Avez-vous déjà entendu parler de Netflix ? Nous vous en parlions sur Telcospinner en octobre 2013. Pour rappel : « Netflix c’est LA référence de la SVOD. Pour seulement 8$ par mois (environ 6€) elle offre un accès en illimité à un catalogue de 100 000 titres ». Alléchant sur le papier, non ? Si ce service existe aux USA, en Grande-Bretagne et en Irlande depuis janvier 2012, dans les pays nordiques (Danemark, Suède, Finlande et Norvège) depuis octobre 2012 et aux Pays-Bas depuis septembre 2013, la France ne dispose pas de ce service, du moins pas encore…
Netflix prépare son arrivée en France….
Voilà des mois que le milieu du multimédia en parle, des mois que les services multimédias, mais aussi les milieux du cinéma et de l’audiovisuel redoutent cet évènement : l’arrivée en France de Netflix. Attendu pour octobre 2014, le débarquement du géant américain se doit de respecter un certain nombre de règlementations, que certains présenteront comme protectrices pour « l’exception culturelle » française. Quelles sont-elles ?
Elles prévoient tout d’abord des obligations de financement, avec des achats de contenus (films ou séries) audiovisuels français ou européens au-delà de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Règlementations que Netflix est prêt à accepter.
Le second volet de ces règlementations inclut des obligations de promotions des œuvres françaises et européennes. Or, Netflix ne semble pas vouloir céder sur cet aspect. En effet, l’entreprise doit une bonne partie de son succès à sa politique de recommandation : le service propose aux utilisateurs des films ou des séries qui pourraient leur plaire en se basant sur l’historique des multimédias visionnés. Netflix entend donc rester maître de sa programmation.
…en passant par le Luxembourg
Le non n’étant que le début d’une négociation, s’en est suivi des tractations entre les autorités politiques françaises et le géant américain. Netflix vient de précipiter la fin de cette phase en abattant un joker. Embarrassant la ministre de la culture et de la communication Aurélie Filippetti, Netflix vient d’annoncer la domiciliation de son entité juridique au Luxembourg, pour ses activités européennes. Les autorités du grand-duché semblent en effet moins attachées à la protection de la culture européenne. Aurelie Filippetti a reconnu une nouvelle fois son impuissance en rappelant que rien ne pouvait contraindre un acteur à s’installer sur le territoire national pour diffuser ses services. Pour rappel, le PDG de Numericable avait déjà refusé de rapatrier ses affaires en France.
Un nouveau bras de fer avec les opérateurs
De son côté, Netflix s’est déjà tourné vers un autre bras de fer, cette fois-ci avec les opérateurs télécoms français. Que ce soit sur le sujet de l’authentification des utilisateurs, de l’intégration du lecteur Netflix dans les box ou encore de l’interconnexion avec leurs services, le géant américain est bien décidé à imposer ses conditions aux acteurs du vieux continent. Netflix aurait même récemment acquis deux datacenters en France. Cela laisse présager qu’il pourrait les utiliser pour servir ses contenus sans passer par les opérateurs et ainsi s’imposer encore plus.
On le voit, Netflix semble à chaque fois trouver des contournements aux contraintes que les acteurs politiques et économiques veulent lui imposer pour encadrer son arrivée en France. Mais, dans une gestion des négociations qui lui est propre, le géant américain essayera certainement d’imposer ses règles du jeu pour se développer. Si ces passes d’armes en coulisses ne devraient pas avoir d’impact sur le ressenti final de l’utilisateur, cette actualité montre qu’il y a des chantiers à mener dans deux domaines bien distincts :
- L’homogénéisation des règlementations sur la protection des œuvres multimédias au sein de l’Europe.
- La mutation nécessaire des opérateurs télécoms français pour s’adapter aux nouveaux acteurs et services, en trouvant des modes de collaboration et d’interconnexion qui conviennent aux différentes parties.
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