Le mois dernier Carrefour lançait 2 modèles de liseuse numérique baptisés Nolim pour No limit. Comment le géant de la distribution entre-t-il sur ce marché? Quelles sont ses armes vis-à-vis d’un concurrent comme Amazon? Le produit semble-t-il en phase avec les attentes utilisateur?
Deux modèles à petit prix pour Noël
L’enseigne française propose deux modèles à la vente, un premier d’entrée de gamme avec écran tactile à 69€, un second plus évolué avec un écran rétroéclairé à 99€. Carrefour opte donc pour une stratégie commerciale simple : le low-cost au service du plus grand nombre pour se rémunérer via la marge sur les contenus. En parallèle le groupe a également développé sa propre bibliothèque numérique en ligne. Design épuré, recherche simplifiée, le site regroupe près de 100 000 références, dont 1500 gratuites, notamment pour les œuvres tombées dans le domaine public ou les ouvrages pour lesquels Carrefour a un partenariat avec l’éditeur. Ce catalogue vient compléter les 13 000 livres traditionnels déjà disponibles en magasin. C’est d’ailleurs la volonté de Carrefour de venir enrichir l’offre standard et non de palier à une baisse des ventes, précisons que le distributeur écoule déjà 11 millions de livres chaque année
Carrefour vs Amazon
Un des principaux freins au développement du livre numérique en France est le manque de connaissance de l’utilisateur potentiel. En rendant accessible physiquement le produit on permet alors une démonstration par un vendeur. Carrefour l’a bien compris et a intégré ses liseuses dans 215 hypermarchés et 15 supermarchés disposant chacun d’un espace librairie de 10 à 20 m2. De cette manière, le distributeur compte atteindre une clientèle plus large, essentiellement féminine puisque les consommatrices représentent près de 70 % de sa clientèle.
Amazon ne dispose pas de points de vente en propre mais s’appuie sur un réseau de partenaires revendeurs. Aujourd’hui le Kindle est proposé chez Darty mais pour combien de temps encore? Aux Etats-Unis Wal-Mart et Target ont déjà retiré le produit de leurs rayons, le second pour concurrence déloyale. En effet Amazon proposait de scanner en magasin via une application mobile des livres pour ensuite les acheter sur Amazon.fr et bénéficier d’une remise de 5$…
La première réaction d’Amazon au lancement des liseuses numériques Carrefour fut donc d’abaisser le prix de son modèle basique, le Kindle 6″, de 79€ à 59€. Cela suffira-t-il? D’un point de vue confort d’utilisation, l’écran non tactile du Kindle et son ergonomie inadaptée ne semple plus pouvoir séduire un consommateur exposé à des offres multiples.
High-tech et low cost sont-ils compatibles ?
Carrefour a su s’allier à un partenaire de qualité, le fabricant français Booken. Malheureusement, à trop vouloir tirer sur les prix, il semble, à la lecture des premiers retours d’utilisateurs, que la qualité soit bien moindre que celle espérée : finitions moyennes, plastique de mauvaise qualité, affichage lent, bugs à répétition… A cela s’ajoute le fait que la Fnac propose des liseuses numériques de la marque canadienne Kobo directement dans ses magasins, avec un prix d’entrée de gamme identique à celui d’Amazon soit 59€, mais bénéficiant en plus un écran tactile et des critiques consommateurs majoritairement positives. La puissance du réseau de distribution Carrefour sera-t-elle la clé de voûte d’un succès commercial?
Attendons donc les fêtes de fin d’année pour déterminer, chiffres à l’appui, si Carrefour réussira à tirer son épingle du jeu.