Lors d’une conférence à Busan, lundi 20 octobre, le fournisseur d’accès à Internet SK Telecom a dévoilé son nouveau service à 10Go/s, sans en indiquer toutefois la date de commercialisation prévue.
En France, selon Akamai et malgré une progression de 35% sur un an, l’actuel débit moyen est d’environ 7Mo/s, c’est à dire 1400 fois inférieur au service présenté par SK Telecom.
La Corée du Sud est dotée d’une population dense et particulièrement technophile, d’un réseau qui s’est largement développé sans le traditionnel fil de cuivre téléphonique, et d’une volonté de soutenir l’innovation de ses grandes entreprises et conglomérats.
Les conglomérats comme SK Group, la maison-mère de SK Telecom, ou comme Samsung, qui représente à elle seule jusqu’à 25% du PIB national, profitent ainsi d’un marché particulièrement équipé pour tester leurs innovations avant de les présenter au reste du monde.
Très rapide, trop rapide ?
Le débit ne fait pas tout : la latence et son instabilité (le jitter), sont d’importants freins aux services informatiques décentralisés. En pratique, ces débits fulgurants ont également peu d’applications directes. En effet, le matériel existant ne permet pas une écriture sur disque suffisamment rapide pour absorber un tel flot de données, même avec les Solid-State Drives (SSD) les plus performants.
Il faut donc chercher ailleurs les raisons qui ont motivées le dévoilement d’une telle technologie :
- Elle permet aux fournisseurs d’accès à Internet de simuler l’impact de tels débits sur leurs infrastructures. Ils peuvent ainsi installer un matériel qui se maintiendra mieux dans le temps, évitant l’obsolescence qu’apporte habituellement la rupture technologique.
- Elle permet à l’entreprise et à la Corée du Sud d’asseoir leur supériorité technique, non sans fierté. Le porte-parole de l’entreprise l’assure : « Comme nous regardions les Américains de la NASA dans les années 60, les Américains nous regardent aujourd’hui. ».
Une aubaine pour le Cloud et la télé-présence
L’avènement du haut débit filaire a permis à la vidéo de se développer sur Internet, via des plateformes telles que YouTube et Skype. Le très haut débit a ensuite apporté à ces services la haute définition, tandis que la 3G et la 4G traduisaient ces avancées pour le mobile.
Une des avancées les plus attendues dans les années à venir concerne l’externalisation du stockage et de la puissance de calcul. Grâce à un débit renforcé, les entreprises pourront développer de nouvelles offres SaaS qui chambouleront peut-être les habitudes existantes. La possibilité de transmettre des données plus rapidement permettra également d’augmenter le nombre de capteurs dans les outils de télé-présence, pour en renforcer l’immersion. Les transferts vers le cloud pourront s’intensifier, et les ordinateurs seront de plus en plus utilisés comme des interfaces qui afficheront le fruit d’opérations menées par un serveur distant.
Les inégalités de débit : un défi pour l’entreprise
Il n’y a qu’une certitude : la course au débit ne sera pas équitable. Certains pays pourtant riches, tels que l’Australie ou les Etats-Unis, ont soutenu un statu quo réduisant la progression des débits moyens. Dans les pays aux infrastructures moins développées, l’accent est souvent mis sur les réseaux non-filaires, qui permettent une meilleure accessibilité au prix d’un débit réduit.
Les entreprises multinationales devront continuer à composer avec des clients, fournisseurs et partenaires équipés de manière extrêmement inégale, avec de lourdes implications pour les nouveaux modes de communication et de collaboration.