3 ans après la sortie de la Google TV, Mountain View relance sa stratégie « living room » avec la présentation de Chromecast, un dongle HDMI à connecter sur les TV. Connecté en wifi avec les autres devices de la maison, Chromecast permet alors de streamer des vidéos ou de la musique sur la TV mais aussi de surfer.
Une utilisation simple voire simpliste
Google a pour une fois fait simple et intuitif. Après avoir branché le périphérique et téléchargé l’application dédiée pour tablette ou smartphone via Google Play ou l’App Store, le plus dur est fait. Il suffira ensuite de cliquer via les sites ou applications compatibles sur le bouton « Cast » pour que la vidéo lue sur le device-parent (tablette, smartphone, PC) soit directement envoyée au téléviseur. Ainsi toutes les TV deviennent compatibles à la catch-up et à la VOD . On note que le device-parent se transforme au passage en télécommande numérique et permet le lancement, la pause (etc.) des contenus diffusés.
Autre fonctionnalité, le service sera synchronisé entre tous les devices connectés de la maison et il sera donc possible par exemple de commencer la lecture d’un contenu sur une tablette, la poursuivre sur la TV pour la terminer sur un smartphone. Cependant, les premiers retours parlent d’une latence non négligeable pendant le transfert de contenu d’un device à l’autre.
What else ?
Si sur le papier le petit périphérique est intéressant, ses fonctionnalités plutôt réduites et son catalogue de services compatibles tout aussi réduit laissent un sentiment mitigé. Ainsi, au-delà des sites et applications maison comme Youtube, seul Netflix (géant américain du streaming vidéo) est actuellement compatible. « Petit » point négatif, ce dernier n’est pas disponible en France. On remarque cependant que Google promet l’arrivée prochaine de Pandora (géant américain de la web radio), également non disponible dans l’hexagone. Il sera aussi possible de naviguer sur des sites non partenaires (comme Hulu ou HBO) et de lancer des vidéos mais ces derniers auront la possibilité de couper l’accès de Chromecast à leurs contenus.
Commercialisation et marchés
Pour l’heure le Chromecast est uniquement commercialisé aux États-Unis pour 35$. Moins d’une heure après la présentation du périphérique, le magasin en ligne de Google était déjà en rupture de stock. On constate donc que les as de la communication ne perdent pas la main à Mountain Vieuw. Si le Groupe ne communique pas sur une commercialisation hors États-Unis, l’annonce a été largement orientée vers le côté « ouvert » de Chromecast. Ainsi, Google a copieusement insisté sur la compatibilité cross-plateformes du produit (à la différence d’Apple) mais on note quand même que Google ne semble pas compter sur Windows Phone ou Blackberry pour développer ses ventes…
Quelle stratégie derrière Chromecast ?
Si Google n’espère pas révolutionner la TV connectée avec son Chromecast, on peut distinguer 3 principaux objectifs :
- Occuper le terrain face à Apple : Les annonces d’Apple sur le segment TV sont très attendues et Google qui ne peut jouer la même carte de communication « wait and see » doit montrer son activité pour exister sur cette brique technologique. On note également que le Chromecast vient en concurrence frontale avec l’Air Play d’Apple, vendu 99$ et qui permet de transmettre des contenus depuis un appareil iOS vers une télévision. Finalement, la compatibilité iOS de Chromecast vient directement attaquer la pomme sur son terrain (sa base client) et développer sa communication sur « l’ouverture » de ses produits.
- Éduquer le marché : Habituer progressivement les utilisateurs à recourir à des services connectés sur leurs TV (périphérique dont la connectivité peine à se développer) et à moindre coût. Google rappelle ainsi que seuls 15% des foyers américains streament des vidéos sur leurs TV. Un marché éduqué représente un marché en croissance et en demande sur des produits plus fins (technologiquement & fonctionnellement) et plus chers dans l’avenir.
- Engranger des ressources publicitaires : si le produit trouve des acquéreurs, Google pourra s’en servir pour développer son offre d’affichages publicitaires (déjà pléthorique avec le web classique).
Si le public attend avec impatience les annonces d’Apple sur la TV (normalement pour 2014), c’est bien Google qui place ses pions en alimentant le marché avec quelques petites (non-)innovations. Si Chromecast devrait facilement trouver sa place aux US, le marché français, en l’état actuel des choses, devrait quant à lui peiner à adopter ce produit et la date de commercialisation manquante n’est pas pour nous contredire. Seule la signature d’accord avec des fournisseurs de contenus accessibles dans l’hexagone pourrait apporter le levier nécessaire à son adoption.
En outre, le marché de la TV connectée semble toujours chercher sa voie pour pénétrer la maison mais la multiplication des écosystèmes TV (Box FAI, Smart TV, devices connectés externes) et des initiatives individuelles laissent le public sans réelle conviction sur le sujet.
Au-delà du simple aspect « service », la frontière entre Internet et télévision devient de plus en plus mince et une montagne d’aspects réglementaires se profile.