– « Je n’ai jamais de réseau ici. Et toi ? »
– « Moi, j’ai 5 barres en 3G »
– « Mais tu es chez quel opérateur ? »
Qui n’a jamais souhaité pouvoir changer d’opérateur car il n’avait pas de réseau dans un lieu critique tel que son lieu de travail ou son domicile ? La solution est peut-être proche : l’Apple SIM. Grâce à elle, les entreprises et les particuliers pourraient s’affranchir des problématiques de couverture réseau qui les impactent en ayant la capacité de passer rapidement d’un opérateur à un autre… Avec, en prime, un forfait sans engagement qui s’active en quelques secondes !
Le concept de carte SIM universelle permettrait donc de proposer la meilleure réponse aux besoins des utilisateurs finaux
Apple a discrètement annoncé sur son site Internet le lancement de la carte SIM universelle. Baptisée « Apple SIM », elle est multi-opérateurs et est intégrée dans les terminaux iPad Air 2 et iPad Mini 3. L’objectif de l’Apple SIM est de permettre aux utilisateurs de pouvoir changer facilement et rapidement d’opérateur via une plateforme de souscription sécurisée où l’abonnement pourra être téléchargé.
Ce modèle pourrait donc mettre à mal, à la fois, la relation que les opérateurs entretiennent avec leurs clients en perdant leur statut d’intermédiaire mais aussi certains fabricants de cartes SIM dont le fameux leader français Gemalto.
Apple mise sur le concept de la carte SIM universelle mais reste prudent pour le déploiement
Dès leur commercialisation, les iPad Air 2 et iPad mini 3 vendus aux États-Unis et en Angleterre seront dotés d’une Apple SIM. L’iPhone, produit phare d’Apple, n’est pas concerné pour le moment. Trois opérateurs aux États-Unis : AT & T, Sprint et T-Mobile, et un au Royaume-Uni, EE (Everything Everywhere), sont actuellement concernés.
Pour le moment, il semble que tout le monde puisse y gagner :
– Le consommateur, qui pourrait profiter d’une plus grande flexibilité pour le choix de son opérateur et d’une baisse des prix liée à l’accroissement de la concurrence. Le service sera même disponible lors d’un déplacement à l’étranger (d’autant plus que les derniers iPads supportent à peu près toutes les fréquences exploitées),
– Les opérateurs, qui comptent booster le nombre d’abonnements à des forfaits « data only » encore peu développés,
– Et bien sûr, Apple, qui « détient déjà le numéro de carte bancaire de plus de 800 millions de clients. S’il détient dans le futur leur carte SIM, son pouvoir en sera encore renforcé »
La sortie de cette carte SIM universelle perturbe l’ensemble de l’écosystème actuel du marché des télécommunications, quels sont les impacts à prévoir pour ses acteurs ?
Contrairement à ce que l’on peut imaginer en tant qu’utilisateur, ce ne sont pas nécessairement les opérateurs qui risquent d’être lésés par cette nouvelle solution d’Apple mais les « encarteurs », les constructeurs de cartes SIM. En effet, à terme, Apple souhaite supprimer l’usage de la carte SIM. L’impact serait très fort, notamment pour le leader français « Gemalto » qui a vendu à fin 2013, 6,6 milliards de SIM dans le monde.
Gemalto avait d’ailleurs été approché en 2010 par Apple pour essayer de couper le lien entre les opérateurs et l’utilisateur final en « scellant » la carte SIM dans le terminal. Apple a cependant décidé d’avancer en solitaire car le constructeur ne fait plus partie du projet.
Les opérateurs semblent finalement soutenir cette initiative d’Apple, et John Legere, le truculent patron de T-Mobile USA, que l’on compare à Xavier Niel de Free, s’est félicité de cette nouveauté: « C’est un énorme progrès pour les consommateurs, les plus malins rejoindront le réseau le plus performant« .
Une partie du modèle économique des opérateurs est tout de même en danger avec cette initiative et leur impose un important challenge. Les opérateurs continueront à fournir la capacité réseau mais, en perdant leur rôle d’intermédiaire, n’aurons plus le lien essentiel qui les relie aux clients et à ses données, ainsi que le potentiel financier que représenteront les nouvelles prestations de service.
Dans un premier temps, on imagine des effets mesurés car seul l’iPad et la data sont concernés. De plus, la SIM n’étant pas scellée, elle peut déjà être remplacée à n’importe quel moment par une carte opérateur. Le changement devrait donc s’opérer en douceur.
L’Apple SIM pourrait également bousculer les schémas classiques de distribution des terminaux dans le cas où les opérateurs ne pourraient plus négocier « de contrats d’exclusivité » avec Apple et « SIM locker » les terminaux. Ceci permettrait à Apple de multiplier les points de ventes et de se rapprocher au maximum du consommateur.
Apple frappe fort encore une fois en proposant des services à valeur ajoutée à l’utilisateur mais enfermant encore un peu plus celui-ci dans son univers « Apple Only ». Sachant qu’Apple ne représente que 15% de la vente de smartphone, doit-on s’attendre à une initiative identique des autres constructeurs ?