Google s’est lancé dans la collecte d’ADN avec son projet « Baseline Study » qui vise à cartographier le génome type d’un patient en bonne santé. Le but de ce projet est de permettre aux médecins de prédire l’apparition de maladies telles que le cancer et les maladies cardiaques beaucoup plus tôt que ce qui est actuellement possible. Google entend proposer des outils permettant le stockage et le traitement d’informations liées au génome humain et espère promouvoir une médecine centrée sur la prévention plutôt que sur le traitement.
L’ADN : un marché prometteur pour les géants du big data
Google n’en finit pas d’innover sur tous les fronts et est bien déterminé à devenir un acteur incontournable de la santé. Après les lentilles connectées destinées aux personnes diabétiques, la firme souhaite collecter des informations sur l’ADN de milliers de personnes volontaires afin de déterminer le profil type d’un patient en bonne santé. Le projet est piloté par Andrew Conrad, qui s’est notamment illustré par ses recherches sur la transmission du VIH. Depuis peu, Google offre aux scientifiques de stocker sur ses serveurs les données ADN sur lesquelles ils travaillent via sa division Google Genomics. La firme de Mountain View ne compte pas s’arrêter là et développe un système qui permettra aux chercheurs d’explorer et de comparer ces données aussi facilement que s’ils surfaient sur internet selon la revue du Massachusetts Institute of Technology.
Le marché du séquençage ADN est prometteur : la médecine est sur le point de devenir une science de l’information au sein d’un marché évalué à 11 000 milliards de dollars par an en 2017 selon Freedonia Group. Grâce aux technologies de l’information, il sera possible de repérer l’arrivée de maladies plusieurs années à l’avance et de les traiter en conséquence avant l’apparition des symptômes. Pour certaines maladies génétiques, il sera aussi possible de détecter des prédispositions grâce à l’étude des gènes. Les géants du big data possèdent l’infrastructure informatique pour récolter, stocker et traiter de gigantesques quantités de données et n’hésiteront pas à facturer ces services aux médecins et aux chercheurs. Aujourd’hui, le coût de l’hébergement des 100 Go de données relatives à l’enregistrement d’un génome est d’environ 25 dollars par an chez Google. Amazon, IBM ou Sony proposent d’ores et déjà des services spécialisés dans l’analyse de données du séquençage. Les algorithmes risquent-ils de se substituer à la médecine traditionnelle ?
Médecine 2.0 : vers la fin de la médecine traditionnelle ?
La transition est déjà en marche dans le monde médical mais la technologie n’est pas encore prête à remplacer les médecins. Google teste actuellement un service de consultation médicale en ligne qui permet de contacter un médecin via le moteur de recherche et d’initier une consultation personnalisée en visioconférence selon Engadget. Le dispositif est simple : en faisant une recherche liée à un symptôme sur Google, le moteur offre alors la possibilité d’ouvrir une fenêtre de chat vidéo avec un médecin, pour en savoir plus.
On peut également imaginer la possibilité de prélever et d’analyser son sang à domicile, puis de transmettre les résultats à un médecin via internet qui aura immédiatement accès à tous nos antécédents médicaux stockés dans sa base de données. Des ingénieurs ont mis au point une machine portative qui permet d’effectuer les tests sanguins les plus courants à moindre coût. Baptisé Beta-BioLed, cet appareil de poche est basé sur des technologies optiques et sera commercialisé dès 2016.
En octobre dernier, Andrew Conrad, a dévoilé lors du Wall Street Journal Digital Conference un projet de diagnostic des maladies grâce à des nanoparticules. Injectées dans le sang, ces nanoparticules peuvent alors « patrouiller » en continu dans le corps à la recherche de traces de tumeurs ou autres signes de maladies, de manière totalement transparente pour l’utilisateur. La médecine 2.0 se veut personnalisée, préventive, prédictive et collaborative.
Mes données médicales seront-elles en sécurité ?
Ces données médicales seraient faciles à monétiser car beaucoup d’entreprises seront prêtes à payer pour y avoir accès selon Skip Snow du cabinet d’études Forrester. Cela serait notamment le cas des assurances qui pourraient alors réduire leurs risques et donc leurs coûts.
Jusqu’à présent, les génomes étaient stockés par des organismes de recherche publique. Si elles sont enregistrées dans les clouds d’entreprises privées comme Google ou Amazon, à qui appartiennent-elles ? D’autant que ces deux sociétés ne sont pas les seules à s’intéresser à cette question : des start-up comme Tute Genomics, Seven Bridges et NextCode Health, construisent des programmes de navigation qui permettront aux scientifiques d’explorer nos données génétiques. Les projets de Google suscitent des inquiétudes dans les sphères médicales au sujet de la confidentialité des données. Google assure de son côté que toutes les données publiées seront parfaitement anonymes et ne seront pas transmises à des sociétés tierces et heureusement : hors de question de recevoir une publicité pour un nouveau traitement de chimiothérapie parce que vous êtes porteur d’un gène favorisant le cancer.
Il est évident que le big data est un allié de taille pour combattre la maladie et Google l’a bien compris. Exactement comme pour ses services sur internet, Google a initié une stratégie de diversification dans la santé afin de rendre prochainement ses « patients » captifs et son écosystème indispensable pour les autres acteurs économiques. Comme indiqué dans notre article Immortalité : la quête des géants technologiques, Google rêve de parvenir à vaincre toutes les maladies et prolonger la vie humaine… surtout pour ses clients.