Mais de quoi parle-t-on lorsque l’on évoque les zones blanches ? Un nouveau créneau pour les horaires spécifiques de la SNCF ? Du tout. Il s’agit des zones de notre planète, qui ne sont couvertes par aucun réseau. Ni câble, ni fibre, ni antenne GSM, ni 3G, ni aucun autre support pour transporter l’information. Rien. Aujourd’hui, les différentes études estiment qu’il y aurait entre trois et quatre milliards de personnes habitant ces régions. Pour les géants des télécoms, cette masse de personnes représente autant de clients potentiels et pour les pouvoirs publics la couverture de ces zones devient un enjeu politique (en France, un second plan pour résorber ces zones a été lancé en 2008, après celui non abouti de 2003) : la course à l’innovation est donc lancée entre les différents acteurs, regroupés parfois dans des alliances de circonstance.
OneWEB : une nouvelle constellation made in Qualcom et Virgin
Quelle est la typologie de ces zones sans aucune couverture réseau ? Des déserts, des montagnes, des plaines peu habitées … ou bien en pleine mer. Autant d’endroits où les infrastructures sont encore balbutiantes. Dans ces conditions la solution la plus évidente ne viendrait-elle pas du ciel ? C’est en tout cas la conviction de Qualcomm et Virgin qui ont annoncé le dix-neuf janvier leur volonté de mettre sur orbite pas moins de 648 satellites. Leur rôle sera de proposer un accès haut débit à horizon 2020 dans les zones privées d’Internet. Richard BRANSON et Paul JACOBS (les PDG respectivement de Qualcomm et Virgin) ont d’ores et déjà fondé une entreprise en charge de ce projet ambitieux appelée OneWeb. Ces satellites survoleront la terre à près de 1200 kilomètres et le lanceur (la fusée devant placer en orbite les satellites ) de cette constellation doit être annoncé mi 2015: Souyoz d’Arianespace et sont en lice. Un appel d’offre pour la construction des satellites, pour lequel sont consultés Airbus défense, Lockheed Martin, OHB Space System et Thales AleniaSpace a également été émis.
LOON et Space X : les réponses de Google
Google, de son côté, n’est pas en reste et a lancé en 2013 son propre projet de couverture des zones blanches en association avec le CNES. Son nom ? LOON (lunatique en français). Son principe ? Utiliser des ballons stratosphériques pour acheminer les données jusque dans les zones blanches. Des premiers tests ont été réalisés par les équipes Google X, permettant de valider le concept technique. Les ballons utilisés doivent en théorie voler à plus de vingt kilomètres du sol (au-dessus des vols commerciaux) pendant trois mois et seraient alimentés en énergie via des capteurs solaires. A noter que le CNES avait déjà envoyé plus de quatre-cent ballons volants à une altitude moins élevée dans les années 1970. Un pilote est prévu pour 2016, suivi par un déploiement trois/quatre ans plus tard en cas de succès. A noter que contrairement à OneWeb, ce projet n’aura pas qu’une utilisation commerciale, le CNES ayant négocié sa participation contre l’assurance d’utiliser ces ballons pour ses propres expériences (dynamique de la chimie , etc..). L’avantage de cette solution par rapport à OneWeb ? Son coût pour l’utilisateur (1000 fois plus économique selon Google).
En parallèle, Elson Musk, le milliardaire connu pour ses voitures électriques (Tesla) et ses fusées envisage le mise en place d’un projet similaire à celui porté par Oneweb ; l’utilisation des lanceurs de sa société SpaceX afin de mettre en orbite une flotille de 700 micro-satellites low cost. Google lorgne sur ce projet et a investi près d’un milliard dans SpaceX pour le soutenir et entrer en concurrence directe avec OneWeb. Mais pour son créateur cette constellation doit permettre d’aller bien plus loin en préparant le terrain pour des communications avec… la planète Mars.
Et le mouton dans tout ça?
Une autre initiative a fait son apparition en début d’annèe 2015. En effet, près de la ville de Conwy, l’université de Lancaser, et plus précisément le professeur Gordon Blair, a décidé de transformer les moutons en borne WiFi. Comment me direz-vous ? En les équipant de colliers Wifi qui intègrent des capteurs de 900Mhz et 144Mhz. La portée estimée pour chaque hotspot ainsi constitué ? cinq kilomètres. Dans le cadre de cette initiative, le collier permettrait en plus d’étudier le comportement de ces animaux mais également de surveiller les conditions météorologiques pour prévenir les catastrophes naturelles (pollution agricole, inondations,…). Une multitude de possibilités qui a permis au professeur Blair d’obtenir une bourse de 217 000 Euros pour poursuivre ses travaux.
Idée tirée par les cheveux ? Aux premiers abords sans doute, mais souvenez-vous du Tour de France 2014, la majorité des cameramans étaient… des moutons de Yorkshire. De là à les transformer en hotspot Wifi il n’y a qu’un pas.