Chrome OS et Android vont-ils fusionner ?

Après avoir vendu Danger Inc. à Microsoft (la société qui a inventé le T-Mobile Sidekick), et Android à Google, Andy Rubin est parvenu, en tant que VP Mobile de Google, à hisser Android à la première place des OS mobiles: 60 constructeurs partenaires, plus de 750 millions de smartphones vendus activés dans le monde et 25 milliards d’apps téléchargées.

Cet indéniable succès n’a pas empêché Larry Page d’annoncer qu’Andy Rubin quittait ses fonctions, pour être remplacé par Sundar Pichai qui dirige déjà, et continuera à diriger les activités « Chrome & Apps » de Google. Cette décision a naturellement soulevé la question d’une fusion entre les deux OS de Google : Chrome et Android.

Chrome et Android : deux OS complémentaires pour Google

Chrome et Android s’adressent tous deux à des terminaux mobiles et tactiles : laptops pour Chrome OS, smartphones et tablettes pour Android. Or, les frontières s’estompent entre ces terminaux mobiles : les smartphones gagnent en taille d’écran, s’apparentant à de petites tablettes, les laptops deviennent de plus en plus portables et se transforment eux-aussi en tablettes.

Des usages différents

Malgré la convergence des form factors, ces deux OS témoignent des différences fondamentales d’usages entre un ordinateur et un smartphone. L’un est utilisé pour la communication et le divertissement en pure mobilité, l’autre plus adapté aux situations de travail en mobilité. Les contraintes matérielles différentes également, l’un étant plébiscité pour son extrême légèreté et sa proximité du corps, l’autre pour son clavier, sa puissance et son écran plus confortable.

Du fait de ces différences fondamentales, il est difficile aujourd’hui de créer un même OS qui couvre l’intégralité du spectre des usages. Les difficultés qu’a Windows à fusionner Windows 8 et Windows Mobile en témoignent. Apple, lui ne semble pas prêt à franchir le pas de la fusion de Mac OS et iOS.

Des technologies différentes

Les différences entre les deux OS sont également technologiques : la philosophie de Chrome OS est fondée sur les applications Web (Web apps), alors qu’Android fait fonctionner des applications natives. Or, les Web Apps ne sont pas arrivées à maturité. Si Google ne propose pas de tablettes Chrome OS, c’est parce que ses web apps ne sont pas assez puissantes face aux OS mobiles concurrents. Le langage de programmation Web n’est tout simplement pas suffisamment avancé, ce qui freine le développement de Chrome OS et sa portabilité sur d’autres terminaux que les laptops.

 

…qui ne convergeront pas à court terme

Ainsi, ces deux OS n’adressent pas les mêmes marchés, et s’appuient sur des paradigmes technologiques différents.

C’est la raison pour laquelle, malgré cette nomination, Google choisira probablement de faire cohabiter ces deux systèmes, en attendant que la technologie Web gagne en maturité, et que les usages convergent entre smartphones/tablettes et laptops. En parallèle, afin de rendre plus cohérent l’écosystème du groupe, Google cherchera très certainement à créer des passerelles techniques et ergonomiques entre ses deux OS, comme Apple tend à la faire entre iOS et MacOS (Notification Center, iMessages…)

Android Chrome

Plus que le signe d’une fusion entre Android et Chrome, la nomination de Sundar Pichai témoigne surtout de la volonté de Google de :

Rationaliser sa culture d’entreprise, historiquement fondée sur la coexistence de d’équipes indépendantes travaillant comme des start-ups au sein du Groupe (Marissa Mayer en a payé les frais).

Rationaliser sa ligne de produits, en abandonnant de nombreux projets pour se concentrer sur les produits phares (iGoogle, Google Video, Wave et récemment Google Reader ont ainsi été abandonnés).

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