3,79 milliards € pour la division Devices & Services, une bonne affaire
Microsoft devrait payer 3,79 milliards € pour la division de Nokia qui produit des téléphones Grand Public. Le deal prévoir une enveloppe supplémentaire de 1,65 milliards € pour le rachat d’un portefeuille de brevets de Nokia, brevets qui sont au cœur d’une patent war entre les principaux acteurs mondiaux du mobile (Google, Microsoft, Apple, Samsung).
Si on considère qu’en 2011, Microsoft a payé $8,5 milliards pour s’emparer de Skype, et que la valeur de la division Devices & Services de Nokia était évaluée à $30 milliards il y a 2 ans, 3,79 milliards € semble être une bonne affaire pour Microsoft.
Les raisons du rachat
1. Lâché par ses partenaires, Microsoft n’avait d’autre choix que l’intégration verticale « software + hardware »
Le marché du mobile évolue vers un modèle plus vertical, dans lequel le fournisseur de l’OS contrôle de nombreux aspects de la construction du smartphone.
Même Android, qui s’est pourtant imposé grâce au modèle inverse (une plateforme fragmentée entre des centaines de terminaux de marques différentes) doit produire son smartphone étendard et totalement intégré (acquisition de la division Consumer de Motorola en 2011, puis sortie du MotoX en 2013).
Microsoft a adopté une stratégie similaire avec un partenariat stratégique avec Nokia forgé en 2011. Ce partenariat privilégié avec un seul constructeur a effrayé les autres partenaires de Microsoft, qui n’ont jamais réellement investit ni produit en masse de Windows Phones. Microsoft s’est donc retrouvé contraint de travailler avec un seul et unique partenaire fiable, Nokia.
2. Gagner en rentabilité pour investir plus dans la plateforme
Aujourd’hui, Microsoft gagne en moyenne $10 par smartphone Nokia Lumia vendu, car une part importante des bénéfices est reversée au constructeur.
Avec cette acquisition, Microsoft vise une rentabilité de $40 par smartphone vendu. Ce gain de rentabilité doit permettre d’investir massivement dans la plateforme (marketing, R&D, soutien aux développeurs) pour tripler ses parts de marché d’ici 2018 (de 4% à 15%).
3. Gagner en souplesse opérationnelle pour les deux partenaires
Depuis le partenariat de 2011, l’organisation de Microsoft et Nokia présentait un grand nombre de frictions en termes de management : des équipes similaires aux organisations et modes de travail différents, plusieurs directions pour un même produit (la gamme Lumia), 3 marques à promouvoir et à faire vivre en parallèle (Microsoft, Nokia, Lumia)…
Ainsi, réunir les activités téléphonie des deux entreprises permet de dégager une plus grande flexibilité et devrait permettre une plus grande souplesse opérationnelle.
Pourquoi le succès est loin d’être garanti
1. Microsoft n’a jamais été un bon fabriquant de hardware
Le Zune, le Kin, la tablette surface RT sont autant d’initiatives de Microsoft dans le hardware… et autant d’échecs. Seule la Xbox, produite par Microsoft rencontre un succès public, mais la division a malgré tout perdu $3 milliards en 10 ans !
2. Avec 3,6% de parts de marché, Windows Phone reste très loin derrière Android et Apple
Bien que 3ème plateforme du marché, Windows Phone (3,6%) reste très loin dernière Android (69%) et Apple (16%). La capacité de gagner des parts de marché sur le mobile étant en grande partie dépendante de l’attractivité pour les développeurs, il faudra beaucoup d’énergie à Microsoft pour les convaincre d’investir dans une plateforme représentant moins de 4% de parts de marché.
3. La 3ème plateforme mobile n’est peut-être pas celle qu’on imagine
Microsoft souhaite rester durablement l’alternative à Android et Apple, mais la place de 3ème pourrait lui être ravie par un acteur particulièrement agressif et immensément riche : Amazon.
Depuis plusieurs années, Amazon prépare un smartphone basé sur une version d’Android dépourvue de tout service Google. Cette plateforme a de fortes chances d’être une concurrence terrible pour Microsoft, d’autant qu’Amazon ($61 milliards de CA et tout puissant sur le commerce en ligne) n’a pas pour objectif de gagner de l’argent sur les smartphones, mais uniquement des parts de marché.