La guerre hier latente entre Free et Google est de plus en plus visible… si ce n’est officielle. Elle se cristallise aujourd’hui autour des difficultés que rencontrent les abonnés Free pour accéder et profiter des vidéos Youtube (débit trop faible), avec comme corollaire « l’Adgate », le blocage des publicités par Free.
Tout se résume en fait à la question : qui doit payer pour l’acheminement des données jusqu’au client, le fournisseur du contenu (ici Google) ou celui des tuyaux (ici Free) ? Dans le cas de Youtube, les vidéos consommés par l’internaute impliquent de fournir un débit suffisant depuis les serveurs de Google jusqu’au client. Or cette bande passante supplémentaire a un coût et aucun des 2 acteurs ne veut le prendre en charge.
La première conséquence concrète concerne le client Free, pour qui regarder une vidéo Youtube devient une gageure. D’ailleurs, un simple VPN suffit à débloquer la situation, ce qui montre bien que c’est au niveau de Free que cela coince. Voici comment Xavier Niel défend sa position :
« YouTube et Google estiment qu’ils ont un tel pouvoir d’attractivité qu’ils vont pouvoir utiliser nos réseaux sans rémunérer l’excès de trafic qu’ils générèrent. Ce qui n’est pas la règle dans le monde de l’Internet… On a décidé de ne pas se laisser faire. Si on ne fait pas ça aujourd’hui, les abonnements vont grimper de 5 à 15 euros par mois, juste pour payer le surplus de la bande passante de Google. Mieux vaut une petite crise des débits maintenant que des prix élevés demain. Chaque jour, j’espère qu’on aura la solution. En attendant, on ne bride l’accès à personne, mais on arrête l’escalade : on a un tuyau d’une certaine taille pour le trafic de Google et on n’en rajoute pas. «C’est dans ce contexte que l’UFC Que Choisir avait saisi en septembre dernier l’ARCEP et la DGCCRF pour débloquer ce sujet. Plus de 6 mois plus tard, rien ne bouge et l’association s’impatiente, comme la plupart des clients de Free.
L’autre conséquence, cette fois indirecte, avait vu le jour en début d’année lors d’un 1er essai par Free : bloquer la publicité pour faire pression sur le géant américain. On pourrait résumer la stratégie de Free à : s’attaquer là où ça fait mal, c’est-à-dire au portefeuille. Dans un interview donné au FT début mai, le trublion explique que ce galop d’essai est amené à se reproduire autant que nécessaire, voire à se généraliser. « Nous continuerons. Nous bloquerons les publicités de temps en temps, et un jour, nous les bloquerons pour de bon », explique X. Niel.
La conséquence est relative pour Google (les abonnées Free français sont un faible pourcentage de sa masse de clients potentiels) mais le déficit d’image et la possibilité que cette technique fasse boule de neige ne sont pas pris à la légère. Pourtant, les vrais perdants sont plutôt à chercher du côté des bénéficiaires de l’offre publicitaire de Google : tous les sites dont le business model est basé, au moins en partie, sur la publicité, dépend de Google pour (sur)vivre. La presse serait la première touchée, mais aussi tous les sites et blogs plus ou moins indépendants.
Cette mesure controversée pourrait ainsi s’avérer contre productive, avec un Google toujours intraitable et des sites victimes collatéraux d’une guerre qui ne les concernent pas. Mais Free a toujours été assimilable au cow-boy, ce qui semble lui avoir réussi jusque là. Il sera donc intéressant de voir comment le bras de fer évolue dans les mois qui viennent.
PS : pendant que les 2 acteurs se battent pour savoir qui paie quoi, Free continue de bien se porter et dépasse maintenant les 10 milliards de capitalisation boursière.
Je suis pour que Google gagne cette guerre contre Free et que les publicités continuent d’exister sur Youtube et sur les autres sites: en effet, la pub c’est ce qui finance les sites et qui permet qu’ils restent gratuits. En la bloquant, ce serait prendre le risque de voir se multiplier les sites payants. Alors, si pour voir toutes les vidéos que je veux gratuitement, je dois admettre quelques annonces publicitaires, je n’y vois pas d’inconvénients. Xavier Niel, le responsable de Free, est une personne malhonnête et n’est intéressé que par l’argent : son seul but est de faire plier Google pour récolter encore plus d’oseille. Il n’en a rien à faire du confort des utilisateurs !