Après avoir tenu la France en haleine pendant des semaines, le feuilleton sur le rachat du géant SFR par le groupe Altice-Numéricable pourrait bien entraîner un nouveau bouleversement dans le paysage français des télécoms puisque des rumeurs insistantes annoncent un futur rapprochement entre Bouygues Télécoms et Free. Les deux opérateurs, qui nourrissaient jusque-là une rivalité exacerbée, auraient enterré la hache de guerre et démarré des négociations en vue d’une fusion aussi inattendue que décisive. Alors fausse rumeur ou nouveau rebondissement?
Retour sur le feuilleton de l’hiver
Tout commence le 13 février lorsque Vivendi décide d’annoncer sa décision d’introduire en bourse sa filiale SFR. Suite à cette annonce, le groupe Altice (qui détient Numéricable) se positionne comme acheteur potentiel en déposant une première offre d’achat le 24 février. Quelques jours plus tard Bouygues Télécoms se joint à la course en proposant à son tour une offre. S’en suit alors un chassé-croisé entre les deux firmes qui tour à tour enchérissent.
Le 14 mars, contre toute attente et alors que Martin Bouygues avait réussi à mobiliser des investisseurs prestigieux autour de son projet, Vivendi lui préfère le groupe mené par Patrick Drahi pour entrer en négociations exclusives. Bouygues ne se déclare pas vaincu pour autant et propose deux nouvelles offres en l’espace de deux semaines sans toutefois réussir à renverser la situation.
Cependant, à défaut d’avoir réussi à remporter la consultation, le 3ème opérateur français aura tout de même contraint Altice-Numéricable à revoir son offre à la hausse ce qui pourrait avoir son lot de conséquences. En effet, la nouvelle entité SFR-Numéricable nécessitera le recours à une dette colossale ce qui pourrait la fragiliser notamment en cas d’un renforcement de Bouygues Télécoms.
Une déconvenue qui fragilise Bouygues…
Considéré comme le principal perdant de l’arrivée de Free Mobile sur le marché il y a deux ans, Bouygues Télécoms risque de se retrouver une nouvelle fois ébranlé par les deux géants que seront Orange et SFR-Numéricable. Seul, l’opérateur pourra-t-il atteindre une taille critique permettant de bénéficier d’économies d’échelles ? A l’opposé, ses concurrents vont sûrement pouvoir profiter de leur rapprochement pour rationaliser leur activité et réduire leurs coûts. Cet état de fait impliquera mécaniquement une baisse de la compétitivité de Bouygues, ce qui pourrait s’avérer fatal dans un environnement ultra concurrentiel. Une autre difficulté réside dans sa quasi absence sur la téléphonie fixe car aujourd’hui la tendance est aux offres quadriplay (internet + fixe + mobile + TV). Leur plébiscite est tel que le marché du mobile seul semble désormais dépassé. Autant dire que Bouygues Télécoms pourrait devoir redéfinir sa stratégie rapidement pour survivre.
…mais qui pourrait profiter à Free
Le grand gagnant de cette recomposition du paysage des télécoms en France pourrait bien être Free.
En disposant d’un réseau fixe performant, la filiale d’Iliad apparaît comme parfaitement complémentaire avec celui qui était jusqu’à présent le troisième opérateur français. En se rapprochant de Bouygues, la firme de Xavier Niel disposerait de l’ensemble de son réseau mobile et pourrait alors s’affranchir de l’accord d’itinérance très couteux qui la lie à Orange.
Même si les deux firmes démentent aujourd’hui, il ne fait aucun doute qu’un rapprochement entre Free et Bouygues aurait du sens, reste à savoir si les deux anciens rivaux réussiront à s’entendre…