En écho à Leap Motion, aux smartwatch, smartglass… les Apple, Google et consorts préparent-ils déjà en secret des concepts de smartcap ou smarthat ? Et si l’objet intelligent du futur était capable d’interpréter nos pensées via les technologies BCI (Brain-Computer Interfaces) ? Fantasme futuriste ou réalité à portée de casque ?
Les 4 défis des BCI
Les IHM BCI exploitent l’ensemble des signaux émis par un groupe de neurones situés dans une ou plusieurs zones du cortex cérébral via des électrodes. 1er défi, le cerveau et le cortex émettent sans interruption une quantité astronomique de signaux électriques qu’il faut pouvoir capter, mesurer, différencier, interpréter… et auxquels s’ajoutent des éléments dits « parasites » (signaux musculaires et cardiaques par exemple).
2nd défi, en admettant que la technologie soit en mesure de trier et classer les signaux en fonction de leur nature, les signaux biologiques d’un individu varient entre deux instants donnés. En pratique, une première phase de calibrage pourrait permettre à l’utilisateur d’adapter le « casque intelligent » à ses caractéristiques personnelles.
Mais les signaux varient également entre individus. Comment standardiser alors l’interprétation de ces données pour fiabiliser l’utilisation qu’en ferait un objet intelligent? Normer un produit fini utilisant les BCI consiste donc à faire le grand écart : il faudra une technologie suffisamment spécifique pour coller aux caractéristiques cérébrales de chacun, mais également suffisamment standardisée pour une production et une utilisation industrielle – et interpersonnelle.
Le 3e défi est de l’ordre de la puissance matérielle et logicielle. Aujourd’hui les chercheurs et médecins utilisent les BCI en mode asynchrone. Par exemple, les signaux émis par le cerveau sont captés par un EEG (Electroencéphalogramme) puis transférés et analysés par un ordinateur exploitant un logiciel capable de calculs statistiques extrêmement complexes. Quid de la capacité à effectuer ce calcul online et en délivrer le résultat en mode quasi synchrone ?
Enfin, le 4e défi réside dans la capacité des chercheurs à identifier, quantifier et comprendre chaque signal pour en construire une cartographie à la fois général et individuelle. Sans cette carte d’identité cérébrale il est impossible de garantir les résultats obtenus.
Un marché et des usages en construction
Retour vers le futur l’anticipait il y a 25 ans, aujourd’hui les BCI sont commercialisées et accessibles au grand public via des acteurs tels que Emotiv, Neurosky, OCZ Technology…. Des smartapps compatibles avec ces interfaces sont développées et téléchargeables mais les usages restent basiques et impliquent que l’utilisateur imagine ou pense l’action à entreprendre. L’enjeu est de taille pour le domaine médical notamment. Les usages militaires, ludiques (jeux vidéo), sportifs… défient notre imagination. La résolution de l’équation à 4 inconnues posée par les défis des technologies BCI bouleverserait notre rapport aux objets et aux autres. Le casque du futur pourrait disséquer nos émotions et schémas de pensée pour anticiper nos besoins explicites voir implicites.
Adoucir l’éclairage, augmenter la température, adapter la musique et le volume, suggérer un type de films, proposer la livraison d’un plat préféré… Chaque individu échangerait ce type d’information en mode synchrone avec d’autres objets connectés, voire avec d’autres individus.
Dès lors se poseraient des questions éthiques et de sécurité liées à l’accès aux pensées et émotions de chacun par des tiers. Le Cloud ne mettra-t-il pas en danger notre droit à la vie privée ? Comment et qui contrôlera l’accès à ces données ultra-personnelles?
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