Immortalité : la quête des géants technologiques

Un premier robot à ressentir des émotions, des voitures autonomes, des drones de plus en plus nombreux… la robotisation s’accélère à vitesse grand V. Parallèlement, on assiste à une autre avancée tout  aussi rapide et encore plus marquante : l’intégration de la technologie au corps humain par exemple avec les lentilles de contact smart de Google. La technologie au service de la santé n’a pas fini de nous surprendre. Que ce soit à travers la création d’exosquelettes ou l’utilisation de nanorobots en médecine, les nouvelles technologies font plus qu’occuper notre environnement : elles s’immiscent en nous. Elles rendent notre quotidien plus agréable, mais permettent aussi de compenser un handicap, nous guérissent … nous « augmentent » ! L’idéologie transhumaniste défend justement l’adage selon lequel l’être humain gagnerait à être « amélioré/augmenté » par la technologie : de meilleures aptitudes physiques, de meilleures capacités intellectuelles, une immunité à la maladie et même à la mort... Le secteur de la santé attire logiquement des géants technologiques comme Google. Ces derniers investissent dans les technologies émergentes NBIC : Nanotechnologie, Biotechnologie, Informatique et sciences Cognitives (dont l’intelligence artificielle) et travaillent dans l’ombre sur deux approches.

Guérir toutes les maladies et ne plus vieillir : le rêve de Google

La déclaration de Larry Page a frappé les esprits : vaincre le cancer ne rallongerait l’espérance de vie moyenne des Hommes que de 3 ans. Ce serait bien, mais pas assez, selon lui. Fort de ce constat, en décembre 2013, Google crée une nouvelle entreprise spécialisée dans les biotechnologies : Calico. Le géant du web en confie la direction à Arthur Levinson, l’actuel chairman d’Apple et de Genentech – un ponte des biotechnologies. A horizon 2035, Calico se fixe comme premier objectif de prolonger la vie humaine de 20 ans (soit autant en 20 ans que sur la première moitié du 20èle siècle). A très long terme, l’entreprise se fixe un cap encore plus incroyable : parvenir à vaincre toutes les maladies du monde et lutter contre le vieillissement – en bref,  « tuer » la mort naturelle.

Fort d’une trésorerie « confortable » de 54 milliards de dollars, le géant du web a les moyens de lancer les projets les plus « fous ». Innover et inventer le futur est ainsi devenu la nouvelle promesse de Google. Rien d’étonnant à ce que de nombreux chercheurs n’aient pas hésité à quitter leur  employeur pour rejoindre le groupe Calico.

L’ingénierie du vivant arrive

Si Calico n’a pas encore communiqué sur le « comment », certains spécialistes prédisent que les pistes envisagées pour parvenir à sTransparent capsule on hologrames fins pourraient être les suivantes : le rajeunissement des cellules souches, l’utilisation de nanotechnologies pour cibler précisément les cellules à traiter (à l’image de cette entreprise française), des traitements génétiques pour manipuler les capacités de guérison et de régénération du corps humains… On parle « d’ingénierie du vivant », d’altérer notre ADN, de la reprogrammer, pour, par exemple, éliminer les gênes responsables du développement de maladies comme la mucoviscidose ou la myopathie, de reconstruire des organes ou des tissus…

Certains chercheurs vont cependant encore plus loin : plutôt que d’améliorer ou de réparer le corps, ne pourrions-nous pas simplement finir par nous en passer ? Quels défis se sont lancés les transhumanistes travaillant sur une autre approche?

Télécharger la conscience dans un avatar

Créer une réplique artificielle du corps humain

Partant d’un constatrobot excellent plutôt simple –  le corps physique de l’Homme est responsable de nombre de ses maux et lui fait souvent défaut – un jeune milliardaire russe Dmitry Itskov porte le projet Initiative 2045. Ce dernier a pour objectif de transférer la conscience d’un homme dans un corps artificiel dès 2045… on n’est pas loin des scénarios hollywoodiens, et pourtant, peut-être pas si improbable que cela…

Aujourd’hui déjà, nous assistons à l’émergence de membres artificiels ou des prothèses bioniques, qui sonnent le glas des prothèses statiques d’antan, qui certes,  permettaient  d’aider les patients dans leur vie quotidienne mais étaient très loin d’un vrai membre. Désormais, on parle de « neuroprothèse » : la prothèse, un exosquelette, est connectée aux nerfs du patient. Les messages envoyés par le cerveau transitent normalement dans les nerfs qui relayent ensuite l’information à la neuroprothèse intelligente. Résultat, après interprétation du signal, la neuroprothèse reproduit le mouvement souhaité.

Parallèlement, les organes internes artificiels font des progrès tout aussi impressionnants avec la mise au point du rein artificiel ou encore du très médiatisé coeur artificiel. L’ère « Steve Austin » est à notre portée.

Cependant, des difficultés persistent comme, par exemple notre capacité à développer une interface (Brain-Computer Interface) en mesure d’interpréter l’intégralité des signaux envoyés par notre cerveau  organique pour animer ce corps robotique.

Créer un cerveau artificiel

En partant du principe qu’un jour notre conscience soit « chargée », le cerveau organique devrait donc laisser sa place à un substitut artificiel dont le fonctionnement serait identique. Plusieurs projets très sérieux ont été initiés dans ce sens. Citons par exemple le projet « Blue Brain » porté par l’école Polytechnique de Lausanne et IBM depuis 2008, pour lequel les chercheurs s’appuient sur des superordinateurs pour adopter une démarche de rétro-ingénierie. Schématiquement, le cerveau est un système comprenant un ensemble de fonctions et sous-fonctions. Par exemple : la vue est une « fonction » du cerveau. Cette fonction peut elle-même se décomposer en sous-fonctions comme « discerner les formes », « discerner les couleurs », « comprendre un mouvement », etc. Chaque sous-fonction est assurée par un regroupement de neurones. Les chercheurs du projet Blue Brain ont donc débuté en 2008 par la reproduction d’une sous-fonction artificielle. Ceci implique de simuler l’activité de milliers de neurones virtuels grâce à des superordinateurs. Les résultats semblent probants puisqu’en 2014 ils se donnent pour objectif de recréer entièrement une fonction du cerveau d’un rat – soit de simuler le fonctionnement de plus de 100 millions de neurones. À horizon 2023, ils ambitionnent de démultiplier la démarche pour l’appliquer à l’intégralité du cerveau humain constitué de près de 100 milliards de neurones. Très, trop ambitieux pensez-vous?

Pourtant deux autres projets d’envergures ont suivi dès 2013 : le BRAIN initiative avec l’appui du gouvernement américain et le projet européen Human Brain Project. Selon ce dernier, on pourrait simuler un cerveau humain dès 2024. Les échéances concordent. Notons que Ray Kurzweil a annoncé pour sa part qu’il sera possible de transférer l’ensemble de la conscience humaine vers un ordinateur d’ici 40 ans.

La réalité va-t-elle rejoindre la fiction?

L’idéologie transhumaniste pousse finalement l’Homme à prendre contrôle de sa propre évolution ce qui ne peut manquer de faire réagir la communauté scientifique. Cette dernière est comme souvent très partagée notamment sur le terme « conscience humaine » et donc la faisabilité d’un transfert de la complexité de la dite conscience dans un ordinateur. La plupart prédisent donc la synergie entre corps humain et technologie plutôt qu’un transfert de « conscience ». Le principe de singularité technologique, c’est-à-dire du moment où les capacités de la technologie (intelligence artificielle notamment) auront dépassés celles de l’Homme, fascine autant qu’il effraie. Imaginez-vous un superordinateur capable d’évoluer seul et qui serait seul à l’origine du progrès…  Mais si Ray Kurzweil est prêt à considérer de la même façon une intelligence artificielle suffisamment évoluée et un être humain, le célèbre entrepreneur et mordu de technologies, Elon Musk, nous met en garde contre la création d’une telle intelligence artificielle non contrôlée. Reste que selon Kurzweil, mais aussi d’autres adhérents à cette idéologie, les premiers hommes qui seront augmentés sont déjà nés…

Reste à savoir quel cadre juridique et éthique on choisira d’appliquer et à quels usages seront réservés les plus futuristes de ces innovations.

 

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