Lancés en 2012, les cours en ligne ouverts à tous, aussi appelés MOOC (Massive Open Online Courses), garantissent un accès gratuit à des cours universitaires à toute personne le souhaitant. Ce pari risqué, fait par plusieurs startups comme Coursera a aujourd’hui conquis plus de 8 millions de personnes. Après plus de deux années d’existence, l’heure est au bilan ! La promesse des MOOC a-t-elle été tenue ? Les cours en lignes sont-ils une réelle innovation sociale et numérique ? L’avenir de l’éducation se déroulera-t-il sur le web ? Comment évaluer le bilan de Coursera ?
Explosion de la demande, frais universitaires prohibitifs… Un terrain propice pour Coursera
Lors du lancement de Coursera en 2012, Andrew Ng, professeur d’informatique et cofondateur de la startup avec Daphne Koller, a déclaré : « nous souhaitons rendre l’enseignement supérieur accessible au plus grand nombre. La demande dans le monde est bien trop grande et notre société est incapable de construire assez d’universités pour y répondre. » Face à une augmentation croissante des frais universitaires, notamment aux USA, l’objectif de Coursera est de proposer une alternative, totalement gratuite, aux personnes voulant suivre des cours à l’université. Dès lors, ces plateformes proposent aujourd’hui de nombreux cours en ligne, disponibles dans différentes langues. Sur Coursera, environ 700 cours sont proposées par des professeurs de 111 universités différentes comme Harvard, Princeton ou encore Stanford. En France, certaines grandes écoles telles que HEC, l’EM LYON ou encore Polytechnique proposent des cours sur la plateforme Coursera.
L’utilisation est très simple. Il suffit de sélectionner un cours et de regarder les vidéos mises en ligne au fur et à mesure des semaines. Après chaque chapitre, il est demandé aux utilisateurs de remplir un questionnaire afin de vérifier leur apprentissage. La durée des cours et le temps de travail demandé est très variable mais en moyenne un cours dure 8 semaines et demande 4 à 6 heures de travail hebdomadaire. Comme à l’université, un grand nombre de thèmes sont proposés ce qui permet de cibler une grande communauté d’étudiants. Selon Andrew Ng, « les MOOC ne se contentent pas de diffuser des vidéos de cours en ligne. Coursera par exemple offre de véritables cours avec des examens, des exercices et des délais pour le rendu de copies. » Récemment, un nouveau système a été mis en place qui permet aux utilisateurs de recevoir un diplôme Coursera lorsque le cours a été complété pour un prix très faible. Avantage pour la start-up : lui permettre de monétiser son business model tout en maintenant sa promesse de gratuité.
Les MOOC : réel challenger du système universitaire ou proposition encore lacunaire ?
Bien que les cours en ligne soient dispensés par des professeurs reconnus venant de certaines des meilleures universités du monde, l’étudiant ne semble pas recevoir la même éducation à l’université que sur internet. En effet, se connecter sur son ordinateur pour suivre plusieurs heures de cours en ligne chaque semaine demande beaucoup de volonté et d’assiduité.
L’université, quant à elle, fournit des services supplémentaires. D’une part, un professeur encadre les étudiants et les incite à travailler. D’autre part, l’université assure une interaction entre étudiants, qui est bien plus limitée avec les cours en ligne. Or, selon Jerome Bruner, psychologue américain reconnu, ces deux points sont essentiels pour permettre aux étudiants de réussir.
Dans une interview donnée, le cofondateur de Coursera Andrew Ng déclare être conscient que les étudiants apprennent mieux lorsqu’ils sont actifs. Il rappelle alors que la plateforme a mis en place des devoirs obligatoires chaque semaine et un outil permettant de discuter avec les autres étudiants du cours. Cette méthode ne semble pas encore porter ses fruits puisque selon une récente étude, uniquement la moitié des inscrits regardent la première vidéo et seulement 4% terminent le cours.
L’objectif de Coursera est-il atteint ?
Rappelons que l’objectif de Coursera est double : à la fois proposer une alternative gratuite, face à un système universitaire coûteux mais également assurer une formation de qualité, valorisée sur le marché du travail. Pourtant, la démocratisation de l’enseignement supérieur semble être un horizon encore lointain. Il est apparu que la plupart des personnes qui se sont inscrites à un cours en ligne ont déjà un diplôme universitaire. Par conséquent, l’augmentation des coûts universitaires chaque année ne semble pas avoir une grande incidence sur le nombre d’inscription.
Les plateformes d’éducation en ligne ont en fait tenté de reproduire gratuitement et via le web exactement ce qui existe à l’université, c’est-à-dire des cours chaque semaine, dispensés par des professeurs et accompagnés de devoirs et d’examens. Par conséquent, les étudiants ne perçoivent pas l’avantage de suivre des cours en ligne plutôt que d’aller à l’université, où le diplôme de fin d’année sera mieux reconnu et privilégié par les recruteurs.
Les MOOC, comme d’autres outils d’apprentissage à distance, seraient donc plus utilisés comme des compléments à un enseignement traditionnel que comme une réelle possibilité de substitution à ce dernier. Si des plateformes comme Coursera n’ont pas eu l’effet escompté et ne sont finalement pas affirmées comme des menaces tangibles pour le système universitaire, elles ont néanmoins considérablement accéléré l’hybridation des modalités d’apprentissage, déjà initiée par l’arrivée de la vidéo. Une hybridation qui fait du numérique un partenaire incontournable pour l’enseignement de demain.
Bonne continuité dans ce travail impeccable.