Notre Tour de France de l’innovation fait un point d’étape aujourd’hui à Lyon, récent vainqueur de l’étude sur les « smart cities » conduite par m2ocity, une filiale de Veolia et Orange. La ville de Lyon vient effectivement d’être élue ville française la plus intelligente, devançant Lille, Nantes, Issy-les-Moulineaux et Paris. Pour comprendre les raisons d’un tel succès, revenons d’abord sur le marché mondial des villes intelligentes, estimé selon MarketsandMarkets à 1300 milliards de dollars en 2019.
Une ville intelligente, de quoi s’agit-il ?
Comme l’explique Julien Darmon, professeur d’urbanisme à Sciences Po, « une métropole intelligente, c’est, à l’ère de la révolution numérique, une ville qui permet une meilleure maîtrise des informations et circulations urbaines ». Maîtriser l’information est aujourd’hui possible grâce à des capteurs déposés sur différents réseaux (eau, électricité, gaz…), permettant de faire remonter un certain nombre de données, ensuite traitées et analysées par des solutions numériques. Attirés par ce marché en forte expansion, des acteurs comme Schneider Electric, GDF-Suez ou encore Veolia ont développé de nouvelles infrastructures connectées et dédiées aux mondes de l’énergie, de la mobilité et de l’urbanisme. Les acteurs des TIC tels que IBM, Cisco, Orange ou Microsoft proposent quant à eux des logiciels de stockage et d’analyse des données collectées. Le programme « Smarter cities » développé par IBM offre par exemple la possibilité d’avoir un pilotage intégré et centralisé des différents domaines d’activité de la ville allant des transports à l’énergie, en passant par le bâtiment, la santé, l’éducation, la sécurité et protection des citoyens et les services publics.
Lyon, n°1 en France
Dans la lignée de métropoles internationales comme Séoul, Singapour, Seattle ou encore Stockholm, la ville de Lyon peut d’ores et déjà être considérée comme une « smart city », notamment au niveau des réseaux électriques. Le projet Linky, initié par ErDF en 2007 et testé à Lyon en est certainement l’exemple le plus parlant. Ce projet s’articule autour de l’installation de nouveaux compteurs électriques, disposant de technologies AMR (Automated Meter Reading) et capables de faire remonter de manière précise la consommation énergétique de bâtiments, afin de l’ajuster au mieux. Le déploiement massif (7 millions de compteurs nouveaux par an dès 2013) vise à remplacer les 35 millions de compteurs existants en France. Estimé à 4,3 milliards d’euros, soit une moyenne de 120 euros par compteur, le projet Linky a d’abord été testé dans 250 000 foyers lyonnais et dans le département de l’Indre-et-Loire, avant d’être approuvé par le gouvernement Fillon en 2011.
Energie, logement et transports, trois champs d’action prioritaires
Outre Linky, différents projets innovants ont également vu le jour à Lyon : « Greenlys« , « Watt&Moi« , l’expérimentation des « capteurs Grizzly », ou encore « Smart Community« . Ce dernier, issu d’un partenariat entre le Grand Lyon et NEDO (New Energy and industrial technology Development Organization), va permettre de créer un îlot de 3 bâtiments à énergie positive, avec une livraison des bâtiments prévue courant 2015. Ces bâtiments seront dotés de panneaux photovoltaïques en toiture et en façade et de capteurs raccordés au réseau énergétique permettant de régler le chauffage, la ventilation et d’adapter la luminosité au nombre de personnes effectivement présentes. Les consommations d’électricité, de gaz et d’eau seront disponibles sur des tablettes tactiles.
Sans oublier l’éco-rénovation de la Cité Perrache (275 habitations résidentielles) et le déploiement dès 2013 d’une flotte de véhicules électriques en auto-partage. Le projet est très ambitieux et reflète la volonté du Grand Lyon de moderniser l’environnement urbain de la ville. On peut également citer le projet Grand Lyon Smart Data visant à développer une plateforme d’accès aux données numériques du territoire ou encore le projet européen « Opticities », expérimenté à Lyon depuis le 2 décembre 2013. Ce dernier a pour objectif d’améliorer les transports urbains grâce à des systèmes appelés ITS (Intelligent Transport System). D’une durée de 3 ans et disposant d’un budget de 13 millions d’euros, le projet est expérimenté à Lyon autour de 4 axes : la création et l’utilisation de données, la mise en place d’outils d’aide à la décision pour mieux gérer le trafic, la naissance d’un service d’informations aux voyageurs, et la gestion de la logistique urbaine.
Ces différents projets et expérimentations suscitent une réelle attente autour de la « smart city », spécialement dans la capitale des Gaules. Avec ses nombreux projets innovants visant à transformer l’environnement urbain, Lyon se positionne ainsi comme le leader français et entend bien le rester dans les années à venir. Le début est prometteur, on attend avec impatience la suite du mouvement.