Nous nous sommes quittés en juin sur un état des lieux du NFC en France plutôt positif sur l’équipement des particuliers en carte NFC, mais toujours décevant sur l’équipement en mobile NFC. Aujourd’hui, avec la montée en notoriété de la marque Cityzi et des initiatives NFC des opérateurs, notamment Orange, il est naturel de penser que le NFC ne peut fonctionner que grâce à la carte SIM.

Or, le 5 juin 2013, l’Association SD a introduit un nouveau standard permettant d’insérer un élément de sécurité (Secure Element) des transferts NFC dans les cartes SD. C’est de ces nouveaux standards qu’a décidé de profiter La Banque Postale pour expérimenter le paiement mobile sans contact.

Une expérimentation qui donne envie…

L’expérimentation se déroule sur 500 clients et collaborateurs pendant 1 an dans les villes de Bordeaux et Caen. Ces tests ont été lancés début juillet. Ils permettent aux personnes de régler leurs achats chez les commerçants équipés d’un terminal de paiement sans contact, en passant leur mobile à quelques centimètres de ce dernier.

Gemalto est la société créatrice de la carte microSD utilisée pour l’expérimentation, qui contiendra une antenne NFC et le Secure Element permettant de sécuriser les transactions. Et ce sera l’application Visa Paywave qui gérera l’acte de paiement. Elle devra être installée directement sur la carte SD par les testeurs. La présence de Visa, acteur majeur du paiement mondial, permettra en plus de rassurer les testeurs car il est bien connu que les questions de sécurité sont les premières à causer la réticence à utiliser le sans contact.

Le système fonctionnera comme une carte prépayée, et sera rechargeable en ligne depuis le Web ou une application mobile. La recharge ne pourra pas dépasser 1500€. Les paiements seront limités à 300€ en France (1500€ à l’étranger) et à 1500€ sur 30 jours glissants. Les paiements supérieurs à 20€ nécessiteront quant à eux la composition d’un code PIN sur le mobile.

Cette expérimentation donnera à La Banque Postale des verbatims sur plusieurs axes :

• L’appétence des clients pour le sans contact.
• La satisfaction client de l’usage paiement sans contact (utilité du service, facilité d’utilisation, ergonomie de l’application, sécurité, …).
• Les éventuels failles du service à corriger.
• Les points d’amélioration suggérés par les testeurs.

Ces retours seront évidemment très utiles pour la conception et la commercialisation d’une offre de paiement NFC.

Le modèle SDCard-based, un nouveau modèle NFC

Ce système se veut donc simple et intuitif, comme l’explique La Banque Postale dans son communiqué de presse :

« Pour la première fois, La Banque Postale va tester à grande échelle cette technologie qui ne nécessite aucun dispositif externe à adosser au téléphone du type coques, stickers… Le service est simple à mettre en place : le client reçoit sa carte microSD, l’insère dans son téléphone, télécharge une application puis l’active avec un code de sécurité ».

Contrairement au modèle basé sur la carte SIM (modèle SIM-based), ce modèle SDCard-based permet à La Banque Postale d’être totalement indépendant des opérateurs. Le contrôle des applications NFC est donc rendu au fournisseur de service qu’il soit une banque, une société de la grande distribution, une société de transport, ou tout organisme public ou privé. Côté opérateur, ce système leur enlève la mainmise qu’ils avaient sur les usages NFC et du coup sur leurs abonnés. Aucun doute que ce modèle ne leur conviendra pas.

Par ailleurs, en optant pour  la carte SD et non la carte SIM, La Banque Postale souhaite toucher un large public et notamment les foyers modestes qui constituent une grande partie de ses clients. Ces derniers sont rarement dotés de mobiles de dernière génération. Or, le paiement NFC via les cartes SIM ne peut se faire que sur un téléphone équipé nativement d’une puce NFC, soit en général les Smartphones haut de gamme.

Ce qu’on peut attendre du modèle carte SD

Ce modèle paraît donc réunir un grand nombre d’avantages, que ce soit pour les usagers ou pour le développement du sans contact en France.

Cependant, depuis des années, le gouvernement pousse un modèle SIM-based via l’AFSCM (Association Française du Sans Contact Mobile et la marque Cityzi.

En 2011, le gouvernement lançait notamment un appel à projet pour le déploiement des services mobiles sans contact NFC dans le cadre de ses investissements d’avenir.

Ces dernières semaines, Arnaud Montebourg (Ministre du Redressement productif) et Fleur Pellerin (Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Innovation et de l’Économie numérique) ont conçu un « contrat de filière infrastructures numériques ». Un des axes de ce contrat concerne le NFC. Il fixe pour objectif  d’« accélérer le développement du sans contact mobile, en facilitant le passage à une masse critique d’utilisateurs et en promouvant le modèle centré sur la carte SIM, qui assure un niveau de sécurité optimal de ces services ».

 Le modèle SDCard-based aura donc vraisemblablement du mal à s’imposer.