La Corée du Sud vient de réaliser un grand pas vers le monde de l’Open Source. En effet le 25 Juin dernier lors d’une conférence à Séoul, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un plan de vivification des logiciels Open Source. En d’autres mots, l’État veut encourager l’utilisation de logiciels libres. L’administration coréenne affiche ainsi pour objectif de se libérer des logiciels propriétaires et en particulier du système d’exploitation Windows. L’État se donne jusqu’à 2020, date de la fin des mises à jour de sécurité de Windows 7, pour se tourner totalement vers les solutions Open Source.
Des logiciels propriétaires bien ancrés dans les habitudes
Ce projet ambitieux est-il réalisable ? Il est judicieux de se poser cette question tant l’utilisation de logiciels propriétaires fait partie de notre quotidien. En effet, Windows de Microsoft pèse plus de 90% des parts de marché des systèmes d’exploitation en 2013. De même, la suite Microsoft Office est largement utilisée en entreprise, et d’après une étude de Forrester, seulement 5% des entreprises utilisent une alternative Open Source à Microsoft Office. Il semble donc bien compliqué de se détourner des produits Microsoft.
Pourquoi se tourner vers l’Open Source ?
L’utilisation d’OS et de logiciels Open Source permettrait tout d’abord de minimiser l’oligopole de Microsoft et d’avoir un meilleur contrôle sur les logiciels utilisés. La diversité des solutions informatiques en entreprise serait ainsi augmentée. Les logiciels à disposition pourraient peut-être être plus ciblés vers les besoins des départements des entreprises.
L’argument des économies potentiellement réalisables se place bien sûr au premier plan, même s’il n’est souvent pas chiffré. Certes, les logiciels propriétaires sont chers, car ils nécessitent l’achat de licences et de mises à jour. L’un des premiers objectifs de la Corée du Sud dans son plan de vivification est ainsi de réduire ses dépenses liées à ses outils informatiques. Pour autant, réduire le coût d’un logiciel au seul achat de licences serait trop simpliste, et Microsoft l’a bien compris.
Microsoft ou la force de l’habitude
Le géant Microsoft est bien au courant du risque pour ses parts de marché que peut représenter l’Open Source. Aussi la firme diffuse-t-elle vidéos et articles afin de démontrer que l’utilisation de ses produits est plus économique que de passer à l’Open Source.
Les principaux arguments sont :
- Les collaborateurs d’entreprises sont habitués aux produits Microsoft et cela coûte plus cher de les former à des nouveaux outils
- Microsoft offre des mises à jour de sécurités de qualité
- Microsoft offre une suite bureautique efficace et conçue pour répondre aux besoins des entreprises
Peut-on vivre sans Windows ?
Est-il donc possible de se passer de Microsoft ? Il n’existe au final pas de réponse tranchée… A titre d’exemple, l’Allemagne s’est lancée sur les sentiers de l’Open Source pour son ministère des affaires étrangères en 2001. En 2011, elle a annoncé faire marche arrière et revenir aux solutions propriétaires, jugées moins contraignantes et, paradoxalement… moins coûteuses ! Mais en Allemagne même, la situation n’est pas homogène : par exemple, la ville de Munich a effectué avec succès le passage sous Linux et les logiciels libres, permettant au secteur administratif de la ville d’économiser environ 12 millions d’euros en 2012.
De son côté, la France a déclaré son soutien pour l’Open Source, en particulier à travers une circulaire signée dès le début du quinquennat de François Hollande, arguant que le logiciel libre doit être considéré à égalité avec les autres solutions. L’implémentation en France s’est déroulée avec succès par exemple dans le ministère de l’économie et des finances. A contrario l’implémentation dans les lycées et du coté du ministère de la défense a été simplement annulée…
Au vu des retours d’expériences contrastés, il semble donc difficile de se passer totalement de Windows, tant les gens sont habitués à leurs logiciels. Néanmoins, la Corée du Sud se lance et effectuera un premier audit en 2018, afin de vérifier si les solutions Open Source ont permis de réaliser des économies effectives. Une décision sera alors prise quant à la suite du plan de vivification.