Un écran fissuré, une batterie à plat, des performances ralenties ; autant de problèmes qui mènent tôt ou tard au remplacement complet d’un smartphone, même si un seul de ces éléments fait défaut. Face à ce constat, un designer néerlandais a eu l’idée d’un « téléphone modulaire » dans lequel chacun des éléments peut être personnalisé, modifié ou remplacé à souhait, et ce sans dépendance technique vis-à-vis des autres composants.
Dave Hakkens a donc présenté son idée au monde, le Phonebloks, fin 2013 comme déjà relayé sur ce blog. La startup Phonebloks était alors déjà en collaboration avec le projet Ara de Google qui travaillait sur ce concept de smartphone par le biais de sa filiale Motorola. Depuis, le projet Ara a parcouru du chemin et la commercialisation du téléphone modulaire de Google est attendue en cette année 2015 !
Le temps où l’on pourra changer son écran de smartphone aussi facilement que sa souris de PC est-il arrivé ? Présentation d’un objet qui pourrait changer le monde du smartphone.
Un smartphone modulaire : ceci est une (autre) révolution
L’objectif d’un téléphone modulaire est d’être personnalisable et transformable selon les envies et besoins de l’utilisateur. Bien que cela soit possible sur un ordinateur de bureau classique depuis de nombreuses années, ceci constitue une véritable révolution dans le monde des smartphones. Pour parvenir à ce tour de force, le projet Ara divise les composants techniques d’un smartphone en deux catégories distinctes : l’endosquelette et les modules.
L’endosquelette, la base du téléphone Ara
Le premier élément, l’endosquelette, est la « base » du téléphone Ara. C’est le seul élément qui n’est pas personnalisable : c’est en effet sur cette base que vont venir s’imbriquer (sur le modèle des légos) les modules désirés par l’utilisateur. Le projet Ara annonce trois tailles pour cette « base » : mini, medium et large (de 3 à 6 pouces).
Les modules, la personnalisation
C’est dans le second groupe d’éléments, les modules, que se trouve la véritable innovation. Chacun apporte des caractéristiques et des fonctionnalités propres. L’utilisateur construit donc son téléphone en intégrant à l’endosquelette les briques dont il a envie, besoin ou tout simplement en remplacement de celles qui ne fonctionnent plus. Tous les éléments d’un téléphone classique sont considérés comme des modules dans un téléphone Ara : processeur, appareil photo, batterie supplémentaire, haut-parleur, module 3G… Pour être vraiment pratiques pour les utilisateurs, les briques seront conçus pour être facilement ajoutés ou retirés de l’endosquelette. Techniquement, ce sont des électro-aimants qui permettront de les maintenir en place et de les imbriquer entre eux. De plus, et à l’exception de deux modules spécifiques (à savoir l’écran et le processeur), ce système permettra d’inter-changer les composants « à chaud », c’est-à-dire sans avoir besoin d’éteindre le téléphone au préalable. Un vrai plus pour l’utilisateur.
Pour être compétitif d’un point de vue design, Google a pour ambition de proposer des téléphones (endosquelette + modules) de moins de 10 mm d’épaisseur ce qui correspond peu ou prou aux standards actuels dans l’industrie des smartphones. Pour pouvoir faire interagir tout ce beau monde, une adaptation de l’OS était nécessaire et une version modifiée d’Android L devrait orchestrer le tout.
Toutes ces annonces sont novatrices à bien des égards. Cependant, les importantes avancées technologiques proposées par le produit trouveront-elles des usages? On peut en effet se poser la question fatidique : est-ce que l’intérêt suscité auprès des utilisateurs sera à la hauteur des défis techniques relevés par Google?
Un téléphone sur mesure
Comme on peut s’en douter, l’un des principaux intérêts d’un téléphone modulaire est de mettre à mal le principe d’obsolescence programmée souvent applicable pour les nouvelles technologies. Le but affiché est en effet de permettre au consommateur de faire évoluer son téléphone en fonction du vieillissement de chacun des modules, pris individuellement. L’impact écologique positif d’un tel produit devrait séduire mais ce point ne devraient cependant pas être le seul à intéresser les utilisateurs.
Vis-à-vis d’un smartphone classique, un téléphone modulaire présente de nombreux avantages, tels que :
- L’état général : un module abîmé (comme un écran fissuré !) peut être remplacé facilement.
- Les performances : suivant son besoin, son budget, l’utilisateur choisira les modules qui nécessitent des performances supérieures.
- Le coût : avec le jeu de la concurrence, on peut envisager tant des modules à bas coût qu’haut de gamme.
- La singularité : chaque téléphone Ara sera unique, selon les modules qui ont été intégrés.
Ce fonctionnement permet d’imaginer des usages nouveaux sur ce type de smartphone. Il serait ainsi intéressant de voir apparaître tout un écosystème de modules aux fonctionnalités complètement innovantes, disponibles seulement pour un téléphone Ara. On parle d’ores et déjà de capteurs de pollution, dispositifs de vision nocturne, capteurs d’activité cardiaque… Toutefois, il est aujourd’hui difficile de se faire une idée de l’envergure d’un tel changement.
La myriade de nouveaux usages induits par un téléphone modulaire restent à découvrir. On peut notamment citer le changement à chaud des modules qui permettrait par exemple :
- L’interversion de capteurs de photographie en fonction de l’environnement extérieur
- L’ajout d’un module « batterie » en cours d’utilisation afin de prolonger le fonctionnement du téléphone
- L’ajout d’interfaces de connexion à d’autres appareils (modules USB, HDMI …)
Un téléphone révolutionnaire et évolutif, des utilisateurs potentiellement séduits par la nouveauté, des caractéristiques techniques permettant de repenser entièrement l’écosystème des smartphones, le projet Ara semble donc annoncer un véritable tournant. Reste-t-il encore des aspects qui pourraient nuire à cette mécanique Google qui semble parfaitement maîtrisée ?