La puissance grandissante des smartphones et des App Stores ainsi que le déploiement d’un réseau toujours plus rapide et fiable ont conduit les consommateurs à utiliser leurs applications n’importe quand et n’importe où. Il reste cependant un lieu restreint dans lequel la sécurité vient à l’encontre de leur usage: le véhicule. En effet de nos jours, surfer ou conduire, il faut choisir !
Pour combler cette lacune, les constructeurs automobiles commencent depuis peu à proposer diverses solutions connectées (ou « télématiques« ). De plus, certains constructeurs comme Ford ont décidé de s’inspirer du monde du mobile en ouvrant leur écosystème d’applications aux développeurs.
Cet article propose de faire le point sur les différentes technologiques, actuelles comme naissantes, dans le domaine de la télématique et des applications connectées.
Applications natives embarquées
Afin que le conducteur accède à ses applications connectées à bord de son véhicule, la première solution envisagée par les constructeurs automobiles fut d’embarquer un panel d’applications natives dans l’équipement électronique de leurs modèles. Reliées à une carte SIM, ces applications peuvent alors être connectées et mises à jour. C’est par exemple le choix réalisé par Renault pour l’écran tactile R-LINK proposé sur la nouvelle Clio.
Ce système propose des applications basées sur Android et adaptées à la version R-LINK telles que l’info trafic en temps réel ou encore les prix dans les stations-service, reliées au réseau via unecarte SIM soudée au niveau du processeur :
D’autres constructeurs comme Peugeot ont choisi une alternative : apporter la connexion via une clé 3G nommée « Peugeot Connect » branchée sur port USB du véhicule. Cette clé vient par exemple ajouter (pour le moment) une dizaines d’applications connectées supplémentaires à l’écran tactile de la nouvelle Peugeot 208 .
Les Auto AppStores
A l’instar des Smartphones ou des tablettes, les systèmes automobiles embarqués doivent être enrichis par un magasin d’applications. Renault par exemple proposera d’ici peu un magasin d’applications, le R-Link Store, où devraient cohabiter offres payantes et gratuites, connectées ou non.
Même si le système R-Link de Renault repose sur un système d’exploitation Android, les applications proposées sur Google Play ne seront pas compatibles et seules certaines sociétés sous contrat avec Renault se verront offrir une plateforme de développement compatible afin de créer de nouvelles applications.
Quand la communauté s’en mêle…
Avec 800.000 applications chacun , le Play Store de Google et l’AppStore d’Apple prouvent l’engouement des communautés de développeurs pour le développement d’applications. Le monde des auto-apps connectées marchant dans les pas de celui du mobile, on peut leur prédire un succès certain.
Le 7 janvier dernier, l’occasion du Consumer Electronics Show 2013 (CES Las Vegas), Ford a présenté son programme de développement ouvert, le Ford Developer Program, destiné à permettre aux développeurs d’applications mobiles de concevoir des applications pour les modèles du groupe. En souscrivant à ce programme de développement (pour l’instant) gratuit, les développeurs ont accès à un SDK (Software Development Kit) destiné au développement d’applications pour iOS et Android, et exploitant les API des services Ford Sync (lien USB/Bluetooth) et Sync AppLink (commande des applications du téléphone grâce à la reconnaissance vocale du véhicule).
Ainsi, les développeurs pourront mettre à profit dans leurs applications des paramètres fournis par le constructeur, tels que le moteur de reconnaissance vocale embarqué, l’affichage des informations sur l’écran tactile ou l’écran de la radio, l’exploitation du moteur text-to-speech de SYNC, la commande et le contrôle des applications via les boutons de la façade, ou encore la réception et l’exploitation des données véhicule (vitesse, géolocalisation, consommation). Il est cependant important d’avoir à l’esprit que les développeurs ne sont pas totalement libres dans la conception de leurs applications, et ceci pour deux raisons :
- D’une part, l’outil proposé par Ford doit être perçu comme une forme de template personnalisable, un peu dans l’esprit Google Sites, où des zones graphiques et des actions possible sont plus ou moins prédéfinies. De ce fait Ford garde la main sur une part importante de l’expérience utilisateur de ses applications.
- D’autre part, la limitation de la distraction au volant étant un élément primordial pour la sécurité de la conduite, les applications proposées par les développeurs passeront au préalable dans les mains d’une équipe interne de validation avant d’être mise en ligne dans le Store. Par exemple les jeux vidéo seront a priori interdits.
Comme l’a annoncé Hau Thai-Tang, vice-président de l’ingénierie développement chez Ford Global Product, « Ouvrir la voiture aux développeurs trace la voie aux utilisateurs et leur permet d’avoir la main sur la création d’applications, ce qui peut aider [nos] produits à demeurer pertinents, à jour et précieux aux yeux [des] clients ».
Lors du CES 2013, d’autres constructeurs, tels que General Motors, ont également fait part de leur engouement pour la participation de la communauté publique dans le développement d’applications automobile. L’organisation de hackathons par GM prouve que la machine est déjà en marche et que les Auto AppStores ont de beaux jours devant eux.
Une alternative aux applications embarquées : MirrorLink
Face au monde des applications embarquées, une autre technologie est en train de naître des mains du Car Connectivity Consortium (CCC) : MirrorLink.
Le CCC regroupe les plus importants constructeurs automobiles et sociétés internationales des secteurs des communications mobiles et de l’électronique grand public. Son rôle est de mettre au point une norme baptisée MirrorLink (anciennement connue sous le nom du « Terminal Mode ») qui permet de répliquer l’écran du Smartphone ou de la tablette sur l’écran du véhicule.
Il suffit au conducteur de relier par câble son appareil à son véhicule afin de jouir de cette technologie.
Plusieurs standards sont utilisés dans l’élaboration de MirrorLink :
- Internet Protocol : compatibilité avec une large gamme d’appareils.
- Bluetooth, Wi-Fi et USB : connexion véhicule/téléphone.
- Universal Plug and Play (UPnP) : contrôle de l’accès aux applications.
- Virtual Network Computing (VNC) : réplication de l’écran du téléphone sur l’écran de navigation et communication des entrées de l’utilisateur vers le téléphone.
(à partir de 1:00)
Le principal avantage de MirrorLink par rapport aux applications embarquées est le gain de temps de développement (fonctionnel et graphique). De plus le client retrouve parfaitement son environnement mobile dans son véhicule, et la charge CPU est principalement concentrée sur le téléphone.
Enfin, tout comme les applications embarquées, MirrorLink filtre certains accès durant la conduite afin d’assurer la sécurité du conducteur. Les nouvelles applications seront certifiées par un organisme indépendant qui s’assurera de la conformité de celles-ci par rapport aux normes internationales.
Depuis peu ce sont maintenant des véhicules de moyenne gamme et non plus exclusivement haut de gamme qui se voient équipés de dispositifs de télématique avancée, à des prix de plus en plus accessibles (Peugeot 208, Toyota Yaris, Renault Clio…). Après les Smartphones et les tablettes, c’est donc au tour des véhicules d’entrer dans le monde du tout connecté.
En ce début d’année 2013, le marché des applications automobiles est loin d’être vierge et est déjà réparti entre différentes technologies, plus ou moins abouties. Chaque constructeur doit maintenant tirer son épingle du jeu pour positionner son offre sur une solution accessible par tous, intuitive et évolutive. A l’instar des Smartphones et des tablettes, les systèmes natifs fermés commencent à céder leur place à des écosystèmes plus ouverts (Renault, Ford), ou des solutions innovantes telles MirrorLink qui devraient voir le jour au cours de l’année.
Enfin, si ces technologies embarquées feront le bonheur des conducteurs, les constructeurs doivent encore se positionner sur plusieurs problématiques, en particulier la sécurité et le modèle économique associé à ces applications connectées.
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