BPCE, second groupe bancaire en France, a annoncé mardi 14 octobre le lancement de sa solution de paiement innovante, qui permet de transférer de l’argent en quelques clics via le site de microblogging. Il s’agit d’une première mondiale dans le domaine des paiements mobiles. Pour utiliser le service, il faut être titulaire d’une carte bancaire et d’un numéro de téléphone français, puis relier son compte Twitter à l’application S-money. Cette filiale 100% BPCE propose des services de paiement et de porte-monnaie électronique sur mobile aux utilisateurs d’Android et iOS et revendique à l’heure actuelle 100 000 utilisateurs. Au vu de l’originalité du service, on peut se demander si les utilisateurs français vont franchir le pas, tout en s’interrogeant sur la logique de ce partenariat pour Twitter. Alors que les mouvements se multiplient sur le marché des paiements mobiles, peut-on s’attendre à d’autres initiatives de la part des concurrents du réseau aux 140 caractères ?
Le groupe BPCE entend développer les nouveaux usages
Le service lancé par S-money doit permettre d’envoyer rapidement de petites sommes d’argent à des proches, des associations ou des services de crowdfunding. Par exemple, pour faire un don de 200 euros à Action Contre la Faim (qui fait partie des premiers partenaires avec le Pot Commun ou Fundovino), il suffira de tweeter : @SmoneyFR #envoyer 200€ @ACF_France. L’envoi du tweet engendre l’ouverture de l’application S-Money, qui demande la validation du paiement à l’utilisateur. Destiné au transfert de petites sommes d’argent, ce mode de paiement plafonne les transactions à 250€ entre particuliers et 500€ pour les organisations caritatives et plateformes de financement participatif. Les transferts d’argent entre particuliers ne sont pas soumis à des frais mais la banque entend prélever une commission d’1 ou 2% sur les transferts destinés aux entreprises et aux associations.
Par ailleurs, les tweets ainsi envoyés sont publics, ce qui pourrait contrarier certains utilisateurs. Aux sceptiques, le directeur général de la branche Banque commerciale et Assurance du Groupe BPCE, Jean-Yves Forel, explique qu’il s’agit d’une « nouvelle façon de communiquer », prenant l’exemple de la valeur sociale d’un don à une association. L’initiative apparaît comme un test pour le groupe BPCE, qui va ainsi pouvoir sonder l’intérêt de ses clients pour ce nouvel usage en matière de moyens de paiement, tout en faisant un pas de plus que ses concurrents. Comme on le verra dans un prochain éclairage, ce type d’initiative n’existait pour l’instant pas en Europe. Le groupe japonais Rakuten était un des rares à proposer depuis août un service similaire, qui utilise Facebook.
Le réseau social se cherche des nouvelles sources de revenus
Jusqu’à présent l’oiseau bleu du web s’était limité à un rôle de mise en relation entre les clients de ses partenaires, dans la logique de sa nature de réseau social. Pratiquement un an après l’introduction en bourse réussie du réseau social en novembre 2013, le contexte de croissance ralentie du nombre d’utilisateurs inquiète les investisseurs. La diversification des sources de revenus au-delà de la publicité est donc devenu un chantier clé pour Twitter. Comme ses concurrents, le réseau social élargit logiquement ses prérogatives en s’intéressant à la gestion des transactions en ligne. En septembre, la plate-forme de microblogging a commencé à tester aux États-Unis un bouton « acheter » (« Twitter Buy ») en association avec une trentaine de marques, artistes et organisations caritatives. Cette expérimentation avec BPCE est une incursion de plus sur le territoire convoité des services de paiement mobiles, même si le réseau social préfère parler d’expérience plutôt que de partenariat. Le groupe bancaire français « a travaillé seul sur l’API publique de Twitter », se félicite Olivier Gonzalez, le patron de Twitter en France, qui salue « l’esprit d’innovation » de la banque.
Les grands du web s’intéressent au secteur bancaire
Le secteur du paiement mobile approche déjà d’une phase de maturité aux Etats-Unis, où les grands acteurs eBay, Amazon, Google, Square ou Paypal multiplient les partenariats ou les rachats de start-up. Apple Pay, le service de paiement mobile et de porte-monnaie électronique de la marque à la pomme est lancé ce mois-ci outre-atlantique et pourrait faire de nouveaux adeptes du paiement mobile parmi les possesseurs de terminaux Apple. Facebook serait-il le prochain acteur à se lancer dans la bataille ? Début octobre, un étudiant de l’université de Stanford, Andrew Aude, avait découvert que l’application Messenger contenait dans son code toutes les composantes nécessaires à l’intégration d’un système d’échange d’argent entre contacts. Une incursion de la firme de Menlo Park sur le marché du paiement mobile est attendue depuis que l’ex-président de Paypal David Marcus a rejoint le groupe en juin 2014, pour piloter les produits Messenger du réseau social. Dans un contexte où les réseaux sociaux concentrent désormais la majeure partie de leurs efforts vers le mobile et cherchent à multiplier les sources de revenus, le prélèvement de frais sur des transactions entre utilisateurs semble être une option de plus en plus crédible. Nous approfondirons le sujet dans un éclairage à venir sur DigitalCorner.