Yo : l’application « gag » du moment a-t-elle un avenir ?

Le concept est de cette application est simple : elle permet d’envoyer un message unique, « Yo » à des contacts disposant également de l’application sur leur smartphone.

A première vue, cette application  n’a strictement aucun intérêt… Et pourtant, la start-up à l’origine de l’application « gag » très justement lancée un 1er Avril, vient de lever 1,5 Millions de dollars, se valorisant désormais elle-même à près de 10 millions dollars.

Comment une application aussi rudimentaire et en apparence aussi inutile, a-t-elle pu être à l’origine d’une telle valorisation ?  Pourquoi cette application « gadget » fait-elle tant parler d’elle depuis plusieurs mois ?

Peut-être parce que derrière ces deux lettres se cache en fait un réel potentiel, pratique et surtout économique.

La prévalence du contexte sur le contenu

Si la plupart des utilisateurs s’amusent à spammer leurs amis, avant de se lasser de l’application, il y a cependant un second niveau d’utilisation, plus subtil, qui tend à expliquer l’intérêt que suscite Yo dans le monde du mobile et des start-ups.

Est-ce qu’un « Yo » en vaut un autre ? Surement pas : tout dépend de qui l’envoie, et dans quel contexte. Reçu d’un ami en début de soirée, ce « Yo » aura une toute autre signification que celui envoyé par un patron à son employé en retard, ou par une mère de famille inquiète de ne pas voir sa progéniture rentrer à la maison.

Derrière ces deux lettres se cache une infinité de significations, qui varient en fonction du moment, de l’envoyeur et du destinataire. Une telle notification, remise dans son contexte, peut ainsi transmettre autant d’informations qu’un SMS ou un mail.

L’éternelle question de l’adoption utilisateur

3c90e75b-662d-40c0-b3a8-23d6f55ad27f-460x276
Un contact, un clic, un « Yo ».
C’est aussi simple que cela.

Nous avons souvent évoqué l’adoption utilisateur comme étant le facteur clé de succès « ultime » sur le marché des applications. Pour une fois, on peut d’ores et déjà le dire dans le cas de Yo : cette condition est largement remplie !

Depuis Avril, l’application a connu une expansion virale, encouragée par les journalistes, blogueurs et spécialistes dubitatifs qui nourrissent eux-mêmes le succès de Yo par leurs innombrables articles. Ce sont aujourd’hui plus de 2 millions d’utilisateurs qui ont téléchargé l’application, et au moins une centaine de milliers actifs au moment où vous lisez cet article.

Le marché des utilisateurs de Yo est donc déjà formé ou presque, sans investissement réel ni stratégie commerciale réfléchie. On peut donc imaginer qu’avec des fonds, certains investisseurs espèrent étendre et tirer profit de cette communauté.

Au-delà de l’application, une plateforme

0
RedAlert : un exemple d’utilisation concret de Yo

La start-up a eu l’excellente idée de mettre gratuitement à disposition une API pour les développeurs. Environ 2000 projets ont ainsi exploité le système de notification « Yo ».

Un des plus populaires a sans doute été celui crée pour la Coupe du Monde de football : en envoyant un premier « Yo » à son équipe favorite, l’utilisateur en recevait ensuite un en retour à chaque but marqué. Bien moins futile, l’application Israélienne « Red Alert » envoie une notification « Yo » aux intéressés lors d’une alerte de frappe de missile.

Et c’est là que réside tout le potentiel de « Yo » : non pas dans l’application potache, mais en tant que plateforme permettant d’envoyer des notifications basiques mais unifiées et redoutablement efficaces. Dans le monde du mobile actuel, chaque application et chaque OS propose ses notifications propres, se juxtaposant les unes aux autres, sans standard ou norme particulière, et qui nécessitent souvent d’être ouvertes pour en saisir le contenu.

En s’appuyant uniquement sur la contextualisation de la notification, Yo pourrait être utilisé dans une infinité de contextes : en envoyant une notification à une ligne particulière RATP, nous pourrions recevoir une notification à chaque problème sur la ligne. Un colis est délivré en votre absence ? Un autre « Yo » vous est envoyé par La Poste pour vous prévenir. Un billet est posté sur votre blog préféré ? Un « Yo » nous en prévient.

C’est le vrai challenge pour notre application, son baptême du feu pour entrer dans la cour des grands du web : s’affranchir de son statut d’ « application fun » pour devenir un standard, adopté par d’autres services et applications et à terme, réellement générer du cash.

A condition de ne pas se faire doubler avant…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *