des objets connectés qui représentent un domaine d’investigation extraordinaire. On y trouve des projets de bracelets connectés, robots, toupie à élévation magnétique,… On trouve même un projet dénommé « La mariée 3.0 » de robe de mariée connectée qui devrait être portée par une enseignante pour son mariage prochain !
Enfin, certains élèves se sont organisés en association afin de participer à des concours nationaux comme la Coupe de France de Robotique ou l’Eco Shell Marathon. Ils utilisent aussi le FabLab pour réaliser certaines parties de leurs projets qu’ils auraient été obligés de sous-traiter.
Pourquoi avoir choisi de développer un parcours sur l’impression 3D alors que ce n’est pas forcément le cas dans les universités américaines ?
L’impression 3D nous apparaît une technologie majeure parfaitement complémentaire avec les outils logiciels de modélisation et de simulation numérique auxquels les élèves ingénieurs sont formés. Au lieu de s’arrêter à la conception immatérielle, ce qui est toujours un peu frustrant, les imprimantes 3D permettent d’aller jusqu’au résultat concret et de fabriquer des pièces et objets.
Que vont devenir les projets et les prototypes ? Avez-vous une structure d’incubation des projets afin de les développer et les commercialiser ?
Les élèves des 3 écoles peuvent choisir un parcours « entrepreneur » en dernière année et nous espérons bien que certains d’entre eux porterons des projets d’entreprises nés de la réalisation de nouveaux produits imaginés, conçus et prototypés au FabLab. Dans ce cadre, ils auront accès à un incubateur qui existe déjà dans les locaux du Pôle.
Ce FabLab semble être destiné à vos étudiants. Comptez-vous ouvrir votre FabLab à des personnes externes afin de partager les expertises ?
Oui tout à fait, à terme. Mais dans un premier temps nous le réservons à nos étudiants. Nous sommes encore en phase d’apprentissage pour ce qui concerne le fonctionnement, la gestion et l’animation de ce FabLab qui n’a ouvert que depuis septembre dernier.
Le lancement du FabLab(w) au sein du Pôle Léonard de Vinci s’inscrit dans la grande tendance du « Do It Yourself » littéralement « faites le vous-même » en France et dans le monde. À toutes les échelles, des petits espaces de création de quartiers aux démarches d’innovation déployées au sein de grands groupes, on observe une prolifération d’espaces collaboratifs et d’initiatives de co-création.
Le succès des Fablabs, un des moteurs de la relance de l’entrepreneuriat, a séduit les grandes entreprises du monde entier. Désireuses d’être plus agiles et innovantes, les grandes entreprises françaises ont également surfé sur la vague, à l’image de Renault, d’Airbus ou d’Air Liquide. Cependant, il manque encore aujourd’hui l’engagement d’un ou plusieurs grands groupes industriels pour le financement de la fabrication en série, de la distribution et de la communication. Pour le moment, les start-up sont presque les seules à participer aux fablabs, alors que les avantages sont nombreux pour les entreprises : effervescence autour de nouvelles idées, investissement financier en R&D moindre, engagement des collaborateurs pour de nouveaux projets…
Le chemin est encore long mais la multiplication d’espaces de co-création et d’innovation va progressivement enrichir les interactions entre fablabs et entreprises.
Un grand merci à Pascal Brouaye, Président de l’association Léonard de Vinci et Solenn Morgon, Responsable Relations Médias, pour cet échange. Si vous souhaitez plus d’informations sur le FabLab(w) en visitant sa page web, cliquez ici !