A l’heure des connexions et des interactions ultra-rapides, une jeune entreprise française a fait le pari d’aller à contre-courant de cette tendance en proposant un réseau bas débit avec pour objectif de connecter un nombre de plus en plus grand d’objets intelligents à l’échelle planétaire (18 milliards à l’horizon 2020 pour Sigfox voire 50 milliards en 2020 d’après une étude Cisco). Grâce à cette stratégie de différenciation, Sigfox est rapidement devenu le leader mondial des communications bas-débit pour les réseaux de machines intelligentes (M2M). La start-up toulousaine incarne l’opérateur de demain en connectant efficacement et écologiquement les outils des réseaux d’avenir tout en s’affranchissant de l’infrastructure complexe et couteuse des réseaux téléphoniques classiques. Mais à travers cette démarche ne voit-on pas l’émergence d’une nouvelle façon d’interagir avec notre environnement ?
Pourquoi aller moins vite ?
Jusqu’ici privilégiés, les réseaux mobiles classiques et réseaux internet haut-débit ont été conçus, structurés et pensés pour les utilisateurs de smartphones, de tablettes ou d’ordinateurs. En intégrant les nouveaux usages d’internet, des réseaux sociaux, des contenus interactifs, ils répondent aux besoins des communications mobiles instantanées, standardisées et largement adoptées depuis une dizaine d’années. Toutefois, leur business model, qui repose sur une infrastructure fixe, lourde et couteuse, est incompatible et inadapté à une utilisation sur une large échelle et pour plusieurs milliards d’objets comme cela sera le cas pour les réseaux d’objets intelligents de demain.
Sigfox a donc fait le choix de réduire l’impact technologique de ses transmissions en se positionnant sur une bande de fréquence inférieure à celle des réseaux téléphoniques traditionnels (3G et 4G). Ce choix, permettant des communications sur de plus grandes distances, inscrit la démarche de l’entreprise dans la conception d’un réseau global (large échelle), neuronal (plusieurs millions d’objets connectés) et universel (très forte interopérabilité avec tous les types de systèmes embarqués).
Le réseau Sigfox
Un mode de communication moins rapide mais plus efficace
Bien que les communications s’effectuent à bas-débit, le principe mis en place permet d’établir une communication régulière et fiable. Le dialogue entre et vers les objets ne se fait plus de manière continue mais est proactif (l’utilisateur demande des informations) ou programmé (tous les jours, semaines, après un évènement précis : « If This Then That »). L’efficacité qui en ressort permet d’optimiser le fonctionnement de la flotte d’objets disposant de ressources limitées. Ces protocoles de communications bidirectionnels permettent à l’utilisateur ou aux objets d’envoyer des paramètres ou des commandes aux objets du réseau et éviter les connexions permanentes très couteuses et parfois inutiles. La couverture du réseau est aussi facilitée et rentable puisque couvrir 1000 km² nécessite seulement une à trois antennes (comparé aux 60 antennes pour les technologies mobiles GSM).
Un faible impact écologique
La simplification et l’efficacité apportées par le dispositif de Sigfox se traduisent par un impact énergétique inégalé sur ce secteur. La faible puissance d’émission et le fonctionnement « à la demande » des communications font chuter la consommation d’énergie et augmenter la durée de vie des batteries et des équipements électroniques, pour donner des économies substantielles.
Un positionnement tarifaire avantageux
Sigfox se positionnent sur un marché extrêmement concurrentiel, où la guerre des prix est monnaie courante. Toutefois la simplicité de la solution permet d’obtenir des tarifs avantageux pour les utilisateurs, avec des forfaits de communications autour de 3€ par an et par objet (contre 60€ par an et par objet pour les réseaux cellulaires) . Le prix de l’installation est lui aussi assez faible, avec des premiers modems entre 5 € et 15 €.
La R&D au cœur de la démarche
Un des risques pour l’entreprise est de se faire rapidement concurrencer par les acteurs téléphoniques historiques qui peuvent assez facilement passer outre les barrières à l’entrée de cette technologie et de ce business model. Pour continuer à évoluer, l’innovation semble la piste à explorer pour poursuivre la diminution de l’impact écologique des modems notamment. L’objectif affiché est même de pouvoir enlever les batteries et fonctionner sur les énergies disponibles autour de l’objet équipé pour créer une entité communicante autonome.
Hyper ou hypo connectivité comme nouveau leitmotiv ?
La volonté affichée de se concentrer sur le bas-débit et l’économie de données positionne Sigfox comme un acteur de niche sur le marché des télécommunications français et mondial. Le réel enjeu est de savoir si l’orientation donnée représente une nécessité pour les réseaux intelligents. De par leurs natures diverses, ces réseaux ont besoin d’une polyvalence en termes de rapidité et de volumes de communications. La technologie de Sigfox apporte donc le maillon manquant au panel des technologies de télécommunications et permettra une coopération entre les différents standards de communications (4G, 5G, Li-Fi, Wi-Fi, Wimax etc) pour former un maillage adaptatif et personnalisable de l’environnement connecté.
L’émergence de nouveaux équipements intelligents renforce le besoin de créer et de construire une manière simple et intuitive de communiquer avec l’environnement physique. Comme le montre l’évolution récentes des réseaux mobiles, les dix dernières années ont amenées des idées et des technologies capables d’échanger des informations entre personnes, le défi des dix prochaines années sera de rendre possible le transfert de données depuis le monde physique des objets vers l’internet et le cloud avec un cout énergétique et écologique faible. Sigfox a brillamment décidé d’éclairer la voie. À qui le tour ?